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samedi 23 mars 2019 12:40

BB Brunes en interview : "Tout le monde nous disait qu'on allait être un feu de paille"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Deux ans après "Puzzle", les BB Brunes sont de retour avec "Visage", un premier single annonçant leur cinquième album. Pour l'occasion, Adrien Gallo a accepté de répondre à nos questions sur ce come-back, l'accueil du dernier disque et les nouvelles inspirations du groupe. Interview !
Crédits photo : R&D
Propos recueillis par Théau Berthelot.

BB Brunes est de retour. Que s'est-il passé depuis la fin de l'exploitation de "Puzzle" ?
On a fait une tournée de 80 dates, entre festivals et clubs. Ça nous a vraiment donné envie de vite enchaîner, de vite sortir des choses pour repartir en tournée. On a vraiment aimé la précédente tournée. On est allé dans le studio de Samy Osta, qui vient de réaliser l'album de Juniore, un groupe que j'aime beaucoup. Il a aussi travaillé avec Feu ! Chatterton, La Femme... J'avais pensé à lui car je voulais vraiment repartir sur quelque chose de très rock, de très brut dans le son, un peu comme à nos débuts. Histoire de boucler la boucle. En fait, c'était une envie sur le moment, j'avais envie de revenir à quelque chose de brut, de plus percutant. D'ailleurs, on a joué certains nouveaux morceaux sur scène et ça a tout de suite marché : il y a quelque chose d'évident, les morceaux sont peut-être plus simples que sur "Puzzle". Personnellement, ça correspond à un moment de ma vie où j'étais moins déprimé, plus heureux. Les morceaux sont arrivés très rapidement, l'écriture n'était pas du tout fastidieuse, c'était très spontané.

"Puzzle" n'a pas rencontré le succès escompté : est-ce que ça vous a touché ?
Pas vraiment, ça ne m'a pas affecté plus que ça. On est allé au bout de ce qu'on voulait faire et sur le moment, c'était ce qu'on voulait réaliser. Ça donne juste envie de continuer et d'aller de l'avant pour toucher encore plus de monde. On est quand même hyper fier de "Puzzle" : on est allé sur un terrain qui n'était pas forcément le nôtre, pour explorer des choses. Le but du groupe, et surtout sur ce disque, a été de faire un travail empirique et d'expérimenter.

J'avais besoin d'écrire "Visage", c'était plus physique qu'intellectuel
Lors de notre dernière interview, vous disiez avoir "voulu décoller cette étiquette qui nous suit depuis nos débuts" : c'est encore le cas maintenant ?
Aujourd'hui, j'ai juste envie de faire la musique qui me plaît. On commence à avoir une petite carrière, ça fait 12 ans qu'on est là. J'ai juste envie de faire de la bonne musique, celle qui me correspond.

Vous revenez avec le single "Visage". Comment est née la chanson ?
Elle est née très rapidement, chez moi. Je l'ai écrite en 10 minutes, elle a vraiment jailli. C'était quelque chose d'assez cathartique. J'avais besoin d'écrire ça à ce moment-là, c'était plus physique qu'intellectuel. Il fallait que je sorte ça. Le concept du clip est de R&D, qui sont les réalisateurs. Ils sont venus nous voir avec cette idée qui nous a beaucoup plu. C'était quelque chose de simple, avec un petit risque parce que c'est un plan-séquence, il fallait que ça marche, on n'était pas sûr du résultat. Plutôt que de faire quelque chose de facile, on a voulu se mettre "en danger". On n'a pas trop l'habitude de nous voir dans cette situation, en train de courir sur une sorte d'ambiance sportive. On voulait faire quelque chose de drôle.

Regardez le clip de "Visage" par BB Brunes :



Il y a un côté très new-wave sur le titre...
C'est le morceau de l'album sur lequel il y a le plus de claviers. La grande référence ça a été Suicide, le groupe d'Alan Vega. Il y a un autre morceau qui sort du côté rock, même si on garde un son très brut... Tout a été enregistré live, on jouait tous ensemble dans la même pièce. "Visage" a été faite en une seule prise, même pour la voix. J'aimais bien cette idée d’immédiateté et de spontanéité... Les autres morceaux sont variés : il y a de la pop, du rock, même un titre un peu "dancefloor"... Quand je dis "rock", c'est en comparaison à "Puzzle". Ça n'a rien à voir, c'est beaucoup plus brut. On a tout enregistré en live avec des vieux instruments, il n'y a pas de programmation, tout est vraiment joué.

Je me suis amusé à changer ma façon de chanter
Ce sont les mêmes influences que la nouvelle scène française (The Pirouettes, La Femme etc.)...
Bien sûr ! Ce n'était pas forcément hyper réfléchi mais comme ça fait partie des choses que j'écoute, ça a forcément influencé le tout.

