dimanche 04 juin 2017 16:20
Julia Michaels en interview : "Issues", Justin Bieber, Britney Spears... Elle dit tout !
Par
Julien GONCALVES
| Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Julia Michaels se cache derrière le tube "Sorry" de Justin Bieber ou encore l'album "Glory" de Britney Spears. Alors qu'elle se lance en solo avec le titre "Issues", avant l'EP "Nervous Breakdown", l'artiste se confie dans une interview pour Pure Charts !
Crédits photo : Meredith Truax
Lors de son passage à Paris pour assurer la promotion de son premier single solo "Issues", Julia Michaels reçoit la presse dans un salon privé d'un bel hôtel près des Champs-Elysées. Un peu malade mais souriante, la jeune chanteuse se confie avec une fraîcheur étonnante, quand on sait qu'elle a toujours baigné dans la musique et signé les plus gros tubes de ces dernières années. Et des prochaines sans aucun doute. Tout en évoquant sa propre carrière, Julia Michaels raconte son parcours atypique, les coulisses de son métier dont la genèse de "Sorry" pour Justin Bieber, sa collaboration avec Britney Spears ou encore son admiration pour Sia. Propos recueillis par Julien Gonçalves. Quel est ton premier souvenir lié à la musique ? Je me souviens, j'étais jeune et ma mère avait l'habitude de nous emmener au karaoké ma soeur et moi. C'était génial, on s'amusait beaucoup, mes parents pouvaient boire, se lâcher et passer un bon moment. J'adorais chanter les titres des Spice Girls au karaoké ! C'est marrant d'ailleurs car il n'y a pas longtemps, on a chanté les Spice Girls avec un groupe d'amis au sommet d'un pont en Australie. (Rires) La boucle est bouclée ! Je ne réalise pas ce qui m'arrive Comment tu es parvenue à écrire pour des artistes ?Professionnellement, j'ai commencé quand j'avais 16 ans. Je faisais des chansons pour la télévision et les films. Tu sais ce sont les chansons que tu entends en fond quand tu regardes une série par exemple, voilà ce que je faisais. Quand je devais avoir 17 ans, j'ai fait quelques titres pour Disney et enfin le premier single que j'ai écrit qui est sorti c'était pour Selena Gomez, "Slow Down". J'avais 19 ans. Ça s'est fait assez progressivement, en fait. C'était ton but depuis le début d'écrire pour des artistes ? J'ai toujours adoré écrire, depuis que je suis gosse. Je savais que je ferais quelque chose en lien avec l'écriture car j'ai ça dans les veines. Mais je ne pensais pas que ça irait si vite ! Tu es hyper jeune, tu as seulement 23 ans. Tu réalises un peu tout ce qui se passe ? Non ! Jamais. Je me réveille le matin et je me dis "Mais où je suis ?" ! (Rires) On arrive à rester une personne normale ? Oui, je crois. Le truc hyper important c'est d'être entouré de gens qui ne te disent pas "oui" tout le temps. Et qui ne te font pas ressentir que tu es supérieur aux autres, que tu vaux plus. Je suis un être humain comme tout le monde. Quel est ton meilleur souvenir en studio ? Je bosse beaucoup avec Justin Tranter, 90% du temps. On écrit ensemble. Chaque moment passé avec lui est génial. Je ne peux pas compter le nombre de fois où on a dansé, pleuré et rigolé tous les deux en studio. J'ai pleuré quand j'ai entendu ma chanson à la radio Comment vous vous êtes rencontrés ? A la base, on s'est rencontré lors d'une session d'écriture. Mon manager et son éditeur nous ont fait nous rencontrer. J'avais l'habitude d'écrire avec les mêmes personnes tout le temps, mais j'ai eu envie d'un peu de renouveau. Quand on s'est vu, il était hyper enjoué, exalté, et moi j'étais un peu plus réservée, un peu déprimée. Il m'a dit : "Viens on fait un truc qui sonne 90's, très "Vogue" !". J'ai répondu : "Viens, on ne le fait pas !". (Rires) J'ai dû être timide pendant 20 minutes et puis je me suis forcée à sortir une mélodie qu'il aimerait pour qu'il se dise que je n'étais pas complètement dingue. (Sourire) Et on est devenu meilleurs amis ! Comment