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lundi 10 octobre 2011 11:00

Desireless en interview

Desireless est bel et bien de retour dans les charts, dans les bacs et sur les plateformes de téléchargement avec son EP 6 titres "L'expérience humaine" produit par 576 internautes. Une véritable renaissance pour l'inoubliable interprète de "Voyage, voyage" que nous avons rencontrée pour vous à Paris, en plein été indien!
Crédits photo : Facebook officiel de Desireless
Bonjour Desireless, votre single très réussi intitulé "L'expérience humaine" extrait de l'EP 6 titres qui vient de paraître est en bonne place au Top Singles, vous signez un retour gagnant dans les charts, c'est une bonne nouvelle (Mathieu Rosaz, rédacteur) !
Desireless : Déjà ce qui me fait plaisir c'est que vous l'aimiez! Et puis ça me fait plaisir d'être classée dans le Top effectivement. Je crois qu'on est 29ème ou un truc comme ça. Ça veut pas dire grand chose non plus, ça bouge très vite mais j'espère y rester et peut-être monter encore un peu!

Je suis en communi-cation très proche avec mes 576 producteurs
Vous vous produisez régulièrement sur scène, on peut penser que vous auriez pu auto-produire ce disque, mais vous avez choisi de le faire par le biais du label participatif Aka Music. Etait-ce une manière d'être moins seule dans cette aventure?
Pas spécialement. J'ai fait plusieurs albums auto-produits et il se trouve que j'ai fait celui-ci avec Alec Mansion du groupe Léopold Nord & Vous ("C'est l'amour" Top 2 en 1987) qui lui même a fait un album de duos ("Léopold Nord et Eux") récemment en passant par Aka Music ; on a donc décidé de continuer avec eux. Moi je suis assez ravie en tout cas d'être en rapport avec des gens qui misent sur un album d'artiste qu'ils aiment, ça change des maisons de disques. Le public est producteur. Pour les producteurs, à partir du moment où ils ont mis 10 euros, ils reçoivent un CD. Le public est donc vraiment impliqué dans la réussite du projet. Ils n'apportent pas que l'argent mais aussi beaucoup de soutien. Je suis en communication très proche avec mes 576 producteurs et il y a un lien assez fort qui se construit au fil des jours, étant donné que pour le moment les gros médias en France et surtout à Paris sont complètement fermés à tout ce qui est nouveau ou pas produit par eux. Les grosses radios et la télévision c'est très très difficile d'y passer autant pour quelqu'un comme moi que pour des jeunes, parce que ça vit en autarcie…

Visionnez Desireless, "L'expérience humaine" (2011) :


Avez-vous fait davantage un montage vidéo qu'un clip pour "L'expérience humaine", parce que vous pensiez que les télés ne suivraient pas?
D'abord un clip ça coûte très cher si on veut une qualité convenable et je n'ai pas l'argent. J'ai fait plein de petites vidéos qui passent sur le Net, les gens suivent et le public découvre doucement. Après je compte sur les médias pour prendre l'avis du public, ce qui n'est pas gagné car je crois que ce n'est pas vraiment leur politique mais c'est pas grave, je continue, je crée mon petit réseau sur Facebook et si on doit se passer complètement des médias, on fera autrement!

Les gros médias en France et surtout à Paris sont complètement fermés à tout ce qui est nouveau
La chanson "Le livre des visages" parle de Facebook sur lequel vous semblez justement passer beaucoup de temps!
J'y passe tout mon temps quand je ne fais pas autre chose, c'est à dire quand je ne suis pas en train de faire une interview, quand je ne suis pas en studio ou sur scène! Je communique avec les gens pour diffuser ma musique. Faut savoir ce qu'on veut dans la vie et c'est un réel plaisir! Il y a aussi les radios régionales et les télés Web… C'est Universal qui distribue le disque produit par Aka Music donc je pense que pour Universal je ne suis pas une priorité… Il y a eu en fait à peu près 800 disques mis en place dans toute la France, ce qui fait quand même très peu, avec une visibilité assez moyenne, donc certains internautes m'écrivent pour me dire qu'ils ont du mal à le trouver… Mais il est aussi disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal grâce à Aka Music.

