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mardi 10 mai 2011 20:00

Rencontre avec Hindi Zahra

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Lauréate du Prix Constantin 2010 et récompensée aux Victoires de la Musique cette année, Hindi Zahra est une artiste complète et investie. Auteure, compositrice et interprète, elle voit dans la musique l'expression des sentiments et des cultures.


Méconnue du grand public en 2010, Hindi Zahra gagne cette année en popularité grâce aux récompenses qui lui ont été offertes, témoignage de la reconnaissance de la profession pour la qualité de son œuvre "Handmade", ce premier essai signé de sa main. Plus récemment, elle reçoit un disque d'or, "Handmade" ayant séduit quelques 60 000 auditeurs. Fière de sa réussite, elle livrait la semaine dernière un nouvelle édition de sa galette. "Handmade" est complété par un EP intitulé "Until The Next Journey", une édition deluxe agrémentée de versions acoustiques de ses titres phares ainsi que des reprises de Nina Simone et Ella Fitzgerald.

Rencontre avec Hindi Zahra


Tu publies cette semaine un nouvel EP. Il est composé de nouvelles versions unplugged de tes premiers titres. Pourquoi les avoir ré enregistrés ?
Hindi Zahra : Parce que ce sont des morceaux que l'on joue sur scène dans ces versions. Je tiens particulièrement à ces versions acoustiques. Puis, il y a un autre morceau que l'on joue uniquement sur scène et qui n'était pas présent sur l'album : "Ahiawa". Il fallait d'une manière ou d'une autre que l'on puisse l'écouter.

Il y a des reprises aussi, de Nina Simone et Ella Fitzgerald. Ce sont des artistes qui n'ont pas vraiment le même univers que toi. Qu'est ce qui t'as touché chez ces deux artistes ? Tu aurais souhaité chanter avec elles ?
J'ai surtout rencontré leur musique. C'est déjà pas mal tu ne crois pas ? Je n'aurais pas forcément voulu chanter avec. C'est leur musique qui me plait avant tout. Je ne pense pas encore au duo tu sais. Ce sont ces chansons en particulier que j'aime. Je ne connais pas leur œuvre dans leur intégralité.



Tu es le "Prix Constantin 2010" et ton disque est certifié disque d'or. C'est assez rare pour ce genre de musique qui ne séduit guère habituellement.
Évidemment, c'est super pour le disque et pour moi. Je suis très heureuse de ce qui se passe depuis quelques mois. Mais pour être franche, je ne compose pas de la musique traditionnelle. J'ai été placée d'emblée dans la catégorie « world musique ». D'ailleurs, je ne sais même pas dans quelle case je suis aujourd'hui. Je ne comprends pas ce fonctionnement qui vise à placer les artistes dans des cases. Mais ce n'est pas grave, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte pour moi, c'est la musique. J'ai fait une musique qui est la mienne, et qui marie différents styles, différentes choses, différentes couleurs. C'est ce mélange qui a sans doute séduit le public, plus que l'intitulé « world musique ».

Pour être franche, je ne compose pas de la musique traditionnelle.
Tu es agacée lorsque l'on parle de « musique du monde » au sujet de ton album ?
Non, ce n'est pas ça. La vraie question, c'est : "qu'est ce que c'est la « world musique » aujourd'hui ?". Il y a des artistes qui émergent dans tous les pays du monde. Ils peuvent faire de la musique moderne comme de la musique traditionnelle. La musique c'est un langage culturel et aussi des échanges. Du coup, la musique évolue et se transforme, d'autant plus avec Internet. La musique émerge des quatre coins du monde. Dis-moi comment tu définirais « world musique » maintenant...? S'il faut mettre la musique dans des cases, ce n'est pas pour moi, je n'en ai pas envie. J'aime autant le jazz que le blues et j'aime les artistes maghrébins mais aussi Bob Marley. Je n'ai pas pensé une seule fois à ces termes de « world musique » ou musique traditionnelle dans la phase de création de mes chansons.

