Jenifer

Crédits photo : pochette de l'album Ma déclaration
Lèvres pincées, regard malicieux et cheveux en bataille. La pochette du nouvel album de Jenifer annonce la couleur. La chanteuse jongle entre différentes émotions et joue d'emblée la carte de la séduction pour sa "Déclaration", un sixième opus entièrement composé de reprises piochées dans le répertoire de France Gall. Annoncé il y a quelques semaines, ce projet ambitieux suit de seulement quelques mois la sortie en bacs de l'album "L'amour et moi", sur lequel Silvio Lisbonne (Mutine) avait planché en tant que producteur. C'est encore lui qui est aux commandes de "Ma déclaration". Il a réalisé les nouveaux arrangements des douze titres choisis dans le répertoire de France Gall.

Jenifer manque d'expérience pour s'approprier les textes de Michel Berger

Pas de prise de risque sur la tracklist puisque Jenifer a opté pour des titres populaires. Difficile de faire un choix dans la discographie de France Gall, qui compte de très nombreux tubes à son actif, comme "Poupée de cire, poupée de son". Revu, le titre conserve sa touche rock'n'roll et sixties, avec ses cordes qui virevoltent. Seulement, si cette reprise respecte parfaitement l'originale en lui apportant un coup de plumeau bienvenu, la plupart des autres morceaux déçoivent. Très produites, avec une abondance de synthés, les nouvelles moutures sont totalement dénuées d'émotion.

On ne retrouve pas l'intensité que France Gall a mise dans chaque mot, qu'il s'agisse d'amour, de solitude et de l'affection qu'elle a pour le continent africain. Au point qu'on se demande si Jenifer comprend le sens de la chanson "Ella elle l'a" : « C'est comme toute l'histoire / Du peuple noir / Qui se balance / Entre l'amour et l'désespoir ». Même constat pour "Besoin d'amour", dont les arrangements trop lourds ne permettent pas à l'artiste de tirer la chanson vers le haut. On ne plane pas vraiment dans les airs lorsque que Jen' crie son « besoin de musique », « de lumière » et « d'air ». On s'ennuie. Sur la reprise de "Message personnel", la chanteuse nous laisse de marbre lorsqu'elle évoque « le dégoût de la vie », alors qu'elle convainc beaucoup plus facilement sur le piano/voix "Si maman si". On se dit tout qu'il manque peut-être encore de l'expérience à Jenifer pour chanter des textes comme ceux-là, véritablement associés à l'histoire de France Gall.

Quelques bonnes surprises sur "Evidemment" et "Laisse tomber les filles"

Au rayon des quelques bonnes surprises, on retrouve "Résiste", dont le brouhaha de fond permet toutefois d'injecter une dose d'énergie. On a mis le paquet sur ce morceau efficace et radiophonique ! "Evidemment" est également réussie, légère et romantique. Jenifer parvient à capter l'attention sur cette reprise, apportant cette petite étincelle qu'on ne retrouve sur aucune autre. La seule vraie prise de risque est le changement de tonalité sur "Laisse tomber les filles", dont le tempo a été ralenti. Dommage que l'artiste n'ait pas tenté d'autres inventions de la sorte !