Visionnez un extrait de Desireless, "Le livre des visages" (2011) :


La chanson "L'expérience humaine" est écrite au passé, c'est un bilan heureux et réaliste à la fois qui pourrait être une chanson de fin de spectacle, voire d'adieu. Ou plutôt le signe d'un nouveau départ?
Facebook, j'y passe tout mon temps quand je ne fais pas autre chose
Il y a plusieurs lectures possibles. Alec Mansion l'a écrite en me mettant dans la peau d'une extra-terrestre. Pour Alec, je suis sensée être une extra-terrestre qui est descendue sur terre, qui a vu et vécu certaines choses et qui dit qu'elle a beaucoup aimé cette expérience humaine et qu'il faudra peut-être qu'elle revienne un jour… Y'a plein de gens qui m'ont dit : "Mais tu vas mourir?". Bon je vais mourir de toute façon, comme tout le monde, ça c'est clair. Quand? Je ne sais pas… Cette chanson est une mise au point, un message qui dit aux gens que la vie est très belle et qu'il faut la rendre encore meilleure, le meilleur possible. C'est un gros boulot mais si on s'y met tous, on peut arriver à quelque chose!

Visionnez le clip de Desireless et Alec Mansion, "Tes voyages me voyagent" (2010) :


On peut comprendre qu'Alec Mansion vous voie comme une extra-terrestre, ne serait-ce que par votre manière de vous habiller, un peu comme une mamma. Vous avez été styliste aussi avant de chanter, faîtes-vous vos robes vous-mêmes?
En principe c'est moi qui fais mes habits. Et je suis une mamma!

Je suis sensée être une extra-terrestre qui est descendue sur terre
Un gourou aussi?
Je ne suis pas un gourou mais on me prend souvent pour un gourou (rires)! Je pense que chaque personne peut être le gourou de quelqu'un à un moment précis de sa vie. On a tous à apprendre des autres. C'est vrai que mes chansons peuvent se prêter à cette idée, mais je ne suis pas du tout un gourou! J'ai simplement comme tous les gens, des choses à apporter aux autres.

Vous êtes “amie” avec le Dalaï-lama sur Facebook, pouvez-vous nous parler de vos croyances?
Je ne suis pas spécialement bouddhiste. Je n'ai pas de religion mais je suis quand même assez proche de la philosophie bouddhiste dans ma recherche personnelle et intérieure. C'est à dire se trouver soi-même pour pouvoir se donner et partager. Les mots compassion, partage, amour représentent des idéaux pour moi. J'essaie de faire du mieux que je peux à ma petite échelle.

J'ai lu que vous aviez eu le déclic du chant après un voyage en Inde...
Michel Delpech aura eu la bonne idée de refuser "Voyage, voyage" !
En fait j'avais des amis qui faisaient de la musique et qui m'ont proposé de chanter avec eux. J'étais encore styliste et j'ai dû au même moment partir quinze jours en Inde pour présenter une collection. Ce sont des voyages qui vous remettent les choses en place et là-bas je n'avais qu'une seule envie qui était celle de revenir en France pour faire de la musique. C'était tout nouveau pour moi la musique! C'était en 1980 et à mon retour d'Inde j'ai décidé d'abandonner le stylisme pour la musique. J'ai chanté dans plusieurs groupes, le premier s'appelait Couleur LoKal, c'était un groupe new-wave avec synthé, basse et boite à rythmes. Un peu plus tard il y a eu Air'89, c'est avec ce groupe que j'ai sorti mon premier 45 tours, en 1984. Il y avait déjà Jean-Michel Rivat dans l'aventure qui écrira quelques années plus tard "Voyage, voyage" pour Michel Delpech, que Michel Delpech aura la bonne idée de refuser...!

Visionnez Desireless et Couleur LoKal (1980) :


Visionnez Desireless (Air'89), "Cherchez l'amour fou" (1984) :


Je me suis souvent demandé d'où venait votre pseudonyme : Desireless?
Et bien c'est comme la chanson, ça m'est tombé dessus comme ça et j'en suis ravie parce que plus ça va, plus je trouve que ce nom Desireless, résume ma recherche personnelle qui est celle du détachement tout en faisant beaucoup de choses et en ayant du désir! Ça veut dire: “sans désir de s'approprier”, faire les choses comme on a envie de les faire sans en attendre rien de spécial…

Ça allait aussi avec votre look très androgyne!
De toute façon je suis androgyne quoiqu'il arrive. Ce nom plaisait aussi à mon producteur de l'époque qui était aussi très mystique : Jean-Michel Rivat, auteur du premier album avec "Voyage, voyage", "John", "Qui sommes-nous?"...

