GranvilleVariete Francaise » Variété française
mardi 23 avril 2013 0:00
Granville : "On est jeune, on a envie de faire comme les grands"
C'est à l'epistrophê, nouveau café-boutique cosy situé dans le Haut Marais à Paris, que Pure Charts a donné rendez-vous aux petits nouveaux de Granville pour une session Pure Charts Live. L'occasion de découvrir le groupe sur leur titre "Jersey", premier extrait de leur premier album, mais aussi, et comme le veut la tradition, sur une reprise de leur choix. L'occasion aussi de discuter avec le groupe de son parcours,
Propos recueillis par Laurent Galant.
On peut dire que 2013 est votre année. Vous avez sorti votre premier album en février dont on entend beaucoup parler. Depuis combien de temps vous travaillez pour en arriver là ? Melissa : On s'est formé il y a deux ans, puis on a fait pas mal de résidences d'artistes, et on travaille encore notre live mais c'est vrai que tout est allé très vite ! Pensez-vous que le travail a été un élément déclencheur et qu'il a une influence sur votre musique aujourd'hui ? Sofian : Notre musique est née sans travail dans le sens où on a composé toutes les chansons de l'album en un mois. Le travail a plus de bénéfices sur notre jeu et notre façon d'interpréter les morceaux. On a tendance à se dire que la musique n'est pas un travail à la base, c'est quelque chose de naturel, qui doit venir spontanément, dans l'amusement. Donc le travail ne se ressent pas forcément sur notre musique mais dans notre façon de la jouer. Notre image est vintage mais très actuelle Vous avez connu un début de carrière rapide. Est-ce que le fait d'avoir tout, tout de suite n'est pas un handicap, un peu à l'image des candidats dans les télé-crochets ?Arthur : On ne peut pas s'imaginer dans cette situation puisque nous sommes un groupe et les télé-crochets sont souvent faits pour les chanteurs accompagnés de requins de studio. Nous, on évolue tous en même temps, au même rythme, ce qui garde vraiment l'harmonie du groupe. Le travail est commun et avance en même temps. Sofian : On bosse de la même façon qu'au début, le succès n'a rien changé. Vous avez un univers assez retro. Vous êtes des personnes noltagiques ? Sofian : Oui, c'est une certaine nostalgie de quelque chose que l'on a pas forcément vécu. C'est une imagerie qui nous plaît, c'est vintage mais aussi très actuel. On est bien dans notre époque, dans notre temps, on ne regarde pas dans l'arrière tout le temps. En ce sens, on ne se sent pas forcément vintage ou retro, mais d'actualité car ces mouvements reviennent à la mode. Et de fait, pour vous, la musique, c'était mieux avant ? Sofian : Non, ce n'était pas mieux avant. Il y a des choses très bien qui se faisaient dans les années 60. On a découvert toutes ces choses-là en écoutant des groupes américains actuels et en allant voir leurs influences. Après, c'est vrai que dans une certaine pop en français, on écoute beaucoup plus ce qui se faisait avant qu'aujourd'hui. Mais ce serait quand même peu flatteur pour notre groupe de dire que c'était mieux avant. Depuis David Guetta, on a l'impression que tout le monde fait la même chanson Quand on écoute la radio, on peut trouver que certains artistes jouent la facilité dans les sonorités ou leurs mélodies, vous partagez cette impression ?Depuis David Guetta, on a l'impression que tout le monde fait la même chanson. Que ce soit Sean Paul, où les artistes qui viennent d'un style bien défini, du ragga ou du R&B, se mettent tous à faire du dancefloor sur les mêmes constructions de morceaux. Il y a une certaine facilité dans cette musique mais je pense que ça toujours été vrai. Dans les années 80, tout le monde faisait la même chose, en tout cas à la radio, et les années 60 et 70 aussi avec le