Alizée

Crédits photo : pochette du single Blonde
Un peu plus d'un an après l'échec de "5", Alizée est de retour avec "Blonde". Un sixième album qui intervient alors que la chanteuse s'est offert une nouvelle popularité auprès du grand public grâce à sa participation victorieuse dans "Danse avec les stars". Au cours de sa carrière, Alizée a joué les lolitas sexy, flirté avec la folie douce puis s'est jetée à corps perdu dans la pop indépendante, avant un revival sixties. A force de jouer sur tous les tableaux, sans véritable fil rouge, l'artiste a eu du mal à imposer un univers propre, dans l'ombre de son époque glorieuse encadrée par Mylène Farmer. Mais après "Danse avec les stars", Alizée a visiblement eu envie de plaire au plus grand nombre en proposant un album dansant, léger et festif. Un peu trop ?

Dès le premier single, "Blonde", une nouvelle Alizée, tant dans la chevelure que dans le style, nous est apparue. Entourée de Pascal Obispo, la chanteuse a tout misé sur la légèreté, sur un tempo pétillant et fédérateur, porté par une multitude de choeurs et d'un refrain explosif. Seul problème : les paroles. Les jeux de mots, en rapport avec l'univers capillaire, n'apportent pas grand-chose, ni humour ni piquant, à un propos, déjà light. Et c'est d'ailleurs le principal reproche que l'on peut faire au disque. Oui, les beats transpirent la bonne humeur et restent en tête, mais ce sont trop souvent les textes qui les empêchent de faire leur effet ("Nous ferons tout comme la dernière fois / Mais encore en mieux" sur "Mon planeur" ou "Avant j'étais seule / Maintenant je suis souple" dans "Plus de bye-bye"). Les clichés de "Bi", prônant naïvement la tolérance et la liberté sexuelle, ou "Mylène Farmer", titre clin d'oeil maladroit, en sont les autres témoins.

Une ambiance réussie, des paroles décevantes

D'autant qu'après six albums, le public pouvait sans doute s'attendre à autre chose de la part d'Alizée, 29 ans et maman, que "Tweet", par exemple. Signé Zazie, le titre surfe sur la nostalgie entre les couples d'hier et d'aujourd'hui, à cause notamment des réseaux sociaux. Un thème intéressant sur le papier mais finalement mal exploité, malgré une ambiance rétro et estivale à souhait. Même son de cloche pour "Charles est stone". Son atout : une production moderne, malgré une influence 60's, avec des trompettes répétitives, mais le résultat s'avère bancal à cause du vocoder et d'un refrain pas aussi audacieux que son beat.

Heureusement, "Alcaline" inverse la tendance avec son atmosphère planante et mélancolique, ses synthés et la malice de l'interprétation d'Alizée, parfois noyée dans le vocoder. Percutant, amusant et sensuel, "KO" parvient aussi à tirer son épingle du jeu avec son texte malin et une mélodie bondissante. Son refrain et les répétitions du titre entrent en tête sans effort. Femme amoureuse, Alizée se met aussi à nu sur "Blonde" et chante ses sentiments. La chanteuse se questionne d'ailleurs sur la pression exercée sur les femmes par la société, évoque la routine et comment réanimer l'étincelle dans un couple dans "Seulement pour te plaire". L'un des meilleurs morceaux du disque, soutenu par l'implication de Pascal Obispo dans les choeurs. Dans un registre différent, "L'amour rend fort" mixe impulsion dance-électro et flow 80's sur un morceau accrocheur et positif. Mais, encore une fois, les paroles ne sont pas à la hauteur. « Quand on a rien à perdre / On a tout à gagner ».