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Corneille : massacre de sa famille, solitude face au succès... Ses confessions déchirantes

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Corneille sort du silence. Dans son autobiographie "Là où le soleil disparaît", le chanteur se confie sur son destin tragique, commencé par le génocide au Rwanda qui a emporté sa famille. L'artiste évoque également comment le succès a pu l'affecter.
Crédits photo : Abaca
La thérapie par l'écriture. Corneille a mis près de cinq ans pour coucher sur papier les souvenirs qui le hantent depuis l'enfance. Dans son autobiographie "Là où le soleil disparaît", disponible aujourd'hui en librairie, le chanteur de 39 ans raconte une vie faite de blessures secrètes et de traumatismes, et revient notamment sur le massacre de son père, sa mère, ses deux frères et sa petite soeur pendant le génocide rwandais. « Je savais qu'écrire cette douleur passée, c'était mettre des petites cuillerées de pili-pili sur la chair encore fraîche d'une plaie que je voulais à tout prix croire fermée » explique le chanteur, désormais père de deux enfants.

Déracinement


Son premier traumatisme, Corneille le vit lorsqu'il quitte son Allemagne natal à l'âge de six ans pour rejoindre le Rwanda, à 6.200 kilomètres de là. Le choc culturel est « radicalement brutal ». « Il n'y avait pas d'électricité au village. Pour avoir de l'eau potable, il fallait descendre la côte jusqu'à la vallée et remplir des bidons. C'était le purgatoire pour le petit garçon nègre déraciné de ses attaches européennes » se souvient Corneille dans les premières pages. Surnommé "l'Allemand" ou "Le blanc" par ses petits camarades, l'artiste se sent exclu. « J'avais le complexe du déraciné. J'étais étranger chez moi et je voulais, plus que tout et malgré moi, être comme les autres dans le pays de mes parents » raconte-t-il de sa plume. Un événement va alors bouleverser son existence. « J'avais 6 ans et demi quand ma tante a abusé de moi, emportant mon innocence d'enfant avec elle. Cela a eu forcément des répercussions sur ma sexualité et mon rapport aux femmes. Jusqu'à ce que je rencontre mon épouse, Sofia, je n'avais pas mesuré l'étendue des dégâts du viol dont j'ai été la victime... » révèle-t-il avec émotion à Paris Match.

Le massacre de sa famille


Mais sa vie bascule véritablement la nuit du 15 avril 1994. Le pays est à cette époque déchiré par une guerre civile qui provoque le génocide des Tutsis par les Hutus. « Il est à peu près deux heures du matin. Ma mère entrouvre la porte de ma chambre et me demande de me lever » se remémore Corneille. Dehors, on s'agite. Deux soldats font brusquement irruption dans le salon et arrose la pièce de balles. Ses parents, ses deux frères, Christian et Florian, et sa petite soeur, Delphine, sont abattus. Le chanteur, alors âgé de 17 ans, se cache derrière un divan et survit par miracle. Autour de lui, tout n'est plus que silence. « J'entends une dernière respiration, celle d'un survivant peut-être? C'est ma petite soeur Delphine [...] Les bourreaux sont partis, tels de lâches fantômes. Ils ont fui l'horreur de leur propre crime » écrit Corneille, qui porte en lui la culpabilité de ne pas avoir sauvé sa petite soeur de trois ans à peine : « Je n'ai pas ressuscité ma petite soeur, et j'en ai l'esprit glacé ». Corneille s'enfuit ensuite au Zaïre et trouve un refuge chez un couple allemand, des amis de ses parents, avant de rallier l'Allemagne.

Solitude face au succès


Ces terribles épreuves, Corneille en a fait une force. En 2003, il fait fondre la France avec le tube "Parce qu'on vient de loin", qui évoque à demi-mot les sombres heures de son passé. Mais le vide continue de l'habiter. « Mes nuits de star étaient longues. Le talent et les fans disparaissaient avec le soir, et j'étais laissé seul devant l'immensité du vide ». Corneille sombre alors dans la solitude, rongé par un passé qui le poursuit « jusque dans les chambres cinq étoiles ». « Les concerts se multipliaient, les foules croissaient, me lançant fleurs et flatteries, les disques se consommaient. Les billets aussi tombaient. Et l'amour manquait. Toujours » confie-t-il, à fleur de peau. Aujourd'hui, Corneille a trouvé une forme d'apaisement dans ses proches. Mais la douleur est encore là, et revivre ses souvenirs fut une expérience douloureuse. « J'ai besoin de penser au visage de mon fils pour écrire ceci. Je dois m'accrocher aux vivants pour parler des morts. Sinon, j'ai l'impression de sauter dans un creux infini » explique le chanteur. Un témoignage bouleversant.


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