C'était vous qui aviez choisi Bettina Rheims pour réaliser le clip de "Voyage, voyage"?
Non. Ce clip, moi je ne l'aime pas. En même temps c'est bien parce qu'il est dérangeant. C'est l'opposé de mon univers…

Visionnez le clip de Desireless "Voyage, voyage" signé Bettina Rheims (1986) :


Vous faisiez peur dans ce clip!
Oui mais j'aime bien faire peur aussi! C'est bien de temps en temps de déstabiliser un petit peu!

J'aime bien faire peur aussi !
En 2010 "Voyage, voyage" a été remixée par DJ Esteban et illustré par un clip qui a fait un petit buzz sur le Net et dans lequel on vous voit courir dans la nature avec une baguette magique ou encore faire du vélo d'appartement… Beaucoup ont cru que vous aviez définitivement pété un câble! C'était du second degré?
Non non, c'est moi (sourire). C'est tout à fait moi! J'habite à la campagne, je suis une rêveuse, j'adore les histoires de fées, je suis très naïve. Mais c'était pour rigoler aussi!

Visionnez le clip de Desireless "Voyage, voyage" (remix 2010 DJ Esteban) :


Votre voix me fait parfois penser un peu à celle d'Annie Lennox du groupe Eurythmics…
Annie Lennox, je l'adore. C'est une beaucoup plus grande chanteuse que moi, ça y'a pas de problème, mais on a beaucoup de choses en commun, que ce soit physique et même au niveau spirituel aussi je pense, nous sommes toutes les deux nées le même jour, un 25 décembre…

N'avez-vous jamais eu envie d'adapter en français et de chanter certaines de ses chansons?
Non parce que j'aime bien avoir mes chansons à moi. Je ne suis pas très reprises. Faire une bonne reprise c'est déjà très difficile alors en plus une reprise d'Annie Lennox, n'en parlons pas… Ce qui m'intéresse c'est de créer à partir de rien et d'incarner une chanson.

Il y a aussi une chanson qui s'intitule "Faut qu'je parte au Brésil" sur ce nouvel album. Le Brésil, je pense à Maria Bethania…
Que j'adore! J'adore la musique brésilienne en général!

Visionnez Desireless, "Faudrait qu'je parte au Brésil" (2011) :


Et vos autres influences, les musiques que vous aimez?
J'aime beaucoup ce qui est soul, blues, la musique black des années 70 qui va de James Brown à Aretha Franklin. J'écoute Ella Fitzgerald et plein de choses aussi dans la variété française : Françoise Hardy, Barbara, Michel Jonasz, Alain Souchon… C'est pas très original! J'aime les belles chansons populaires et les voix qui touchent le cœur, pas forcément des gens qui chantent techniquement bien, ça je m'en fiche un petit peu, mais des gens qui touchent profondément l'âme.

J'aime beaucoup justement votre chanson "Le petit bisou" parue en 2007 et qui donnait le titre de votre précédent album écrit avec Mic-Eco. J'y entends un peu de Maxime Le Forestier…
C'est la première fois qu'on me dit ça mais ça me va! J'aime plein de choses en fait. Un mot sur quelques notes ça peut être magique ou rien du tout! J'ai aimé bosser avec des synthés à l'époque de "Voyage, voyage", faire une bossa avec de vrais instruments sur le dernier album ou quelque chose de plus électro/pop comme "L'expérience humaine" avec la participation sur l'introduction du chanteur africain Klody Ndongala avec qui j'ai eu un très bon feeling et avec qui j'aimerais travailler à nouveau!

Ecoutez Desireless et Mic-Eco, "Le petit bisou" (2007) :


L'EP "L'expérience humaine" comporte 6 titres mais j'imagine qu'il y aura une suite?
Il y a une deuxième partie de l'album qui est déjà prête, y'a plus que le mixage à faire et il y a plein plein de nouvelles chansons qui sont encore très différentes, mais pour l'instant on se concentre sur "L'expérience humaine" que je ne lâche pas tout de suite car c'est vraiment une chanson que j'aime beaucoup et même si ça mettra du temps, je veux aller jusqu'au bout avec cette chanson et on verra ensuite. En ce moment je continue les galas et je prépare aussi un spectacle qui inclura les chansons de toutes mes époques.

