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lundi 25 avril 2011 9:00

Hélène Segara en interview

Pour son huitième album, Hélène Segara fait un bond en avant mais n'oublie personne en chemin. Consciente des risques qu'elle a pris par le passé, la chanteuse propose avec ce nouveau disque "Parmi la foule" un chemin de vie qui mettra tout le monde d'accord. Un compromis entre joie et désillusion qui symbolise la force et les faiblesses de cette artiste de grand talent.


Ton précédent disque de chansons originales, "Quand l'éternité", était essentiellement signé de ta main. Pourquoi n'as-tu pas souhaité reprendre la plume pour ce nouvel album ? (Jonathan Hamard)
Hélène Segara : Je n’avais pas envie d’écrire cet album toute seule. J’avais le désir de dire des choses nouvelles. C’était pour moi impératif de travailler avec un écrivain et particulièrement avec quelqu’un comme Da Silva. C’est quelqu’un de très sensible et de très intuitif. C’est un vrai poète et il a compris où je voulais aller.

Pourquoi lui ?
Je connaissais déjà son travail et je trouve tout simplement qu’il a une très belle plume. La rencontre s’est faite parce que nous avons un ami en commun. J’ai cet ami à qui j’ai parlé de ce que je cherchais, des choses que je voulais pour mon album. Il en est venu à me demander si j’aimais Manu Da Silva. J’ai bien sûr dit oui, mais je lui ai surtout demandé : « Pourquoi quelqu’un comme Manu Da Silva voudrait travailler avec moi ? ». Il m’a répondu qu'il n’était pas fermé et que je devrais le contacter. En fait, Manu est quelqu’un qui aime qu’on mette ses tripes dans les chansons. Dès qu’on s’est rencontré, nous avons tout de suite accroché. Il se moquait de cette étiquette "variétoche" qu’on m’avait collée. Ce qui l’intéressait, c’était de voir la manière dont j'allais chanter ses mots et les vivre.

Apparemment, dans ce métier, on a du mal à imaginer que les gens évoluent.
Pourquoi d’emblée partir en se disant « Ça ne marchera pas, je ne suis qu’une simple chanteuse de variété ? »
Parce que c’est l’étiquette qu’on m’a collée. Pour te donner un exemple, un journaliste avant toi m’a dit que si "La vie avec toi" avait été chantée par un autre mec un peu branchouille, elle serait passée sur toutes les radios. Je n’en souffre pas car mon côté populaire me vaut des attentions de sympathie tous les jours. Apparemment, dans ce métier, on a du mal à imaginer que les gens évoluent. C’est vrai que j’ai démarré dans une grande robe où je pleurais à moitié. J’ai une image très lisse alors que je suis loin d’être lisse. J’ai une image triste alors que je suis loin de l’être. C’est difficile d’arracher ça. Je me rappelle encore de Guy Bedos qui parlait dans son spectacle de moi : « Hélène Segara : elle pleure tout le temps. ». Et le jour où l’on s’est rencontré, nous avons passé une soirée ensemble et nous avons bien rigolé. Il a été le premier surpris. Tu vois comme une image peut être vite attribuée à une personne.

Je suis restée crédible.
Cette image, elle a été cassée avec l’album "Quand l’éternité", en 2006. C’est aussi à partir de là que les ventes de tes disques sont moins importantes.
Oui, c’est vrai que ce disque a été une grosse prise de risque. Mais c’est aussi à ce moment que la crise du disque arrive. Je n'étais pas la seule à en pâtir. Je défends cet album dans le sens où je l’aime beaucoup. C’est normal aussi que le public n'ai pas suivi : il évoque le deuil. Il est particulièrement sombre. J’assume cet album et je n’ai aucun regret. Il n’était clairement pas destiné aux enfants alors qu’une partie de mon public est constituée d’enfants qui me suivent depuis "Notre Dame de Paris". J’ai donc pris des risques et j’ai souhaité casser mon image. Je ne l’ai pas fait de manière vulgaire et je suis restée crédible. Ma vie n’est pas ponctuée par mes ventes de disques. Bien sûr, c’est ce qui assure mes revenus mais je peux vivre très confortablement en vendant moitié moins de disques. J’ai vraiment vendu beaucoup de disques et j’ai largement de quoi vivre. Il y a tellement d’artistes qui n’arrivent pas à vivre de leur musique, j’aurais honte de me plaindre.

