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La Fouine en interview

À mille lieux d’une récente polémique, c’est un artiste humble et sensible que nous avons rencontré. La Fouine est en tournée : il nous reçoit à l’occasion de son concert à la Rockhal (Luxembourg). Loin d’être formaté dans ses réponses, La Fouine laisse aussi la place à Laouni et c’est probablement là qu’il montre celui qu’il est réellement. Attentif et disponible, il nous parle de son album, de son parcours et de sa passion pour la musique. Même s’il a dérapé quelques jours après cette interview, La Fouine garde une plume, un flow imparables et reste l’un des meilleurs rappeurs français.


Bonjour La Fouine. Tu es de retour avec un double-album intitulé "La Fouine vs Laouni". Était-ce un pari risqué ? (Nikolas Lenoir, journaliste)
Oui et en plus, je n’aime pas les double-albums à la base. Je trouve cela trop long et je ne me voyais pas en faire un dans ma carrière. J’étais en studio, je travaillais beaucoup de chansons et il y en avait assez hardcores et d’autres plus cools. Cela m’a donné envie de faire deux CD’s et de relever le défi. Au final, je suis content du résultat et de l’accueil du public.

Tes albums cartonnent et celui-ci ne déroge pas à la règle. Comment vis-tu le succès ?
J'ai vraiment connu la galère.
Je suis content de faire des concerts, des albums et d’avoir un public. Je prends tout ce qui m’arrive en oubliant jamais que je viens de loin. J’ai vraiment connu la galère. Ce soir, je suis à la Rockhal, je fais la salle de 1.000 personnes et la prochaine fois, j’espère faire celle de 5.000. Je n’aurais pas envie de la faire maintenant car je veux faire les choses petit à petit. C’est comme ça que je vois ma carrière.

De Zaho à Rohff, ce disque est riche en collaborations. Comment les-as-tu choisies ?
Je ne les ai pas choisies car je ne fais jamais un morceau en me disant que je vais le chanter avec untel ou untel. J’étais en studio, j’ai proposé à Zaho de passer me voir et je travaillais sur le titre "Elle venait du ciel". Elle a aimé et je lui ai proposé de poser dessus, tout simplement. C’était pareil avec Rohff. Je ne fais jamais un featuring comme ça, sans connaître l’artiste.

Découvrez le duo La Fouine / Zaho sur "Elle venait du ciel" :


Le premier CD "Fouiny Babe" présente un rap assez hardcore et plein de second degré. Comment as-tu écrire ces textes-là ?
J’ai pu écrire le même jour "Populaire" et "Veni Vidi Vici" ou encore "La Lumière" et "Mathusalem". Je ne mets aucune barrière à mon écriture.

Le second CD "Les Vents Favorables" est certainement plus accessible. As-tu la volonté d’être un rappeur populaire ?
Je ne sais pas du tout et comme je l’évoquais avant, c’est vraiment au gré de mon inspiration. En réécoutant l’album, je me dis également qu’il peut avoir un public plus large que certains disques de rap. Quand j’étais en studio, je n’ai pas pensé à cela en faisant le CD "Les Vents Favorables". Ce disque m’a permis de mettre mes chansons plus profondes et des titres plus autobiographiques.

Retrouvez le clip de "Veni, Vidi, Vici" :


Cet album avec un premier volet très rap et un second plus chanson française peut sembler être le reflet de ta dualité artistique : une culture très rap justement et une admiration pour des grands noms tels que Brel et Brassens. As-tu cette impression ?
Je n'essaie pas de changer ma musique pour plaire aux médias.
Je suis entièrement d’accord. Même les chansons hardcores sont inspirées de Renaud, Brassens et Brel même. À son époque, Brassens avait des titres interdits en radio, en télé et il a même été traité comme le loup noir parfois. Maintenant, on en parle comme d’un artiste qui a marqué la chanson française et on ne parle plus de ses écarts de conduite, de ses textes censurés… C’est un peu ce qui m’inspire dans le rap : je n’essaie pas de changer ma ma musique pour plaire aux médias. Ma musique est hardcore quand il faut l’être, douce quand il faut l’être et cela dépend de mon humeur.