Après "Voyage, voyage", j'avais la tête qui allait exploser. On venait de faire un succès inter-planétaire…
Pouvons-nous revenir sur ce qu'il s'est passé après la période "Voyage, voyage", le moment où vous avez tout quitté?
La maison de disques de l'époque (CBS) me proposait tout ce que je n'avais pas envie de faire, c'est à dire : ne pas changer de look, sortir le 45 tours que je n'avais pas envie de sortir, la pochette qui ne me plaisait pas. On préparait la tournée et on me mettait quelqu'un avec qui je ne m'entendais pas pour diriger le live… J'avais la tête qui allait exploser aussi. On venait de faire un succès interplanétaire… Je me demandais comment j'allais m'en sortir avec tout ça. Sans doute broyée, morte, crucifiée ou tout ce qu'on veut…



Vous n'étiez pas carriériste?
Alors ça non. Déjà je déteste ce mot “carrière” qui me fait penser toujours aux carrières de calcaire dans lesquelles les gens cassent des pierres… Non, je fais de la musique. Point barre! La maison de disques ne me comprenait pas. Eux-mêmes n'en revenaient pas de ce succès, de comment ça avait pu marcher autant! Je suis partie et j'étais très contente. J'ai recommencé en bas de l'échelle, à zéro. Et c'est beaucoup plus agréable en fait. J'ai fait mon petit bonhomme de chemin comme j'avais envie, en gagnant beaucoup moins d'argent mais en étant heureuse de me lever tous les matins. Jean-Michel Rivat, le producteur du premier album m'en a voulu pendant très longtemps. Je ne sais pas s'il m'a complètement pardonné, mais je pense que oui. Par contre il avait compris qu'il était impossible de demander de faire quelque chose à une artiste qui avait perdu l'envie. Il n'y a pas eu de procès. J'aurais trouvé ça horrible. Un procès, cela n'était même pas imaginable pour moi, c'est comme dans les divorces : deux personnes qui ont tant partagé, fait de belles choses, se sont aimées… Un procès c'est indécent, non.

Visionnez le clip de Desireless, "John" (1988) :


Et entre l'album "François" sorti en 1989 et qui incluait vos tubes et le suivant: "I Love You" en 1994, qu'avez-vous fait?
Pendant deux ans je me suis occupée de ma petite fille qui est née exactement au moment où je me suis arrêtée et puis j'ai ensuite passé deux autres années à faire l'album "I Love You" qui a été signé chez CBS par Jean-Michel Fava, qui m'avait déjà signée pour "Voyage,voyage" mais on n'a pas eu les moyens qu'il aurait fallu avoir. Les chansons étaient sympa mais la réalisation c'était pas ça.

Les deux premières années de la RFM Party ont vraiment été magiques. La troisième année je l'ai faite pour l'argent, je vous le dis franchement
Et que gardez-vous de l'aventure de la RFM Party? Un film est en préparation parait-il?
J'étais ravie de faire la tournée RFM. On s'est retrouvé entre chanteurs des années 80, mais on ne se connaissait pas forcément avant! Il y avait une très belle ambiance. Les deux premières années ont vraiment été magiques pour moi. La troisième année je l'ai faite pour ceux qui voulaient que je reste et puis pour l'argent, je vous le dis franchement. Quatre années, cela aurait été trop parce que chanter en boucle "John" et "Voyage, voyage", ça ne me mettait pas suffisamment en danger et on allait un peu pointer… Ça ne me fait pas particulièrement rêver de faire les Zéniths, je m'en fiche d'être dans les Zéniths même si j'adore entendre 5 000 spectateurs chanter en chœur une chanson. C'est un réel plaisir de voir les gens s'éclater mais je ne suis pas nostalgique, donc j'avais envie de dire aux gens que les années 80, c'était bon, et de passer à autre chose. J'aime le présent, je vis dans le présent. Quant au film produit par Thomas Langmann, je fais très peu de scènes dedans. Je le fais pour être avec mes amis et parce que j'ai fait partie de l'aventure. Ce n'est pas un documentaire, mais je joue mon rôle. C'est un film à gros budget. Je souhaite surtout qu'il soit réussi. On verra… Je ne vais pas tout vous raconter car sinon il n'y aura plus de surprise! Il sortira vers avril 2012 je pense.

Et vos prochaines scènes?
Ce sera pour l'année prochaine aussi. Je vais prendre à nouveau des chemins de traverse…

Merci beaucoup Desireless et bonne et longue vie à "L'expérience humaine"!
Merci à vous. Et je voudrais juste dire aux internautes qu'ils n'hésitent pas à venir me rejoindre et à communiquer avec moi sur Facebook!

Visionnez "Sacapouette", le teaser du nouvel EP de Desireless :
Pour en savoir plus, visitez desireless.net, ou ses pages Facebook (Desireless Clo et Desireless Clo bis).
Visionnez le clip de Desireless, "Qui sommes-nous?" (1989) :


Visionnez Desireless, "Un brin de paille" (medley acoustique 2004) :

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