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jeudi 01 juillet 2010 0:00

Canardo en interview

Alors que le hip hop français prend une place importante dans les charts ces temps-ci, avec notamment la Sexion d'Assaut, Canardo nous livre un album urbain aux multiples facettes. Du hip hop, de la pop, et d'autres styles sont à découvrir sur cet opus. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la sortie de son premier album, "Papillon", en bacs depuis le 21 juin.
Canardo ?! Ca vient du film "La Haine"
Pourquoi as-tu choisis Canardo comme nom d’artiste ? (Alexis Quilichini, rédacteur)
Canardo : Canardo c’est en rapport avec le film "La Haine", la scène où Saïd est devant son miroir et qu’il dit « Canardo, Seigneur Canardo je vous nique tous, toi, lui et elle » . C’est une anecdote qui date de longtemps : je devais avoir 13 ans et j’étais en train de m’embrouiller avec deux mecs et une fille de mon quartier et je leur ai dit « Ecoutez vous me prenez la tête, je vais vous niquer toi, lui et elle ». Ce jour là, il y avait des "grands" de ma ville qui m’ont vu me disputer et ils ont fait le rapprochement avec "La Haine"... depuis c’est resté.

Et pourquoi “Papillon” pour cet album ?
J’ai beaucoup été dans l’ombre et c'est donc en rapport avec mon parcours. J’ai travaillé sur pas mal de projets en tant que producteur ou compositeur. C’est un métier où tu n’es pas mis sur le devant de la scène. Pourtant tu touches 50% sur la fiche SACEM (rires) . T’es toujours en studio, tu ne fais pas d’interview, pas de clip, les gens ne te connaissent pas. Et là, je me retrouve en 2010 à faire un album solo, c’est un monde que je découvre, une expérience très enrichissante. Sans prétention, j’ai l’impression de prendre un peu de hauteur et je résume ça avec l’histoire d’un papillon qui au début est à l’état de larve et qui par la suite déploie ses ailes et prend son envol. C’est un aspect métaphorique de ma carrière.

Pourquoi es-tu passé de producteur à rappeur ?
A la base j’étais déjà rappeur, j’ai toujours rappé en parallèle de mes productions. Placer certaines instrumentales, produire certaines personnes c’est toujours plus simple que de rapper et sortir un album. J’avais à cœur de relever ce défi. Après mon featuring avec La Fouine sur “Hamdoullah ça va” , les maisons de disques ont commencé à s’intéresser à moi car la chanson est devenue un tube. Elle est restée au moins quatre mois en radio. A partir de là, je me suis dit que c’était le moment de me lancer !

Découvrez le premier single de Canardo "Je ne perds pas le nord" :


Mais tu as changé de style depuis tes débuts, au niveau vestimentaire et même au niveau du chant. On se rappelle d’un featuring avec S-Kro où tu étais beaucoup plus R'n'B. Pourquoi ce changement de direction ?
Je n’ai pas changé de direction, j’ai toujours chanté ! J’aime autant chanter que rapper donc je m’exerce sur les deux. Si tu remontes encore plus loin tu as les « Planète Rap », l’album “Bourré au son”, où je chantais et rappais déjà. J’ai toujours aimé chanter et les gens pensent que je chante parce qu'à chaque fois que je fais des featurings, j’essaye toujours de faire quelque chose de différent. Donc si quelqu’un rap je vais chanter et vice et versa.

J'ai toujours aimé chanter
Justement, ton album est vraiment intrigant car aucune de tes chansons ne se ressemble ; un style différent sur chaque piste. Pourquoi as-tu choisis “Je ne perd pas le Nord” comme premier single ? Est-ce le style qui te définit le mieux ?
Parce qu’il présente bien l’album. C’est une sorte d’autobiographie où je parle de mes réussites, de mes échecs, de ce qui s’est passé dans ma vie. C’est mon premier album, j’ai pensé qu’un morceau comme ça pourrait me présenter au public.



