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mardi 01 janvier 2019 16:00

Jacob Banks en interview : "Tu dois tout faire toi-même pour tirer ton épingle du jeu"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Avec "Village", Jacob Banks a sorti l'un des albums les plus captivants de l'année 2018. Le chanteur britannique se confie en interview sur sa voix, le titre de son disque, son envie d'un duo avec Angèle ou encore Kanye West... et les Spice Girls. Rencontre avec un artiste rare.
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Quel est ton premier souvenir lié à la musique ?
(Il réfléchit) Ce sont des bandes originales. Je ne sais pas pourquoi j'ai aimé ça particulièrement. Ce sont les mélodies, l'atmosphère... J'ai grandi avec les chansons de Disney par exemple, je les adorais. Et il y a aussi les musiques du film d'animation "Anastasia". Je crois que c'est la première qui m'a vraiment captivée. Après, j'ai toujours aimé les dessins animés. Encore aujourd'hui. Quand le cinéma et la musique s'allient... J'adore les films musicaux aussi.

Tu aurais envie alors de composer une bande originale de film ?
Oui, un jour... J'ai déjà collaboré sur deux bandes originales jusqu'ici. A un moment, j'arrêterai tout et je me consacrerai à ça.

Venir me voir en concert, c'est le plus beau cadeau qu'on puisse me faire
Quand as-tu découvert la puissance de ta voix ?
J'ai vraiment commencé à faire de la musique quand j'avais 21 ans. Mais je crois que j'ai vraiment saisi comment ma voix fonctionnait il y a deux ans seulement. Et ça a été bénéfique car j'ai compris que je me servais de ma voix comme d'un instrument, pas juste comme une simple voix. Je peux la tordre en fonction des besoins de la chanson. Mais je ne sais pas si j'ai vraiment réfléchi à la puissance. En fait, c'est à force de chanter et chanter qu'un jour tu te dis : "J'aime la façon dont ça sonne". J'ai sorti trois EP, et je crois que c'est après "The Paradox" (en 2015, ndlr) que je me suis dit ça.

Tu as commencé à écrire et à chanter dans ta chambre, maintenant tu délivres tes textes au public. C'est très différent j'imagine ?
Oui. Beaucoup. Car il n'y a pas de raison à ce que les gens s'intéressent à ma musique. Il se passe tellement de choses dans le monde, pourquoi ils se soucieraient de moi ? C'est toujours un sentiment étrange. Pourquoi les gens me choisissent moi ? J'y pense souvent quand je fais des concerts. Les gens peuvent les écouter sur Spotify, dans des playlists en aléatoire, mais quand quelqu'un prend du temps et dépense de l'argent pour venir me voir en concert, c'est vraiment un sentiment spécial. Rien ne ne peut remplacer ça. C'est le plus beau cadeau que quelqu'un puisse me faire.

Justement, dans une interview, tu as dit "Si tu veux être entendu, tu dois être différent". Qu'est-ce qui te rend différent ?
Je crois que je suis différent de chaque personne dans le monde. Nous le sommes tous. Si tu arrives à bien comprendre ça et si tu fais de la musique qui te représente... Je fais la musique que j'aime. Avec ce disque, j'ai créé pour moi l'album parfait à écouter.

Regardez le clip "Unknown (To You)" de Jacob Banks :



Tu l'écoutes vraiment souvent ? Les artistes disent tout le temps l'inverse, qu'ils n'aiment pas s'écouter.
Oui, bien sûr, je l'écoute. Moins maintenant c'est vrai... Il est sorti, ça ne m'appartient plus et c'est aux gens de s'en emparer. Mon ambition c'était de créer mon meilleur travail à ce moment de ma vie. La clé c'est de rester authentique à ce que tu es. Chacun est unique, donc en étant toi-même, tu es unique.

J'ai eu besoin de temps pour mieux me comprendre
Ton premier single est sorti en 2013. Ton album sort donc cinq ans plus tard. C'était difficile d'attendre ?
Je crois que j'avais besoin de ce temps pour mieux me comprendre. J'ai commencé la musique assez tard donc j'ai appris en temps réel, et j'ai grandi sous le regard des gens. Ce n'était pas le bon moment, il n'y avait pas encore de demande pour un album. Donc au début, j'ai surtout profité d'être un musicien. L'album s'est imposé maintenant comme étant la prochaine étape, tout naturellement.

Tu as appelé ton album, porté par le single "Unknown (To You)", "Village" pour la phrase "It takes a village to raise a child". Comment ça t'es venu et que représente cette citation ?
Nous ne sommes pas qu'une seule chose. L'album voyage à travers plusieurs sons. Les gens peuvent apprécier cet album pour cette raison. Pour un artiste, c'est effrayant d'essayer plusieurs sonorités car tu penses que tu vas perdre certaines personnes en route. Mais on écoute tous différents genres. J'en écoute de multiples, j'adore le hip-hop, le R&B, le jazz... Je voulais célébrer tout ce qui nous éduque à devenir musiciens. Je voulais m'assurer de montrer toutes ces facettes.

Souvent, les artistes peuvent être enfermés dans une case...
Oui et c'est vraiment se limiter, donc tu ne peux pas être pleinement créatif. Ecrire un titre blues ce n'est pas du tout la même chose que de faire une chanson R&B. Je ne voulais pas me limiter que ce soit sur le sujet de la chanson, qui est important, mais aussi sur le tempo, le feeling... Il y a tellement de choses qu'on peut exprimer. C'est la partie où je peux vraiment m'exprimer, être qui je suis. Tant que je pourrais être capable de le faire, je continuerais la musique. Si je n'y arrive plus, j'arrêterai.