C’est un album fait en famille. Sur ce disque, tu as notamment travaillé avec ton fils Raphaël pour la première fois. D’ailleurs, les néophytes pourraient croire un instant que c’est un duo avec le chanteur Raphaël.
C’est vrai qu’on y a pensé. J’ai même proposé à mon fils de prendre un pseudo. En ce qui concerne le chanteur Raphaël, je ne pense pas qu'en écoutant sa musique, ce soit sa came. Il a fait de très belles choses mais je ne trouve pas le personnage attachant. Après, je ne le connais pas, donc je m’arrêterais là et je ne me permettrais pas de le juger. J’étais contente de faire ce duo avec mon fils. Ce n’était pas du tout prévu qu’il soit enregistré avec lui. Un jour, à la maison, il s’était amusé à faire des voix dessus. Il se débrouillait bien et j’ai eu l’idée de la faire avec lui.

Ce nouvel album, "Parmi la foule", parle d’amour, bien sûr…
Mais d’une autre manière.

Oui, tout à fait, d’autant qu’il s’adresse à un public plus large je trouve. il a été écrit comme un chemin de vie. C’est en tout cas de cette manière que j’aime le décrire. "La vie avec toi", c’est une ouverture : un titre gai, enjoué… Plus on avance, plus les titres sont tristes et sombres.
Oui, le dernier titre, "La balançoire", évoque le fait que la vie suit son cours et que nos enfants doivent un jour prendre leur envol. C’est mon cas puisque l’aîné a 21 ans. Je ne suis pas mère juive mais quand même. Ce n’est jamais très facile de laisser partir nos enfants. C’est un grand service de les laisser devenir adulte. A l’inverse, c’est les flinguer que de ne pas couper le cordon. C’est la pire chose que l’on puisse faire car, d’une part, nous ne sommes pas éternels, et d’autre part, c’est en faire des assistés. Ce détachement, il peut se faire dans la douleur pour une mère. Se posent alors toutes les questions d’incompréhension entre une mère et son enfant.

Cet album est inspiré de tous les sentiments dont je m’abreuve.
Donc, d’un côté, il y a "La balançoire", et de l’autre, un duo avec Raphaël pour la première fois…
Cet album est inspiré de tous les sentiments dont je m’abreuve. Il y a mes sentiments amoureux, je suis comme tout le monde. Mais il y a aussi mes sentiments de mère. Quand je chante "Le monde à l’envers", c’est la révolte de cette nouvelle génération, de toutes les désillusions. C’est une chanson qui évoque les espoirs qui ponctuent notre vie et notre quête. On se perd, on se retrouve pour se perdre à nouveau. Cette chanson est aussi construite d’une manière singulière. Il n’y a pas la forme couplet/refrain. Elle est différente, elle nous emmène ailleurs.

Quand on n’est pas une midinette et qu’on chante, on a droit à de vives critiques.
Pour continuer sur cette idée faussement de paradoxe, j’ai senti avec ce disque une femme qui a beaucoup plus confiance en elle. En revanche, sur la pochette de l'album, tu adoptes une posture beaucoup plus timide : tu te mords un doigt comme si tu hésitais, comme si tu n’étais pas sûre de toi.
Effectivement, le désavantage de l’âge, ce sont les rides. Les rides dans notre métier… Quand on n’est pas une midinette et qu’on chante, on a droit à de vives critiques. Quoi que, j’ai vu sur Charts In France que des petits gars mettent des commentaires très gentils. Un internaute avait posté à mon sujet : « J’étais en Espagne et j’ai croisé Hélène Segara. J’ai été très surpris parce que je l’ai trouvé plus jolie que ce que je croyais ». En revanche, il y a des commentaires très méchants. Je crois qu’il y a une poignée de no life. Tu leur mets un sujet à manger et il se nourrissent toute la journée. Ce sont toujours les mêmes. En face, tu as les fans qui vont défendre un point de vue. Les personnes qui sont là pour simplement être méchantes, il faudrait peut-être les modérer. J’ai lu des critiques sur Jenifer par exemple. Certains ont déversé de la haine sur elle. Je ne comprends pas. Les critiques, si elles sont fondées, me font avancer. Donc, pour te répondre, la pochette.... [rires]. Pour la première fois, je me suis présentée comme une femme en innovant avec du… rouge à ongles et du rouge à lèvres [rires]. J’ai voulu des couleurs acidulées. Quand on a commencé le shooting photo, j’étais morte de rire. Même si les photos ne sont pas raccords avec le contenu, ce sont celles que l’on préférait. Elle me représente car je suis comme ça dans la vie : une femme qui s’amuse et qui ne se prend pas au sérieux. Nous avons tous des paradoxes. Je te disais qu’il y a les désavantages de l’âge, mais d’avancer dans la vie, c’est aussi être plus sûr de soi. C’est évident.