Parlons de quelques titres du CD "Les Vents Favorables". As-tu l’envie avec "Les Soleils de Minuit" de montrer que tu es un rappeur qui sait véritablement chanter, jouer de la guitare… ?
Je joue de la guitare depuis longtemps et d’ailleurs, j’ai pas mal composé à la guitare sur mes albums précédents. J’ai sorti mon premier maxi en 2000 et il y avait une chanson intitulée "Sur le chemin de l’école", qui était entièrement chantée. Je suis comme ça depuis mes débuts.

Découvrez "Les Soleils de Minuit" :


En parlant de tes débuts justement, est-ce que "D’où l’on vient" est une façon de mettre en mots ton parcours ?
Cette chanson me rappelle mon parcours.
Cette chanson me rappelle mon parcours, mes origines mais cela n’est pas été une manière de le faire. Je ne l’ai même pas écrit cette chanson. J’étais en studio avec Skalp, il m’a apporté l’instru et cela m’a plu. Je suis parti en commençant le deuxième couplet. Sans sortir de la cabine, j’ai réfléchi cette chanson, je l’ai récitée et elle est arrivée aussi simplement. Le cœur me dictait ce que je devais chanter. C’est un message simple et c’est ainsi que je suis inspiré pour ma musique. Que ce soit Bob Marley, Jacques Brel, Léo Ferré, Stevie Wonder ou Georges Brassens, ce sont des artistes qui ont écrit des mots simples, lesquels ont fait le tour du Monde. Ils ont voyagé, non pas en rentrant dans les livres d’écoles mais en rentrant dans les cœurs.

Des mots simples et touchants, tu en as dans ce disque avec "Papa" dans lequel tu t’adresses à ton père mais aussi à ta fille. Avais-tu la volonté de lier les trois générations ?
Tout à fait. J’ai commencé à réfléchir au refrain et c’est une déclaration à mon père. Nous sommes très pudiques dans ma famille. J’avais besoin de l’extérioriser avec des souvenirs simples. Mon père était menuisier et c’est notamment cela que j’évoque dans le premier couplet. Je lui explique ce que j’ai vécu : "Tu voulais que j'coupe des planches comme toi.
J’ai pas voulu, j’ai eu de la chance mais t’inquiète, je touche du bois Le frigo vide à ton départ maman t’en voulait beaucoup. J’avais pas le droit mais en cachette moi je t’aimais beaucoup."
Pour la première fois, je parlais dans une chanson du divorce de mes parents. Ensuite, dans le deuxième couplet, j’ai eu envie de parler du père que je suis et m’adresser ainsi à ma fille. C’est un beau lien avec la question des générations. À la base, ce sont juste quelques mots qui sont sortis du cœur.

Retrouvez le clip du titre "D'où l'on vient" :


J’ai vraiment l’impression que ta fille t’a sauvé de pas mal de choses. Qu’en penses-tu ?
Ma fille, c'est mon Dieu.
Ma fille, c’est mon Dieu, c’est les autres et toutes les poisses que j’ai eu dans ma vie, elle m’a permis de les dépasser. Il y a vingt ans, je n’aurais jamais cru être là où j’en suis, c’était un rêve secret. Quand je me retrouve devant Johnny par exemple à Taratata, je suis devant un super grand et je ne suis rien par rapport à quelqu’un comme lui. En regardant le passé par contre, je suis quelqu’un, j’ai accompli quelque chose car par rapport à ce que j’étais, je suis beaucoup.

