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Patricia Kaas en interview

Le nouvel album de Patricia Kaas, "Kabaret", sera disponible au téléchargement légal dès ce lundi, et dans les bacs en mars 2009, porté par le single "S'il fallait le faire". Actuellement en tournée, nous l'avons rencontrée pour une interview sans langue de bois.
Bonjour Patricia, il parait que votre nouvel album « Kabaret » est sorti en Russie en exclusivité mondiale dans la chaine de magasins « L’Etoile » le mois dernier, et qu’il sera offert gratuitement aux clients à partir d’un certain montant d’achats… (Thierry Cadet et David Artaud, rédacteurs) ?
Patricia Kaas : C’est une très bonne question (sourire)… Oui, le magasin a bien acheté un certain nombre d’albums, afin de les offrir à leurs clients, mais je ne pense pas qu’il y ait un certain nombre d’achats nécessaires pour y accéder. En revanche, cette offre est réservée à des clients privilégies. Je représente la marque durant deux ans, c’est la raison pour laquelle nous avons monté ce partenariat.

Les Russes sont donc des privilégiés car la parution du disque en France, prévue pour le 3 novembre dernier a été repoussée, pour quelles raisons ?
Un projet prend toujours un peu de retard, ce n’est pas inquiétant. Il y a également eu des restructurations internes à mon label Sony... Nous avons donc décidé de privilégier la tournée, et de proposer les nouvelles chansons dans un premier temps uniquement au téléchargement légal, à partir du 15 décembre. C’est une première, car l’album ne sera disponible dans les bacs qu’en mars 2009. En même temps je suis heureuse, car à cause des problèmes liés au marché du disque, ce métier revient à sa source, c'est-à-dire la scène. Comme à l’époque, dans les années 30 et 40, un artiste se produit en live, puis propose ensuite – ou pas d’ailleurs – un vinyle avec ses chansons. Ce concept entre parfaitement dans celui de « Kabaret » qui est un hommage aux artistes femmes de ces années-là.

Il y a également un partenariat avec Nokia, non ?
En effet, l'album sera proposé le 15 décembre également, dans une version exclusive sur Nokia Music Store. Les membres de ce dernier auront accès non pas aux douze titres, mais à quatorze disponibles en téléchargement légal, et incluant deux inédits : "Mme Nravitsya" et "Hard Work".

Vous êtes toujours entourée de Cyril Prieur et Richard Walter, vos managers et tourneurs de toujours, mais pour la première fois vous avez également travaillé avec quelqu’un d’extèrieur, par le bias de la societe r-forceone, créée par Tanguy Dairaine : comment s’est faite cette rencontre ?
La rencontre a été initiée par Richard qui travaillait sur déjà sur divers projets et qui m’a conseillé Tanguy. Ce dernier est brillant, intelligent, et il me comprend. C’est lui par exemple qui a eu l’idée de ne pas faire appel à une agence classique pour la pochette de l’album, mais plutôt à une agence de pub avec un photographe très actuel qui apporte un autre regard. J’en suis pleinement satisfaite.

Doit-on voir à travers le visuel de l’album, un hommage à Marlene Dietrich ?
Non, pas uniquement. C’est vrai qu’il y a quelque chose, et que Marlene Dietrich est une des femmes à laquelle ce disque rend hommage, mais pas seulement. Coco Chanel est aussi une des références de cet album et de son visuel.

Vos fans se demandent d’ailleurs si c’est pas Tanguy Dairaine qui vous embrasse sur la vidéo des « Hommes qui passent » diffusée lors de vos derniers concerts, et vous mettant en scène inconsciente, trainée par cet homme…
(rires) Bien sûr que c’est lui ! Je n’en reviens pas tellement les fans sont attentifs ! Il fait le figurant, l’acteur (sourire). Ce que j’aime sur ce projet, c’est que nous travaillons entre nous, et l’idée de ce baiser décalé est parfait pour le concept de « Kabaret », il représente au mieux la façon d’embrasser au cinéma dans les années 30. De Buenos Aires à la période jazz de Saint-Germain des Près : c’est toute une époque qui me touche particulièrement par la beauté des visuels et des ambiances.