"Parmi la foule" traduit une jolie évolution. Tu n’es plus celle qui, pour te reprendre, chantait en grande robe à ses débuts. On ressent toutefois un retour sur ce que tu as pu faire par le passé. Je le ressens, pour ma part, dans tes mots et ta manière de chanter.
Oui, sauf qu’au début, quand je chantais des chansons d’amour, j’étais la victime. Aujourd’hui, je les vis et j’en suis l’architecte. Je l’ai voulu ainsi car je trouve que nous sommes actuellement dans une aire de victimisation. Les gens ont tendance à beaucoup se plaindre, à voir la coupe à moitié vide au lieu de la voir à moitié pleine. Aujourd’hui, nous sommes à Paris et il fait beau. Il faudrait peut-être arrêter de ronchonner dans son coin et penser davantage aux pauvres Japonais. C’est quelque chose que je supporte de moins en moins. Pourtant je ronchonne aussi, je le reconnais. Mais il ne faut pas que ce soit systématique. On peut protester, mais il y a des choses où nous avons le choix. Nous ne partons pas avec les mêmes chances mais nous gardons le choix de ce que l’on veut faire de notre vie. Il faut arrêter de subir les évènements. Je sais que ce n’est pas facile d’échouer sur quelque chose. Et c’est un grand pas d’arriver à se le dire.

Regardez le clip "La vie avec toi" d'Hélène Segara :


Les objectifs sont différents, que ce soit pour un couple homo ou hétéro.
Penses-tu que l’on puisse néanmoins arriver au même point alors que nous n’avons pas tous la même ligne de départ ?
Nous n’avons pas tous la même destinée, ni les mêmes aspirations. La ligne d’arrivée n’est pas la même pour toi et moi. Tu es heureux en tant que journaliste, tu t’épanouis sans que tu ais besoin de passer à la télévision. En ce qui me concerne, les années où je suis le plus passée à la télévision, ce ne sont pas forcément les plus heureuses de ma vie. Je ne me plains pas car c’est quelque chose que chaque artiste aimerait vivre. Et j’en garde des bons souvenirs. Par la suite, je suis contente d’avoir pris un peu de recul et d’avoir fait des enfants. Pour quelqu’un comme toi, est-ce qu’un jour tu auras des enfants ? Tu ne peux pas encore le savoir. Tu ne sais pas ce qui peut se passer. Les objectifs sont différents, que ce soit pour un couple homo ou hétéro. Il y a des réussites et des échecs dans les deux cas. Le bonheur, c’est un travail à plein temps.

Nous avons évoqué les textes, mais je voulais également parler un peu de composition. Chacun de tes anciens albums diffère. Pour "Quand l’éternité", tu pars dans le rock, pour "Mon pays c’est la terre", on remarque des arrangements typiques de la musique du monde. Toutes ces directions que tu as pu prendre au cours de ta carrière prennent part sur ce nouveau disque.
J’avais ce désir de métissage. J’aime prendre des risques et tu l’as fait remarqué à juste titre. Je dois également penser au public qui me suit. Ce n’est pas facile de répondre à toutes les attentes. Certains préfèrent ce titre, d’autres ont flashé sur celui-ci… Il y a mes fans de la première heure, qui quoi que je fasse, aiment ce que je produis. Ces fans ont grandi : leurs goûts ont évolué et se sont attachés à "Quand l’éternité", tandis que d’autres continuent de préférer mes premières chansons. Il faut que je trouve un compromis pour réunir mon public. Ce compromis, c’est cet album. J'ai repensé à toutes les choses que j’ai pu faire, à tous les styles musicaux par lesquels je suis passé, et j’ai essayé d’en faire un nouveau projet. Quand je réécoute "Au nom d’une femme", j’étais très mélancolique. "Quand l’éternité" évoquait le deuil. "Mon pays c’est la terre" parlait de voyage…C’était d’ailleurs un album de transition entre "Quand l’éternité" et celui-ci, "Parmi la foule".