Quelle va être la couleur du nouvel album ?
On a été influencé par T-Rex, notamment l'album "Electric Warrior" que j'ai énormément écouté. Aussi The Faces pour le côté très acoustique et live du son, les premiers albums de Renaud aussi pour le côté "loubard". Je me suis amusé à changer ma façon de chanter, elle a évolué avec le temps et elle a quelque chose d'assez crooner dans les graves, maintenant.

C'est donc complètement différent de "Puzzle", où Téléphone et Christophe servaient de modèles...
Complètement ! "Puzzle" était l'album le plus synthétique qu'on ait pu faire. Je pense qu'il a pas mal dérouté mais ça correspondait à mon état d'esprit de l'époque. Aujourd'hui, j'ai pas du tout l'impression d'être la même personne, c'est pour ça que la musique suit.

Souvenez-vous de "Coups et blessures" :


Quelle est votre envie sur ce disque ?
On avait envie de se retrouver en studio, d'enregistrer un album, tout simplement. J'adore cette ambiance entre amis. Il y a un côté à la fois très studieux et très festif. On oublie le temps qui passe, en studio on entre dans un espace temps différent. C'était une envie pressante de retourner aux bases, de revenir à zéro. On voulait oublier ce qu'on a fait, par exemple de tuer un peu "Puzzle" pour faire renaître quelque chose de totalement différent, pour se réinventer.

Tout le monde nous disait qu'on allait être un feu de paille
L'année prochaine, vous allez fêter vos 15 ans d’existence, quel bilan tirez-vous de tout cela ?
Je suis hyper fier qu'on ait pu faire ce beau métier pendant 15 ans. Au début, notre objectif était de durer alors que tout le monde nous disait qu'on allait être un feu de paille. Je pensais toujours au futur et j'avais toujours envie de continuer... On a toujours pris ça assez sérieusement, sans se prendre au sérieux. Je suis toujours heureux de voir que des gens continuent à venir nous voir en concert, c'est inouï et on est hyper reconnaissant.

Qu'est-ce que vous pensez avoir encore à prouver, après tout ce temps ?
On peut toujours aller plus loin, dans la composition, dans l'arrangement, l'écriture... De faire des chansons qui dureront dans le temps. On n'en est plus véritablement à un stade où il faut prouver quelque chose, mais on se fait plus plaisir aujourd'hui, autant pour nous que pour les autres. Si je peux créer la même émotion que je peux avoir en tant qu’auditeur quand j'écoute des trucs, qui balaie le blues ou le cafard, c'est hyper agréable. Donner de la joie aux gens, c'est cool !

Vous êtes arrivés au moment du renouveau de la scène rock française avec les Plasticines ou Naast : vous êtes un peu les survivants de cette époque...
Complètement ! Le groupe existait déjà avant cette mouvance donc pour moi on est né en même temps, mais un peu avant. Aujourd'hui, il y a plein de groupes français ultra intéressants : The Pirouettes, Cléa Vincent, Grand Blanc ou même Flavien Berger et Clara Luciani... Ils représentent bien cette nouvelle scène française que j'aime beaucoup.

Souvenez-vous de "Eclair Eclair" :



Aujourd'hui, le rock est-il mort ?
Pas du tout ! Je crois même en lui, je pense qu'il va revenir très rapidement parce que la musique c'est une question de cycle. Par exemple, à la fin des années 90, il n'y avait plus vraiment de rock et c'est revenu début 2000. Le dernier album de Papooz ["Night Sketches", ndlr] a un son très live, très rock qui rallume bien la flamme. Pareil pour le dernier Arctic Monkeys. Le rock n'est pas totalement mort, ce n'est pas impossible qu'il revienne bientôt en force.

Je suis très heureux d'avoir pu écrire pour Vanessa Paradis
C'est compliqué de faire du rock en langue française ?
J'ai essayé l'exercice en anglais et je trouve pas ça très pertinent. Ce n'est pas vraiment ma langue donc je n'arrive pas bien à m'exprimer. Après, tous les pères du rock'n'roll sont anglo-saxons, mais quelqu'un comme Alain Bashung a sublimé le rock à la française. La langue française est un terrain de jeu fabuleux pour les jeux de mots. C'est la langue de nombreux poètes et écrivains, donc c'est un plaisir pour moi. Je revendique ce chant en français.

Tu as écrit pour Vanessa Paradis sur son dernier album. A quand un duo ?
Là, il n'y en a pas mais c'est une artiste que j'aime beaucoup et je suis très heureux d'avoir pu écrire des chansons sur cet album.
Pour en savoir plus, visitez bbbrunes.fr, ou leur page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez le nouvel de BB Brunes, "Puzzle".

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