Retrouvez le duo La Fouine / Rohff sur "Passe leur le Salam" :


Et très sincèrement, je trouve que tu es le meilleur rappeur français.
Merci beaucoup. Tu sais, je travaille beaucoup et ma vie privée est le studio. J’emmène ma fille tous les jours au studio, je la couche, j’appelle la babysitter et je travaille énormément. Je suis un vrai bosseur. À chaque chanson que je garde, j’en ai jeté cinq ou six. Je suis très exigeant. Je ne cherche pas à avoir la meilleure chanson, je cherche juste à avoir une chanson qui me plaît. J’ai fait cet album comme j’écoute de la musique : j’écoute les chansons beaucoup de fois et je veux aimer chaque chanson comme celle que je kiffe le plus. J’ai sorti cet album et j’ai déjà enregistré une quarantaine de titres pour le prochain. Il faut rester dans le coup donc il me faut un an et demi de taf pour faire les chansons du disque. Il y a aussi la promo, les concerts donc dès que j’ai un moment de libre, je ne reste pas à galérer, je file en studio et j’enregistre des chansons.

Je voulais revenir sur le titre "Papa". Est-ce que l’intro est un sample de Coldplay ?
J'ai voulu faire référence à Coldplay.
J’aime beaucoup ce groupe et l’émotion de cette chanson « Lost » est très forte. C’est aussi un clin d’œil. Il y a parfois des chansons que j’aime et dont je m’inspire. Cela reste très rare cependant. Nous avons demandé les droits à Coldplay et j’ai voulu leur faire référence avec cette intro.

Retrouvez le clip de "Papa" :


As-tu l’impression d’être un rappeur sorti de l’underground ?
Oui. J’y ai été pendant longtemps et désormais, je suis heureux de faire des disques, de remplir des grandes salles et d’avoir une promo convenable. En fait, j’aimerais être le rappeur le plus commercial de France. Pour y arriver, je ne baisserai jamais mon froc pour faire de la soupe. Je ne veux jamais renier ma musique. Mes chansons se vendent, sont commerciales et sont des singles mais dès la première rime, tu vois que je ne me suis pas vendu et que je n’ai pas fait cela pour l’argent. Dans "Veni, Vidi, Vici", le premier single de l’album, tu as déjà les mots "chienne" et "fourrer" donc vraiment, il n’y a rien de commercial. Je reste moi-même et j’aimerais que les médias changent leurs politiques au niveau de la jeunesse, de la banlieue et du rap.

Quel regard portes-tu sur le rap français ?
Avant, il fallait changer son rap et devenir un mouton.
Il y a beaucoup de bons rappeurs et ils essayent de pousser le rap vers le haut : Booba, Rohff, Soprano, Sefyu… Ils apportent beaucoup de choses et pour ma part, je suis heureux de voir des portes s’ouvrir : Le Grand Journal, On n’est pas couché, Libération, Le Monde, Le Festival de Bourges… Ces portes sont restées trop longtemps fermés pour les jeunes, à part NTM et IAM. Avant, il fallait changer son rap, devenir un mouton et être entre guillemets, un mec à la Abd Al Malik, Grand Corps Malade ou Disiz La Peste. Ils ne font même plus du rap. Il fallait être politiquement correct et bien lisse pour être invité. Tu connais mes textes et c’est du vrai rap, sans censurer certains mots et je suis content que ces médias m’invitent. C’est du rap, c’est sans concessions et je l’assume. La musique reste un divertissement.

Retrouvez le clip de "Mathusalem" :


Tu es actuellement en tournée. Comment cela se passe ?
Je kiffe. C’est ce que j’ai voulu faire toute ma vie et c’est un vrai bonheur.

Quel message aimerais-tu adresser au public et aux internautes ?
Je n’ai pas de message ou de conseil à donner. Je ne suis pas bon dans ce domaine. Venez à mes concerts, venez kiffer et vous verrez ce que ça donne en live.
Retrouvez l'actualité de La Fouine sur son site internet officiel.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "La Fouine Vs Laouni".

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