D’ailleurs, pourquoi l’avoir intitulé "Parmi la foule" ?
"Parmi la foule", c’est le premier titre que j’avais écrit pour ce disque. L’idée m’est venue d’une situation. J’étais sur le périphérique, il pleuvait des cordes. Sur le côté de la voie, il y avait un SDF assis sur un siège pliant. Il était seul sous la pluie en attendant que quelqu’un veuille bien lui donner une pièce. Personne ne le regardait. J’ai trouvé ça choquant d’être au milieu des bagnoles, à attendre sous la pluie. Dès que je suis rentrée, je me suis mise à écrire le titre "Parmi la foule". Mais je ne voulais pas tomber dans le pathos : je voulais un album positif. J’ai remanié le texte en parlant des personnes que l’on croise et qu’on a l’impression d’avoir toujours connues. C’est devenu « Quant je t’ai vu parmi la foule ». C’est le point de départ de cet album : il y a dans la foule ce côté anonyme : tu es seul au monde alors que tu es entouré de gens. Et puis, il y a cette idée de partage. Tout ce qu’on peut avoir en commun avec les gens. N’importe qui peut se reconnaître dans au moins une chanson. Je n’ai pas vécu toutes les histoires que je raconte mais j’ai été le témoin de beaucoup d’entre elles. Il y en a qui sont autobiographiques et d’autres non.

C’est un album fait de contrastes, autant musicalement que textuellement. On retrouve quelques constantes comme le piano, mais aussi des titres que je ne t’imaginais pas pouvoir chanter.
C’est ce qu’on appelle la magie des rencontres. On peut se nourrir des rencontres et de ce que l’on partage avec quelqu’un. Pour cet album, c’est la magie de la rencontre avec Da Silva. Il a un côté écorché vif qui ne peut pas cicatriser. Je connais la tempête qui peut gronder en lui par moment, mais il garde toujours le sourire. C’est un personnage qui m’a énormément nourrie. C’est important de rencontrer des personnes comme lui.

La tournée de cet album débutera à l’automne.
Peut-être sera-t-il sur scène à tes côtés… Si une tournée est envisagée. Pas de dates d’affichées officiellement pour l’instant mais quelques concerts seraient envisagés. Qu’en est-il vraiment ?
Ce sera inscrit sur mon site officiel. Il faudra vérifier. J’ai une petite anecdote à ce sujet. J’ai rencontré un jour une femme dans la rue qui s’est dite très déçue. Elle m’a expliqué qu’elle avait réservé des places pour un diner sur une péniche auquel ma présence était annoncée. Forcement, pas d’Hélène Segara lors de la soirée. Cette femme s’est faite dupée et c’est moi qui passe pour la méchante. Sache que lorsque je signe un contrat pour un concert, je tiens toujours mes engagements. Je n’ai annulé qu’un seul concert au cours de ma carrière et c’était pour des raisons médicales assez graves. Je crois qu’il faut faire très attention sur les informations. On essaie d’alimenter au maximum car nous avons constaté que beaucoup de bêtises étaient racontées et relayées. En ce qui concerne cet album, la tournée débutera à l’automne.

à Paris ?
Oui, quelques dates à Paris et en province. Tu sais bien, je sillonne moi.

Tu as des envies particulières ?
Pour être honnête avec toi, nous avons eu une réunion il y a trois jours. On ne sait pas encore quelles salles on fera. Il y a beaucoup de petites salles que je n’ai jamais faites. Il y a La Cigale que j’aime beaucoup. Puis, je referai l’Olympia car c’est ma salle fétiche. Mais j’aimerais en faire d’autres avant. C’est l’erreur que j’ai faite auparavant. Pour ma première tournée, j’ai directement été propulsée sur la scène de l’Olympia alors que le spectacle n’était pas rodé.

Dans la vie, il faut faire les choix qui nous permettent de nous regarder encore dans la glace par la suite.
Il y a des choses que tu regrettes aujourd’hui ?
Non, parce qu’il y a des choses que j’ai refusées et je ne le regrette pas. Peut-être que si j’avais été une businesswoman, j’aurais été plus riche. Mais… est-ce que je serais plus heureuse ? Non ! A l’époque où j’ai enchainé "Notre-Dame de Paris" et l’album "Au nom d’une femme", on m’a proposé des tas de contrats avec des tas de marques, mais je n’avais pas cet esprit d’entreprise. Je n’ai pas pensé à la suite. Dans la vie, il faut faire les choix qui nous permettent de nous regarder encore dans la glace par la suite. J’ai envie de laisser quelque chose à mes enfants. C’est aussi pour cela que c’est important ce que je construis. Mais je ne veux pas que ce soit n’importe quoi. Je n’ai pas envie de participer à des émissions de télé-réalité. On m'en a proposée. Mais j’ai décliné, bien évidement.

Et "X-Factor" ? On t’y verra cette année ?
On m’avait proposé d’y participer en tant que membre du jury. Je trouve qu’ils ont fait un très bon choix de jury. C’est très intéressant pour un artiste de se positionner sur une émission comme celle-là quand on a un talent réel.

Pour en savoir plus, visitez le site internet officiel d'Hélène Segara.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "La vie avec toi" sur Pure Charts.
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