Lauryn Hill

Crédits photo : Bestimage
Innocemment peut-être, on avait pensé que les échos désastreux de la performance de Lauryn Hill chez nos voisins belges dimanche soir auraient poussé l'artiste américaine à revoir sa copie pour sa venue à Paris hier soir, ou du moins à consentir quelques efforts pour célébrer dignement les 20 ans de son album culte "The Miseducation of Lauryn Hill", sur lequel est basé cette tournée. Douce erreur. Les nerfs du public massé dans l'enceinte de l'AccorHotel Arena ont été mis a rude épreuve durant les 2h40 de retard que l'ex-chanteuse des Fugees leur a infligées. Un interminable supplice dont l'humoriste Fary a fait les frais : envoyé au casse-pipe pour contenter la foule furieuse après deux bonnes heures d'attente ponctuées par un DJ set inaudible, le comédien est reparti sous les huées au bout de dix minutes à peine, dépité. Ce n'est qu'à 22h38 montre en main que "Miss" Lauryn Hill a daigné faire honneur de sa présence sur scène. Certes, on connaissait sa réputation sulfureuse ; mais la pilule n'en fut pas moins difficile à avaler. Emmitouflée dans un manteau de fourrure, la tête recouverte de breloques et d'un chapeau noir, la diva ne présentera aucune excuse pour ce délai et se contentera d'un « Ça va ? » en français accueilli par une horde de sifflements, lesquels accompagneront une bonne partie du show.

"On a dépassé le temps"

Pendant quelques minutes, on y a cru. Statique derrière son micro mais tout en attitude, Lauryn Hill a entamé "Lost Ones" avec vivacité, accompagnée de six musiciens, trois choristes et un MC. En l'écoutant débiter les textes pugnaces de "Everything is Everything" et "Final Hour", on s'est presque dit que sa voix suave et sa verve n'avaient rien perdu de leur superbe. Mais la magie n'a opéré que par fulgurance. Noyés sous les réarrangements, les morceaux étaient parfois difficilement reconnaissables, en partie parce que la chanteuse n'est pas restée impliquée très longtemps, enchaînant vocalises et ad-libs sans respecter le débit de ses propres compositions. L'emblématique "To Zion", qui aurait pu être un pur moment de ferveur avec le public, a pour ainsi dire été saccagé. Durant son temps de scène, Lauryn Hill n'a d'ailleurs eu de cesse de pester contre les techniciens et de paraître irritée pour des problèmes de son. Un cirque qui revient fréquemment dans les articles consacrés à ses concerts. « Venir sur scène est un combat de tous les jours » a affirmé la star durant un interlude. Mais le public se doutait-il qu'il venait pour une bataille perdue d'avance ? En prêchant « l'intégrité et l'authenticité », Lauryn Hill a surtout oublié que le contrat tacite qui existe entre un artiste et son public passe avant tout par le respect.

Au bout de 50 minutes à peine, les lumières se sont rallumées en pleine interprétation de "Doo Wop (That Thing)". Consterné, le public a alors compris que le concert était interrompu en raison du retard trop important pris par Lauryn Hill. « Ils ne veulent pas me laisser faire une autre chanson, parce qu'on a dépassé le temps » a platement prétexté la chanteuse, rejetant la faute sur la salle, avant de voir son micro coupé. Cris de protestation, sifflements, nouvelle salve de huées : la foule fulmine mais rien n'y fait, l'heure de quitter les lieux a sonné. La fin abrupte d'une soirée cauchemardesque, uniquement imputable au comportement capricieux de l'artiste. 60€ la place en fosse, 2h40 de retard, 50 minutes de concert bâclé pour 9 chansons : les spectateurs fébriles qui se rendront ce soir à l'AccorHotels Arena pour la deuxième date programmée sauront à quoi s'en tenir.

#LaurynHill copieusement huée après la fin impromptue de son concert à l'AccorHotels Arena, après 2h30 de retard et seulement 50min de show. https://t.co/aMZ2dIX7hE pic.twitter.com/UppK7EbmmW

— Pure Charts.fr (@purecharts) November 20, 2018