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Nolwenn Leroy en interview

Nolwenn Leroy est la grande gagnante de l'année 2011. Avec son disque "Bretonne" (écoulé depuis sa sortie à 635.000 exemplaires), elle est l'artiste français à avoir vendu le plus de disques cette année. Une belle aventure pour un album concept de reprises de chansons celtiques. Nolwenn Leroy nous a accordé un long entretien lundi midi. Avant de partir en vacances, la chanteuse a pris le temps de revenir sur cette année exceptionnelle, sur le destin de ce disque parenthèse, mais aussi d'évoquer son cinquième album auquel elle commence à réfléchir. Nolwenn Leroy s'est aussi confiée sur sa personnalité têtue et ce que "Bretonne" a changé pour elle.
Crédits photo : ABACA

"Bretonne" est sorti il y a un peu plus d'un an. C'est cette année l'album français le plus vendu. Est-ce que 2011 est la plus belle année de votre carrière ? (Steven Bellery, journaliste)
Nolwenn Leroy : Ça serait difficile de dire le contraire. C'est la plus belle, la plus inattendue aussi. C'est une année riche en émotions, grâce à un album de cœur que je voulais enregistrer depuis longtemps. C'était une parenthèse au départ… Elle prend une ampleur incroyable. Il y a quelque chose de très fort. J'ai du mal à trouver les mots aujourd'hui. On ne peut jamais prévoir de vivre quelque chose comme cela. C'est forcément ce que l'on souhaite lorsqu'on fait de la musique : qu'elle soit partagée par le plus grand nombre, qu'elle touche un maximum de gens, d'entendre les gens chanter ses chansons.

A quel moment est-ce que vous vous êtes dit que "Bretonne" était un succès, que ça devenait un phénomène ?
Au début de l'année je crois, je faisais des petits show-cases en Bretagne et j'étais numéro 1 sur iTunes alors que je donnais peu d'interviews. Ça a duré plusieurs jours, puis plusieurs semaines… Il y a un truc qui s'est passé comme on dit. C'est difficile d'analyser tout ce qui s'est passé. Il y a eu un bouche-à-oreille incroyable sur ce projet, d'abord en Bretagne puis partout ensuite.

Aller au bout de ses idées, ça n'est jamais une prise de risque
Cet album-concept valide une idée qui vous trotte en tête depuis longtemps. Le fait qu'il touche à vos racines, vous ressentez une fierté supplémentaire ?
Peut-être. Une fierté de m'être battue pour mes idées en tout cas, pour mes projets, d'aller au bout des choses. Et parfois, ce n'est pas forcément facile. Je sortais d'un projet indé, donc c'est encore plus difficile d'imposer ses idées car c'était une prise de risque d'un point de vue commercial. Mais en matière de musique, aller au bout de ses idées, ça n'est jamais une prise de risque. J'étais convaincue et convaincante je pense. Les gens ont senti – lorsque je parlais de ce projet-là – l'authenticité de ce projet, qu'il y avait quelque chose en plus.

L'opus "Le Cheshire Cat et moi" vous avait ouvert les pages du journal "Libération". "Bretonne" vous avait ouvert la porte du plateau du "20h" de France 2, de "Vivement Dimanche" ou encore de "Taratata". Est-ce que vous avez l'impression d'avoir changé de statut cette année ?
De l'intérieur, je n'en ai pas eu conscience. On me l'a un peu dit dans le métier : que j'ai réussi à m'installer, à exister en tant qu'artiste établie alors que j'en avais pas du tout conscience. Ca me dépasse un peu. Faire "Taratata" trois fois dans la saison, c'est fabuleux. Participer à certains festivals aussi… J'attendais cela depuis dix ans. Certains artistes ont ces rendez-vous au moment de la sortie de leur premier album, moi j'ai dû attendre dix ans. Ça se mérite ! Tout le travail que j'ai pu effectuer, au niveau de ma musique, d'installer mon univers petit à petit, de construire des fondations solides, ça a payé. Finalement au bout de dix ans, je suis encore là…




Pensez-vous que c'est aussi le concept de "Bretonne" qui a fonctionné, que certaines personnes ont acheté votre disque plutôt pour le concept, parce que vous dépoussiérez des standards ?
C'était un concept qui faisait le lien entre la musique pop et la musique celtique, entre le traditionnel ancien et des titres plus récents… Je pense que des gens ont découvert ou redécouvert certains morceaux. Ça prouve que ces chansons sont universelles, qu'on n'a pas besoin d'être breton pour être sensible à ces sonorités. Je pense que "Bretonne" n'aurait pas été accueilli de la même manière s'il n'y avait pas eu l'album précédent ("Le Cheshire Cat et moi', NDLR). Les gens sont peut-être attachés au concept, mais je pense que c'est aussi la pièce qui manquait au puzzle pour qu'on découvre vraiment qui je suis. Beaucoup de gens m'ont capté véritablement grâce à ce projet, c'est la clé qui a ouvert beaucoup de portes.