ça marche concrètement quand vous faites une chanson ensemble ? Ça dépend des jours et de notre état d'esprit. Parfois, on a des bout de chansons enregistrées sur nos téléphones, des bribes de paroles, ou alors on parle ensemble de nos vies et on se dit : "Tiens, on devrait écrire là-dessus !". Regardez le clip "Good For You" de Selena Gomez : Tu te souviens de la première fois où tu as entendu une de tes chansons à la radio ? Oui je m'en souviens très bien. J'avais 19 ans, j'étais en voiture et c'était "Miss Movin On" pour les Fifth Harmony. Elles l'ont chanté en direct sur KISS FM en acoustique, ce qui rendait le truc encore plus spécial. Quand j'ai entendu les premières secondes, j'ai ralenti, je n'en revenais pas. Je me suis garée sur le côté et j'ai pleuré. (Rires) Mais ça me fait encore ça, c'est un sentiment vraiment particulier, ça me fait tout le temps pleurer. Toutes tes chansons ne peuvent pas être géniales Vraiment ?Oui vraiment car je ne pense pas que les choses soient acquises. Il y a tellement de gens qui aimeraient faire ce que je fais, il y a des gens qui passent leurs journées et leurs nuits en studio avec l'espoir que ça marche. Ce n'est pas facile. J'ai beaucoup de chance. Tu as la pression maintenant que tu as signé des tubes ? Oui, beaucoup. Mais le maximum de pression que j'ai pu ressentir c'est quand "Good for You" de Selena et "Sorry" de Justin Bieber sont sorties. J'avais des crises d'angoisse tous les jours. Quand quelque chose comme ça t'arrive, surtout avec deux titres en même temps et j'en suis vraiment reconnaissante, les gens attendent tellement de toi après. Ils veulent l'excellence. Sauf que toutes tes chansons ne peuvent pas être géniales. Mais j'ai pris de la distance au bout d'un moment, je suis humaine, je ne suis pas un robot. Si c'est une bonne chanson, tant mieux c'est génial, si ce n'est pas le cas, tant pis, ça arrive ! Comment est née la chanson "Sorry" pour Justin Bieber ? On nous a appelés pour écrire spécialement pour Justin. On avait lu beaucoup de choses sur lui, il était tout le temps dans les médias... Moi, j'ai besoin de faire des recherches sur les gens pour qui je dois écrire. Je savais qu'il voulait faire une musique plus tournée vers les sentiment, les émotions. On a écrit "Sorry" en 40 minutes je crois. Elle correspondait bien je pense à ce qui se passait à ce moment-là. On leur a proposé et ils nous ont rappelé quelques heures après pour nous dire que ça leur avait plu. Ça a été très vite. Ton premier instinct est toujours le bon. Regardez le clip de "Sorry" de Justin Bieber : Justement, tu sais reconnaître quand tu as un tube entre les mains ? J'arrive toujours à sentir quand une chanson est spéciale et qu'elle correspond presque parfaitement à la personne. Mais je ne peux jamais dire si ça va marcher ou pas. Il y a plein de facteurs qui entrent en jeu... C'est plus difficile d'écrire un tube aujourd'hui ? On le voit, le format des titres change avec le streaming et les radios... Non, je ne pense pas. C'est vrai que la musique est beaucoup plus accessible qu'avant. Mais écrire un tube ce n'est pas plus difficile. Oui bien sûr il y a des modes, des méthodes, qu'on applique dès qu'un truc fonctionne, mais ça change beaucoup, ça bouge très vite. Je crois que tout dépend du moment. Tu te lances en solo avec le titre "Issues". Il est né comment ? J'ai écrit ce titre après une dispute avec mon petit ami. Sur un truc stupide... Mais bon, on fait tous ça non ? (Rires) On a réalisé qu'on avait été vraiment bêtes, qu'on s'aimait et que c'était le plus important. Je mets beaucoup de moi dans mes chansons mais celle-ci est née en trois minutes chrono. Elle était vraiment spéciale, et je ne voyais pas quelqu'un d'autre que moi la chanter. Je rêve d'écrire pour Pink ! Tu as dit que plusieurs artistes s'étaient battus pour avoir la chanson. Tu peux nous dire qui ?Non, je ne peux