Avoir une "Victoire de la Musique", c'est aussi fort que de jouer son premier concert.
Ton album "Handmade" a été récompensé d'une "Victoire de la Musique" cette année, en tant qu'"Album de musique du monde". Cette victoire reste néanmoins une consécration ?
Une Victoire n'est pas une consécration. Avoir une "Victoire de la Musique", c'est aussi fort que de jouer son premier concert, aussi important que la première d'une tournée où de jouer à l'Olympia. Le prix n'est pas forcément plus important que d'avoir une salle bondée face à soit lorsque l'on monte sur scène. C'est un événement, je l'admets, mais ce n'est pas ce qui inspire ma carrière. Je ne donne pas non plus davantage de valeur au "Prix Constantin".

Sur ton album, on ressent beaucoup l'inspiration de tes origines marocaines. C'était donc important pour toi de mettre en avant cet aspect de ta personnalité.
J'ai surtout essayé de mettre en avant l'artisanat, le fait main. Ce qui coûte cher, c'est ce que l'on fait avec les mains. Et pour moi, la musique est faite avec les mains : le guitariste prend sa guitare et la fait vibrer avec ses doigts. La musique, c'est un travail d'art et une passion d'artisan. Il y a les deux dedans. L'art, c'est savoir prendre des risques alors que l'artisanat, c'est le travail manuel. C'est cette idée que j'ai souhaité mettre en avant avec ce disque.

D'ailleurs, l'image y tient une place prépondérante, notamment dans tes clips très colorés qui sont comme des tableaux.
Oui, j'adore la peinture et j'en ai beaucoup fait. J'aime aussi la sculpture. L'image, c'est quelque chose d'important. Ces clips, c'est aussi pour moi le moyen de transmettre l'esprit des couleurs. Je vais te donner l'exemple des films d'Almodovar. C'est un mec du sud. Il vient de l'Espagne. Les couleurs qu'il met dans ces films, ce sont celles du sud. Il y tient tout comme moi je tiens aux couleurs marocaines que je donne met en avant dans mes clips. C'est une manière de faire voyager à travers des couleurs. Je suis très contente d'avoir des retours positifs pour mon clip "Beautiful Tango". Peut-être que tout ça est rendu possible parce que je me sens proche de ce dont je parle.

Visionnez le clip "Beautiful Tango" de Hindi Zahra (2010) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Te considères-tu comme une ambassadrice de la culture Berbère en France ?
Non, pas du tout ! Je ne brandis pas cette culture comme une identité unique. Je suis surtout une voyageuse. Je n'ai jamais vécu dans un endroit fixe pendant plus d'un an. J'ai toujours voyagé avec mon père. Cet album, ce sont les Berbères, ou les peuples nomades. Ce peuvent aussi être les Touaregs, les Gitans. C'est aussi une manière de parler d'un genre de peuple qui a fait des autres choix de vie. D'en parler, c'est une manière d'emmener mes auditeurs en voyage en restant sur place, comme quand on lit un livre. Un livre vous emmène.

C'est une manière d'emmener mes auditeurs en voyage en restant sur place.
Comptes-tu encore nous faire voyager ?
Oui, vers le jazz... Je suis actuellement sur un projet pour le "Festival de Jazz" à la Villette. On monte un spectacle avec des morceaux jazz, arméniens, égyptiens...Dans cette équipe, il y a un musicien du Liban, un d'Algérie et un autre d'Italie. Ce sont ces rencontres qui sont excitantes pour moi.

Et peut-être un deuxième album ?
Chaque chose en son temps. Bien sûr que j'ai envie mais c'est quelque chose qui prend du temps. Pour l'instant, je dois être présente à 200% pour la tournée. Il faut peut-être attendre la fin de la tournée pour que je me repose. Je dois aussi m'ouvrir l'esprit à d'autres choses. A ce moment là, je penserai à un autre album.



Crédit photo : ABACA
Pour en savoir plus, visitez hindi-zahra.com, ou son MySpace officiel.
Écoutez et/ou téléchargez le premier album d'Hindi Zahra, "Handmade".
Réservez vos places de concert.
Regardez le clip du titre "Stand Up" :

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