Charli xcx

Crédits photo : Marcus Cooper
Rendez-vous est donné à la Grande Halle de la Villette, le 2 novembre dernier, à l'occasion du Pitchfork Music Festival Paris. Deux heures avant de monter sur scène et d'enflammer le public, Charli XCX a décidé d'accorder quelques minutes aux journalistes pour répondre à leurs questions.

Propos recueillis par Théau Berthelot.

Tu décris "Charli" comme ton album le plus personnel. En quoi l'est-il ?
C'est la première fois que je parle aussi ouvertement de ma santé mentale. C'est un sujet que je n'avais pas tellement abordé dans mes anciennes chansons. Mais ce n'est pas une décision voulue, c'est quelque chose qui est venue naturellement quand j'ai écrit l'album, probablement parce que je me sentais à l'aise avec les personnes avec qui j'ai collaboré sur le disque. Aussi, je suis en ce moment dans une sorte d'espace, de bulle, où je peux communiquer plus facilement avec mes fans.

Il y a eu deux mixtapes et énormément de titres mais pourquoi avoir attendu cinq ans depuis le dernier album ?
Je ne suis pas quelqu'un qui attend beaucoup. "Pop 2" et "Number 1 Angel", je les considère comme de véritables albums, même s'ils sont qualifiés officiellement de mixtapes. Pour moi, la notion d'album n'est pas vraiment un accomplissement ou quelque chose d'absolu, c'est plus une continuité de mon travail. Je voulais surtout tester comment et sur quels formats je pouvais sortir de la musique, avant de m'atteler à ce véritable album.

Tu chantes avec Christine and the Queens sur "Gone" : comment vous êtes-vous rencontrées ?
Avec Chris, on se connait depuis longtemps. Ça remonte à une interview que j'ai faite avec elle il y a plusieurs années. On est très souvent en contact et un jour on a parlé de cette idée de collaborer ensemble. Pour nous, ça avait beaucoup de sens de faire cette chanson. Elle avait une idée précise en tête. J'étais à Stockholm et elle a complété cette idée de son côté. Cette collaboration a tourné autour de nos conversations à propos de l'insécurité et de l'anxiété que l'on ressentait au quotidien. On a été sur la même longueur d'ondes pendant tout le processus, donc ça a vraiment facilité la conception de "Gone".

Regardez le clip de "Gone" par Charli XCX et Christine and the Queens :



Tu aimerais refaire une chanson avec elle ?
Absolument ! Je l'adore en tant que personne et en tant qu'artiste. Elle m'inspire beaucoup et je pense qu'elle m'a appris beaucoup de choses sur moi-même. Quand nous sommes ensemble, je me sens plus à l'aise, plus en confiance.

Quelle est la collaboration dont tu es la plus fière ?
C'est vraiment dur de choisir parce que je les aime toutes. Je suis surtout fière d'avoir travaillé avec des gens qui m'inspirent.

C'était un choix de ne pas faire appel à de gros artistes mainstream comme Ed Sheeran ou Taylor Swift ?
Je pense qu'ils n'auraient pas voulu collaborer avec moi, surtout (rires). Ce sont de grands artistes mais je ne sais pas si je suis assez "énorme" pour ça. Je gravite et je collabore avec les personnes avec qui je me sens le plus proche personnellement. Nous partageons la même vision, la même volonté de faire un certain type de sons. Mais je suis très ouverte quand il s'agit de collaborer. Il y a énormément d'artistes avec qui j'aimerais partager le micro.

Regardez le clip de "1999" par Charli XCX et Troye Sivan :


C'est important pour toi d'avoir et de garder une image un peu à contre-courant ?
Pas vraiment. Ce qui m'importe est juste de faire ce que je veux vraiment faire, prendre mes propres décisions et surtout je veux faire la musique qui me passionne, pas faire ce qu'on attend de moi.

Dua Lipa, Ava Max... Aujourd'hui, de plus en plus de nouveaux artistes apparaissent chaque mois. Comment faire pour se démarquer ?
Aujourd'hui, si ta musique est intéressante et que tu as un message vraiment pertinent, quelque chose peut se passer et je pense que tu as des chances d'être entendu. Ce ne sera pas forcément à un énorme niveau, peut-être plus confidentiel. Il y a une fanbase pour chaque artiste, cela dépend juste à quel niveau de popularité tu veux être.

C'est difficile d'être une femme dans l'industrie aujourd'hui ?
C'est difficile d'être une femme dans n'importe quelle industrie, en fait. Il y a beaucoup d'inégalités, de normes et de difficultés que nous devons surmonter. Les femmes, mais aussi les hommes, parlent beaucoup de ce que ça fait d'être une femme dans l'industrie musicale aujourd'hui. Le féminisme est un sujet constant, c'est bien que les choses soient en train de changer, mais rien n'est fini. Les choses doivent encore largement évoluer.

Pourquoi tu ne chantes plus tes anciennes chansons sur scène ?
J'ai tellement de chansons, mais je n'ai qu'une seule heure pour jouer (rires). Il y a tellement de titres que j'adorerais chanter mais je n'ai juste pas le temps quand je suis sur scène. En ce moment, je joue énormément mon nouvel album "Charli" mais aussi certains titres que mon public me demande sur les réseaux sociaux.

Tu travailles déjà sur le prochain album ?
J'y pense. Je suis en pleine tournée jusqu'en décembre en Europe. C'est assez dur de faire les deux en même temps donc je me concentre plus sur mes concerts. Mais ça va venir !

Qu'est-ce que ça fait de revenir jouer à Paris ?
J'adore revenir à Paris. Tout est plus magique ici. J'adore être ici, et de pouvoir jouer avec Christine and the Queens, une locale de l'étape. Ça va être génial !

Quelle trace souhaites-tu laisser dans la pop ?
Je veux laisser la trace d'une personne qui a su prendre des décisions progressistes et qui n'a peur de rien !

Crédits photo : Marcus Cooper .