Qu'as-tu appris le plus durant ces premières années dans cette industrie ?
(Il réfléchit) Que personne ne te doit rien. Il y a certaines personnes qui tiennent vraiment à toi, à ta musique. Mais c'est égoïste de croire qu'ils peuvent être là pour toi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils ont une vie à mener, leur famille à s'occuper. Ils peuvent te consacrer plusieurs heures par jour, mais ils ont besoin de temps pour eux aussi. Personne ne pourra être autant investi que toi-même. Ce n'est pas une insulte, ça veut juste dire qu'il ne faut attendre après personne. Même les gens qui t'aiment le plus au monde, même ta propre mère, ont besoin de se retrouver. Je crois que c'est ce que j'ai vraiment appris ces dernières années.

Regardez le clip "Slow Up" de Jacob Banks :



Ton album s'intitule précisément "Village as told by Jacob Banks". Tu te vois comme un conteur d'histoires plus que comme un chanteur ?
Oui, vraiment plus. Sur ma liste, je crois que chanteur vient en sixième place ! (Rires) Je suis d'abord... Attends, je réfléchis. Premièrement, je suis membre d'une famille, je suis lié à quelques personnes. En deuxième, je suis un ami. Ensuite, je suis un conteur d'histoires, puis un musicien. Cinquièmement, je suis un performer. Mais raconter des histoires c'est vraiment ce qu'il y a de plus important dans ce que je fais.

Vu que tu es surtout un conteur d'histoires, qu'est-ce qui est le plus important : la mélodie, la musique, la voix, les paroles ?
Ça dépend de la chanson. Certains titres sont axés sur la poésie, comme la chanson "Grown Up" sur l'album. D'autres représentent plus un état d'esprit donc la mélodie est importante, le feeling... Ce qui est bien quand tu es un conteur d'histoires c'est que tu sers une histoire, donc tu peux te focaliser sur les paroles ou sur la mélodie en fonction de ce que tu racontes.

J'aime beaucoup le titre "Kumbaya". Comment est née cette chanson ?
Mon amie Bibi Bourelly, que je dois connaître depuis cinq ans, a assuré mes premières parties. Je la voyais tout donner chaque soir et je suis tombé amoureux d'elle. C'est une auteure très prisée. Elle est venue en studio avec moi pour écrire et on a écrit "Kumbaya" ensemble. Et finalement elle l'a chanté avec moi, c'est devenu un duo. Je l'aime vraiment, je suis fan d'elle. Je suis fier de dire que je partage une chanson avec elle.

Ecoutez "Kumbaya" de Jacob Banks et Bibi Bourelly :



Avec ce titre, par les temps qui courent avec Donald Trump et la montée des extrêmes, c'était important de célébrer tes origines nigériennes ?
Oui, je pense que quelque part il y a de ça. Mais je ne pense pas que les gens connaissent la référence du mot "Kumbaya". Ils connaissent peut-être le mot, ils le chantent, mais ils ne savent pas d'où ça vient.

J'aimerais bien faire un duo avec Angèle
Tu chantes, tu composes, tu écris, tu es aussi réalisateur. Tu veux tout contrôler ?
Non, pas vraiment. En étant un artiste au Royaume-Uni, et je crois que c'est pareil en France... J'ai passé pas mal de temps aux Etats-Unis, et là-bas ils ont une infrastructure. Quand tu es en studio il y a un ingénieur du son, un assistant... En Angleterre, on n'a pas ça, on doit tout faire par nous-mêmes. Tous ceux que je connais font tout eux-mêmes. Il n'y a pas de système, il n'y a pas ce rêve américain. Tu dois tout faire toi-même pour tirer ton épingle du jeu. Je me souviens, quand j'ai commencé, je voulais tourner un clip mais personne ne me rappelait, tout le monde était occupé, donc c'est plus facile de le faire soi-même ! Mes amis te diront que je fais tout mais en réalité je fais tout avec mes amis. C'est plus amusant d'ailleurs. J'adore créer avec mes potes, partir de rien et arriver à ce résultat qui est ce que j'avais en tête.

J'ai lu dans une ancienne interview que tu adorerais collaborer avec Kanye West. Après son soutien à Trump, c'est toujours d'actualité ?
Non ! (Rires) S'il s'excuse, ce serait vraiment cool.

Il a dit qu'il s'éloignait de la politique désormais...
Ouais... Il doit encore aller plus loin après ce qu'il a fait. Après, j'admire toujours le mec et je serais hypocrite si je venais à le détester maintenant. Je ne suis simplement pas d'accord avec lui. Je lui souhaite de l'amour, du bonheur, et du succès. Il n'a tué personne ! Mais je ne suis vraiment pas d'accord avec ce qu'il a dit. Je lui souhaite le meilleur mais ça s'arrête là.

Tu aimerais collaborer avec un artiste francophone ?
J'adorerais ! J'ai eu envie de le faire mais ce n'est pas encore arrivé. J'ai remarqué une artiste qui s'appelle Angèle. J'adore ses chansons. J'aimerais vraiment le faire. Les Français ont été si cool et gentils avec moi, ce serait génial de leur offrir quelque chose comme ça en retour.

Vu que tu es Britannique, j'imagine que tu es content du retour des Spice Girls ?
(Rires) Oui ! Mais ma préférée c'est Posh et elle ne sera pas là. Donc je ne sais pas si j'irai voir le concert... Je veux voir Posh ! J'espère qu'elle va changer d'avis mais bon je pense qu'elle n'a pas vraiment besoin d'argent. (Rires)


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