disco. C'est l'histoire de la musique exposée en masse, tout ce qui passe à la radio et marche est assez aseptisé, il y a toujours eu cette facilité-là. Ce sont des codes faciles à comprendre pour les gens, pour qu'ils ne se prennent pas la tête, et des recettes connues pour ne pas perdre l'auditeur. La musique de boîte ou pour danser, ça a toujours existé. Vous prenez soin de votre image. C'est important pour vous ? Melissa : C'est aussi important que la musique. On aime regarder des films et la photographie. On a besoin d'avoir un oeil là-dessus, autant que sur nos chansons. Arthur : On adore lier la musique à l'image. On regarde des publicités au deuxième degré, Jacques Demy, de la musique mise en scène, des choses comme ça. Sofian : Aujourd'hui, un groupe, on le découvre tout autant par une pochette que par une photo de presse ou un clip. En 2013, un groupe pop ou pas est un groupe qui a une certaine maîtrise de l'image pour attirer l'oeil parce qu'il y a une offre tellement importante que le projet doit intéresser pas seulement sur le plan musical. Après, c'est vrai que c'est la musique qui a raison mais l'image est importante pour sortir du lot. On est jeune, on a envie de faire comme les grands Vous portez un grand intérêt à l'image et la vidéo, à tel point que vous avez proposé deux clips pour "Jersey" au lieu d'un seul. Pourquoi ?Sofian : On voulait faire un clip absolument sur "Jersey" vu qu'on avait sorti un vinyle pratiquement huit mois avant l'album. Il nous fallait un clip, mais on était très pris donc on a proposé à un ami, Anthony Le Grand, de réaliser un clip à base de vieilles images d'archives qu'il a trouvées à droite à gauche. D'un autre côté, on n'avait encore jamais tourné de clip dans lequel on apparaissait et on a vraiment eu envie d'avoir une vidéo à nous, plutôt drôle et où on s'amuse. C'est venu naturellement d'en faire un autre où on nous voit, pour avoir un souvenir. On est jeune, on a envie de faire comme les grands. Les groupes qu'on suit qui font aussi des vidéos. On s'est bien amusé à le faire. On vous voit dans le clip, c'est important que le public vous identifie ? Sofian : Ce n'est pas forcément ça, c'est surtout un aboutissement pour nous. On est des enfants de la télé et d'internet, du coup on a regardé beaucoup de clips. Déjà d'avoir fait un album, c'est un rêve qui se concrétise alors tourner un clip, c'est aussi cool. On est comme des gamins. Ce n'est pas tant pour la fierté d'y apparaitre mais plutôt de l'avoir fait et de pouvoir en parler à nos enfants plus tard. On a beaucoup entendu parler du côté retro de votre musique et vous étiez récemment sur le plateau de Laurent Ruquier. Aymeric Caron regrettait un peu le fait que beaucoup de groupes passent par cette tendance retro. Vous en pensez quoi ? Arthur : Moi qui n'étais pas sur le plateau, j'ai regardé l'émission et j'ai ressenti cette réflexion comme assez déplacée et avec un manque de vision globale, dans le sens où il y a beaucoup de groupes qui font plein de choses différentes. Tous les groupes ne sont pas ancrés dans le vintage, c'est vraiment de la réinterprétation. Ce qu'on aime et qui nous intéresse dans le vintage, c'est surtout le son, comme Phil Spector ou Gainsbourg, avec de la reverb dans les guitares et des ambiances dans ces sonorités. On le retrouve dans les groupes d'aujourd'hui comme Tennis ou West Coast. Donc, ce n'est pas ancré dans le passé et regrettable comme il a pu le dire. Sofian : Alizée avait été reçue deux semaines plus tôt. Elle propose aussi un album avec des inspirations très sixties. Du coup, il y avait peut être un peu la fatigue de recevoir des artistes qui aiment les années 60 et donc un peu de facilité dans l'argumentaire. Tu ne peux pas avoir peur du succès