Je pense que c'est aussi la pièce qui manquait au puzzle pour qu'on découvre vraiment qui je suis
Vous parlez de "musique universelle"… A tel point que "Bretonne" sortira en Allemagne le mois prochain et aux États-Unis au printemps. Vous allez faire de la promo là-bas ?
Oui évidemment. Ça n'est que du bonus ces sorties. On ne peut rester que très modeste face à tout cela. C'est tellement rare pour un artiste français d'avoir l'opportunité de présenter sa musique à l'étranger. Je suis ravie d'aller là-bas, si on peut faire quelques concerts c'est super ! Ça va être une grosse partie de l'année, j'ai vraiment envie de me concentrer là-dessus et aussi sur des nouvelles chansons et la suite…

Vous venez de re-signer avec le label Mercury (Universal Music), votre Maman a signé les décors de votre tournée, vous n'avez toujours pas de manager… "Bretonne" ne vous a donc pas changée ?
Non ! Manquerait plus que ça ! C'est mon côté têtue qui m'a amené au bout de ce projet. Je sais ce que je veux et je sais ce que je ne veux pas. Je n'ai pas peur de le dire. Parfois c'est pas forcément facile. Il y a des moments dans la vie où on est à des carrefours et on doit prendre des décisions. Je continuerai de suivre mon instinct, d'aller au bout de mes envies. Je ne changerai pas, je reste la même. Et on ne change pas une équipe qui gagne. J'ai toujours fait ma petite cuisine dans mon coin, avec ma Maman, d'une manière un peu artisanale. J'ai toujours été un électron libre, y compris au sein de mon label où j'arrivais avec mes concepts, en imaginant les visuels… Je travaille de la même manière, tout simplement.

C'est mon côté têtue qui m'a amené au bout de ce projet
Votre côté "têtu", Laurent Voulzy nous en a parlé dans une interview à Pure Charts. Il nous a aussi dit qu'il aimerait bien retravailler avec vous sur de nouvelles chansons…
Mais moi aussi ! Je commence à penser au cinquième album… Je crois que ce côté "têtu", c'est ce qui avait plu à Laurent au départ. Il voyait que je savais ce que je voulais et où je voulais aller… Je voulais qu'il m'aide et qu'il m'accompagne. Il savait aussi ce que je ne voulais pas.

Votre liberté, ça semble important à vos yeux…
C'est un métier où c'est important de savoir où l'on va, et de savoir ce que l'on veut, de savoir dire non… Ça n'est pas forcément facile quand on est une jeune fille, quand on débarque dans un métier où on a tout à apprendre… D'ailleurs on a toujours tout à apprendre dans ce métier. Ce n'est pas toujours évident émotionnellement et psychologiquement de s'imposer. Surtout quand on est fragile comme je le suis aussi. Parce que j'ai ce côté dur mais aussi très fragile. Il faut parfois faire croire qu'on est plus fort qu'on ne l'est. Je pense que si je ne l'avais pas fait, ça ferait longtemps que je ne serais plus là. J'ai été bien conseillée. J'ai les bonnes personnes autour de moi : ma famille, et puis quelques personnes dans le métier comme Laurent Voulzy qui m'ont montré la bonne marche à suivre. Je lui dois beaucoup à mon parrain !

Le bon album avec les bonnes chansons, ça ne suffit plus
Vous avez conscience que vous êtes attendue au tournant pour votre cinquième album…
Je crois qu'on est toujours attendue au tournant. Surtout aujourd'hui… Il y a de plus en plus d'artistes, de projets, d'albums qui sortent. Il faut toujours se renouveler, apporter de nouvelles choses, avoir de nouvelles histoires à raconter. Le bon album avec les bonnes chansons, ça ne suffit plus. Il faut toujours une histoire en plus à raconter. C'est pas toujours évident…

Justement, à quoi va ressembler ce prochain disque ?
Je continue d'écrire des chansons… L'ombre de "Bretonne" va forcément planer sur ce prochain album. C'est difficile d'ignorer ce qui s'est passé grâce à "Bretonne" et le lien que j'ai pu avoir le public. Bien sûr, ça sera prolongé sur le prochain album. Dans les sonorités, dans les textes, on retrouvera cette influence celte. Mais qu'on retrouvait déjà par le passé de manière peut-être un peu plus anecdotique sur les albums précédents… Là, ça sera certainement plus appuyé sur le prochain album.