pas ! (Sourire) La première fois que j'ai entendu ta chanson, je me suis demandé si ce n'était pas Selena Gomez. Car sa façon de chanter "Good for You" est la même que toi sur "Issues". Vu que ce sont deux chansons à toi, est-ce qu'elle s'est inspirée sur ta façon de poser ? C'est vrai que j'enregistre moi-même les maquettes de mes chansons pour les proposer aux artistes. Mais c'est juste qu'on a une tonalité assez proche donc peu importe ce qu'on chantera, on sonnera sans doute toujours un peu de la même façon pour les gens, j'imagine. C'est un stress particulier de se lancer en solo ? Non, je ne ressens pas trop de pression mais je me sens plus vulnérable. Avant je me cachais derrière les artistes. C'est étrange car je n'avais jamais été au premier plan, je n'avais jamais vu des gens chanter ma chanson en face de moi ou lu des commentaires sur moi sur les réseaux sociaux en espérant que les gens m"aimeraient. C'est très différent. Regardez le clip "Issues" de Julia Michaels : Tu rêverais d'écrire pour quelqu'un en particulier ? Pink ! Et David Byrne aussi. Travailler avec Britney ? J'avais à nouveau 5 ans ! Tu as travaillé avec Britney sur l'album "Glory", comment c'était ?C'était un rêve ! Je suis fan d'elle depuis que je suis petite. C'était vraiment génial. Quand je suis en studio, je considère toujours les artistes comme des gens normaux, je me dis qu'on est là pour bosser, et puis on pleure tous, qu'on a tous des coups durs... On est tous fait pareil. Le seul moment où je peux être impressionnée c'est quand ils passent en cabine et qu'ils chantent mes mots. Avec Britney, ça m'a fait ça. On discutait, c'était cool et dès qu'elle a chanté, j'ai réalisé : "Oh mon Dieu, putain c'est Britney. C'est vraiment en train d'arriver". J'avais à nouveau cinq ans ! Tu aimerais retravailler avec elle ? J'adorerais ! Elle est adorable. Elle est réellement impliquée artistiquement ? Je ne crois pas que les gens réalisent pas à quel point elle est douée. Elle fait de la musique depuis longtemps, elle a un vrai instinct en elle. Pendant 45 minutes, elle peut te sortir des super mélodies et te dire : "C'est bon, on a fini". Franchement, c'est impressionnant. Sia est un modèle pour moi Est-ce que Sia est un modèle pour toi ?Sur le fait de passer d'auteure à chanteuse oui... Car ce n'est pas si simple. Parfois quand tu deviens chanteur, tu peux abandonner le fait d'écrire pour deux. Il faut pouvoir tout gérer. Elle a réussi à faire les deux, avec un succès incroyable. Tu aimerais travailler avec elle ? (Elle réfléchit) C'est compliqué car elle écrit tout elle-même, et je trouve ça fascinant. Et puis je crois que je serais trop intimidée face à elle. Il y a certaines personnes avec lesquelles j'aimerais rester dans le fantasme. Ton premier album arrive bientôt ? On finit l'EP "Nervous Breakdown" déjà, qui doit arriver dans les prochaines semaines j'espère. On va faire les choses pas à pas, tranquillement. En termes de sonorités, je ne sais pas trop comment définir les titres qui arrivent. Mes chansons ont toutes le point commun d'être très axées sur le texte avec de belles architectures autour. Une dernière question... Tu arrives à ne pas analyser une chanson quand elle passe à la radio ? Tu peux parfois être une auditrice lambda ? (Elle éclate de rire) C'est une très bonne question. J'analyse tout le temps ! Je ne peux jamais profiter d'une chanson comme tout le monde. C'est mon travail ! Ce qui est marrant c'est que mon copain est producteur, donc lui il va se focaliser sur la production et moi sur les paroles et la mélodie. C'est horrible mais on adore ça. Quel conseil donnerais-tu à quelqu'un qui aimerait écrire des chansons pour d'autres ? Fais ce que tu as envie d'entendre à la radio. Pas ce que tu crois que les autres ont envie d'écouter. Ecoutez "Uh Huh" de Julia Michaels : Podcast
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