Participer à ce genre d'émissions est un vrai plus pour vous. Comment vous l'avez vécu ?Sofian : On était pétrifiés mais on a été mis à l'aise par les invités. C'est une émission qu'on a l'habitude de regarder. C'est très long, quatre heure et demi sur le plateau à attendre son tour. A un moment, on a l'impression de regarder la télé et de ne pas participer, à tel point qu'on veut changer de chaîne mais ce n'est pas possible. Laurent Ruquier a été très sympa tout comme Natacha Polony et même Aymeric Caron, malgré sa petite réflexion. Ca s'est bien passé, c'était une expérience un peu hors du commun de se retrouver au milieu de Patrick Poivre d'Arvor et en public. Il y a une sorte d'excitation mais en même temps c'est un peu choquant. En fait, tu es sous le choc quand tu apprends que tu y vas, dans l'attente, sur le plateau, quand tu en ressors et même en attendant la diffusion ! Et après, quand on regarde l'émission, on a du mal à réaliser, on est encore tout jeune, on sort de notre salon. Mais au final on est très fier d'avoir eu l'occasion de participer à une émission de grande écoute comme ça. Quand vous avez commencé à travailler ensemble au début, vous imaginiez tout ça ? Quelles étaient vos peurs concernant le succès ? Melissa : On n'imaginait pas ça du tout. On avait pour ambition de chanter des chansons. Puis on a eu la chance de pouvoir les enregistrer dans un studio à Caen, c'est allé très vite. Sofian : Le temps passe beaucoup trop vite, mais c'est du plaisir même si c'est très prenant, on est heureux, on vit notre passion. On avait peur de l'inconnu mais on ne s'attendait pas à quelque chose comme ça. On pensait juste jouer nos chansons mais on se rend compte maintenant que c'est un vrai travail, très passionant. Arthur : Tu ne peux pas avoir peur du succès. Ce n'est pas quelque chose que tu envisages au début. Le live, c'est pour ça qu'on fait de la musique ! Maintenant que vous connaissez le studio, le live, la promotion... Qu'est-ce qui vous amuse le plus ?Sofian : Tout est excitant. Après, le live, c'est pour ça qu'on fait de la musique, pour pouvoir jouer sur scène et partager ça avec le public mais en même temps le studio est tellement stimulant. Ce sont deux choses très différentes et pourtant complémentaires. La promo, on découvre ce que c'est depuis la sortie de l'album, c'est tout aussi excitant. Il n'y a pas de hiérarchie. Parler de quelque chose qui nous tient à coeur avec des gens qui nous offrent de leur temps sur Pure Charts ou dans "On n'est pas couché", c'est un grand plaisir. Au début, on appréhendait un peu, on partait un peu timide mais au final on prend la chose avec plus de détente. Que pouvons-nous vous souhaiter désormais ? Quelle est la prochaine étape ? Melissa : Bon vent. On a hâte de voyager. Sofian : Oui ! On va aller à Montréal en juin pour les Francofolies de Montréal. En faisant du français, on avait l'espoir de pouvoir aller à l'étranger. Ca reste en francophonie, mais on a la chance d'être aussi diffusé en Angleterre. Pouvoir voyager grâce à la musique, je pense que c'est ce qu'on peut nous souhaiter, découvrir de nouveaux pays parce qu'à chaque fois, c'est un recommencement. On repart de zéro dans un pays différent qui ne nous connait pas et avoir cette même excitation de gravir les échelons, c'est ce qu'on souhaite. Même si on a encore des choses à montrer et prouver et à faire découvrir ici en France on voudrait faire ailleurs ce qu'on a déjà réussi ici, et revenir ensuite avec de nouveaux albums. Et pour terminer, pourquoi cette reprise de "Tout doucement" de Blossom Dearie sur scène ? Melissa : Parce que Blossom Dearie ! C'est une chanson que j'adore. On la fait en balance à chaque fois en concert et les garçons l'aiment bien aussi. |