Ça veut dire que ça ressemblera à "Suivre une étoile" ou "Je ne serai jamais ta parisienne" ?
Je suis heureuse parce que "Je ne serai jamais ta parisienne" est l'une des chansons préférées du public. Ça me réconforte un peu parce que c'était la seule chanson originale de l'album… J'ai plein d'idées… J'aimerais bien retravailler avec Laurent Voulzy, avec Miossec aussi. J'ai envie de faire quelque chose de très organique, très roots, dans le son. Mais en tout cas retrouver cette dualité qu'on avait sur "Bretonne" entre les chansons très féminines avec de vraies envolées vocales en gaélique et entre des chansons beaucoup plus dures, plus masculines, qui me permettent de prendre le pouvoir sur scène. J'ai besoin de cette dualité-là : fragilité et force, poétique et dur. J'ai envie de conserver cela…

J'ai envie de faire quelque chose de très organique, très roots, dans le son
On parle d'une collaboration avec Gaëtan Roussel… Vrai ? Faux ? Projet ?
En fait ça parle beaucoup alors que je ne dis rien… J'ai toujours travaillé à partir de rencontres. Que ce soit avec Laurent Voulzy sur "Histoires Naturelles" ou avec Teitur sur "Le Cheshire Cat et moi". Puisque justement j'écris aussi des chansons, je n'ai jamais travaillé avec des mercenaires, jamais fait de commandes de chansons. J'ai pas du tout cette vision-là de la musique. Les artistes avec lesquels je travaille ne sont pas des mercenaires. Gaëtan Roussel encore moins. C'est quelqu'un qui écrit très peu pour les autres. Il a fait du sur-mesure pour Bashung, pour Vanessa Paradis aussi, une chanson magnifique. On ne prévoit pas les choses en musique… On ne passe pas de commandes. On se rencontre. On parle de musique. On parle de projets. Avec Gaëtan, on se dit qu'éventuellement on aimerait bien faire quelque chose ensemble. Il y aura peut-être de belles chansons qui vont naître de cela. Et il n'y aura peut-être rien aussi et c'est important de le dire. Je déteste me mettre la pression à ce niveau-là et je ne me la suis jamais mise. C'est comme ça qu'on a fait de belles chansons avec Laurent et avec Teitur. Et avec Gaëtan, ça serait super si on arrivait à faire des chansons ensemble…

C'est vrai que Gaëtan Roussel, membre de Louise Attaque, a toujours aimé les sonorités vers lesquelles vous voulez aller…
J'ai toujours aimé Louise Attaque et le travail de Gaëtan. Il y a quelque chose de très fort, d'assez celtique dans leur travail. Effectivement, je pense que s'il y a bien un artiste français qui peut m'aider à faire le lien entre "Bretonne" et le prochain, c'est bien Gaëtan… On ne peut jamais prédire les choses et c'est ça qui est magique…

Pas de pression non plus sur la date de sortie ? Fin de l'année 2012 ?
Tout le monde aimerait bien fin 2012… Mais je serai encore en concert ! J'ai déjà des dates à l'Olympia prévues en décembre 2012… Je n'ai jamais cessé d'écrire. J'ai des textes déjà… Mais il y a quand même du boulot. Va falloir prendre le temps. J'ai vraiment envie de revenir à la musique. On sort d'un album de reprises, là ce sera un disque de compositions originales.




Vous étiez samedi sur la scène du Zénith de Paris pour clore la première partie de ce "Bretonne Tour". Je vous ai trouvé beaucoup plus à l'aise sur scène qu'auparavant. "Bretonne" vous a libéré ?
Je crois que "Bretonne" m'a donné confiance en moi. Ça m'a donné des ailes… Mais c'est vrai que ce petit truc en plus, cette petite énergie me manquait pour prendre le pouvoir sur scène. Ces chansons me portent. Il y a une véritable adéquation entre ce que je suis, l'énergie que j'ai envie de transmettre et les chansons que je chante aujourd'hui. C'est cette alchimie-là qui fait peut-être le truc en plus par rapport à la tournée précédente…

Vous reprenez votre tournée en février prochain… Trouverez-vous tout de même le temps de passer à Lyon avec Les Enfoirés ?
Pour la première fois en six ans d'Enfoirés, je raterai deux concerts… Mais je serai bien à Lyon les 1er, 3, 5 et 6 février.

Fidèle au poste aussi pour la Fondation Abbé Pierre ?
Malheureusement oui… Il faut encore aller récolter des sous. Cette crise du logement n'a jamais été autant d'actualité. A l'approche des élections, il y a un vrai coup de poing à donner sur la table. Il faut que ça devienne une priorité !

Vous serez jeudi soir l'une des artistes que l'on verra dans le Gala de l'Union des Artistes. Une soirée enregistrée il y a quelques jours. Pourquoi avoir participé à cette aventure ?
J'aime le nom déjà. Je trouve ça beau l'Union des artistes, pour les artistes et par les artistes. C'était une soirée exceptionnelle. J'ai vraiment vécu un moment à part. J'ai eu la chance de faire un numéro équestre, les chevaux me passionnent depuis toute petite. J'ai un vrai respect pour les artistes de cirque… On ne peut pas tricher au cirque. Les Gruss ont été fabuleux avec moi, c'est l'une de mes plus belles rencontres.
Plus d'informations sur nolwenn.org et sur la page Facebook de Nolwenn Leroy.
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Visionnez le clip "La jument de Michao" de Nolwenn Leroy :

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