Tu as fait un morceau avec La Fouine qui est ton grand frère. Ca te tenais à cœur ?
D’une part oui je suis content, parce que c’est mon grand frère, qu’on fait de la musique tous les deux dans un style plutôt urbain. D'autre part, sans prendre en compte que La Fouine est mon frère, j’aime ce qu’il fait donc artistiquement ça me tenais à cœur effectivement. J’ai toujours été son premier fan : j’allais à tous ces concerts, il m’a toujours fasciné. Je me suis inspiré de sa force, car c’est quelqu’un qui bosse beaucoup, il ne s’arrête jamais.

Avant on disait Canardo, les gens ne connaissaient pas. Ca a évolué
Aujourd'hui, le public te perçoit comme un artiste à part entière et pas seulement le frère de La Fouine ?
Si encore un peu mais de moins en moins. Dans le hip hop, maintenant, quand on te dit Canardo ça commence à te dire quelque chose, ce n’est pas seulement le frère de La Fouine. Avant, on te disait Canardo, les gens ne connaissaient pas. Petit à petit, je fais ma place dans le milieu. C’est l’histoire du papillon, je prends de la hauteur, je commence à exister par moi-même. Et j’en suis fier parce qu’il y a eu beaucoup de travail derrière. Il ne faut pas se mentir, aujourd’hui pour réussir il faut du talent et du travail, ce qui est normal ! Mais il faut aussi du piston : pour moi La Fouine et le titre “Hambdoullah ça va”, ce fut le piston. Pas mal d’artistes se font connaitre de cette manière, ils travaillent dans l’ombre pendant des années et puis, à un moment, ils placent un couplet sur l’album d’un artiste connu : le public aime, et ça lui lance sa carrière.

Redécouvrez La Fouine en duo avec Canardo sur "Hamdoullah ça va" :


En tant que beatmaker, tu as produit tous les titres sur ton album ?
Il y a quinze titres et j’en ai produit dix. J’ai fait appel à Félipe le réalisateur de Christophe Maé qui m'a produit “Ailleurs”, et je pense qu’on le ressent directement (rires) ! Et c’est d’ailleurs mon titre préféré sur l'album.



Quelles ont été tes influences pour cet opus aux multiples facettes ?
Je ne sais pas vraiment, j’ai juste essayé de faire quelque chose de nouveau dans la musique urbaine. J’ai envie de faire découvrir aux gens qui n’écoutent que du rap, un peu de pop, un peu d’éléctro etc. J’ai envie qu’avec mon album les gens qui n’écoutent que du rap à la base, s’ouvrent l’esprit et écoutent autre chose. Mmes influences, je pense que c’est toute la musique que j’ai écouté jusqu’aujourd’hui en essayant de garder le meilleur et en mettant une petite touche urbaine à chaque fois. Je suis conscient que c’est un risque, mais peut être que grâce à moi, les gens vont découvrir des styles qui n’auraient jamais pensé écouter avant.

Depuis combien de temps a-tu travaillé sur cet album ?
Je travaille à fond dessus depuis sept mois. Ca comprend tout ce qui est production, écriture et chant.

As-tu des projets pour l’avenir ?
Oui je vais continuer à produire pour l’instant. Et j’ai un autre projet en tête, j’en parle avec mon équipe : j’aimerai faire une mixtape, donc à voir… Pourquoi pas dans un avenir proche ?

Moi le vocoder, je le vois comme un instrument
On dit de toi que tu utilises un peu trop le Vocoder : qu'en penses-tu ?
Je pense que c'est une critique infondée. La question n’est pas là, la vrai question c’est : « Est-ce que tu le fais bien ou mal ? » Le Vocoder, je le vois comme un instrument au même titre qu’une guitare. Donc cette critique, je n’en tiens pas compte. Je ne pourrais pas répondre à cette question clairement. Vocoder ou pas, du moment que la musique est bonne, où est le problème ? Par contre, je tiens à préciser que ce n’est pas pour masquer quoi que se soit. Je ne suis pas un chanteur je le sais, je bricole bien on va dire, mais le Vocoder n’est pas là pour masquer mes lacunes. Je l’utilise parce que j’aime ça.
Pour en savoir plus sur Canardo, visitez son blog officiel
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