Pour ce nouvel album, vous êtes nommée comme unique productrice, est-ce une première ?
Non, j’ai toujours participé à la production de A à Z sur chacun de mes albums. Mais sur « Kabaret », je me suis encore plus investie c’est vrai. Probablement grâce au fait de travailler avec des gens qui m’ont donné confiance. Je délègue, mais c’est moi qui prends la décision finale. Je sais ce que je veux, et ce que je ne veux pas. C’est beaucoup de travail, mais c’est très important pour moi. Surtout qu’il fallait cette fois bien veiller à la cohérence du projet car il y a quatre arrangeurs différents sur le disque.

D’après le Making Of de l’album, on se demande si vous n’avez pas enregistré chez vous, dans le Sud de la France…
Oui, c’est en effet dans le Sud que le Making Of a été tourné, mais cela dit il ne s’agit pas de chez moi, mais d’un studio pas très loin, à cinq minutes de ma maison. C’est une ancienne discothèque de vinyles classiques.

Le public a voté pour « Et s’il fallait le faire » en tant que premier single dans le cadre d’un sondage réalisé sur votre site officiel cet automne. Un titre qui bénéficie nouvellement d’un clip, dans quelles conditions a-t-il été réalisé ?
Le clip de « Et s’il fallait le faire » a été réalisé par une petite production de cinq personnes, et tourné chez moi cette fois (sourire). Fabrice Laffont, le réalisateur a voulu une vidéo en toute simplicité.

Le morceau qui ouvre l’album, « Addicte aux héroïnes », a un lien direct avec la drogue. Vous y employez notamment le mot "coco", qui évoque la cocaïne…
Pas du tout. Le mot « coco » évoque Coco Chanel.

Vous n’allez pas me faire croire que les phrases employées dans le texte («accroc à coco»), et les mots "opium", "poison", "addict", "injection", n’évoquent pas l’addiction ?
L’addiction oui, mais pas uniquement celle liée à la drogue. Cette chanson fait référence à ces femmes fatales des années 30 dont je vous parlais précédemment, et à leurs pouvoirs de séduction sur les hommes. Une véritable addiction possible pour ces derniers, devant leurs beautés à tomber par terre. Marlene Dietrich osait par exemple porter le pantalon, fumer comme les hommes alors que c’était très tabou pour une femme de l’époque, sans pour autant en oublier sa féminité, l’érotisme, et même ce côté lesbien assumé. Elle assumait aussi de porter la culotte comme on dit. C’est là qu’on se rend compte que ces femmes là, de Marlene à Coco Chanel, étaient très en avance sur leur temps.

Vous reprenez également le tube de la chanteuse Esther Galil, « Le jour se lève », une chanson qui a remporté le concours de la "Rose d'Or" en 1971, pour quelles raisons ?
Simplement parce que j'aime beaucoup cette chanson. Et puis c'est François Bernheim, l'auteur de mes premiers titres, dont notamment « Mon mec à moi », qui en a signé le texte.

Vos derniers concerts impressionnent par leur finesse, leur recherche, leur élégance, mais surtout leur incroyable modernité. N’avez-vous pas peur cependant de dérouter votre public en proposant quelque chose de moins naturel que d’habitude ?
Tout cela est voulu. J’ai déjà réalisé beaucoup de concerts, micro à la main, courant de droite à gauche. Cette fois, je me suis entourée de gens du théâtre et de l’opéra car je voulais une vraie mise en scène, des tableaux, des éclairages particuliers. Ma dernière tournée est plus qu’une simple série de concerts, c’est un spectacle contemporain, accessible et populaire. Je ne crois pas que mon public soit dérouté, même s’il est vrai que les gens en ressortent étonnés.

Vous n’hésitez pas non plus à danser des chorégraphies modernes, certaines chansons comme « Entrer dans la lumière » ou « Je voudrais la connaître » sont d’une extrême intensité. Comment faites vous pour avoir toujours la même perfection dans la voix ?
(sourire) Je la travaille beaucoup.

Certaines images projetées lors du concert sur un écran géant, d’un très bel esthétisme, en noir et blanc, parfois dans les tons rouges, ne sont pas dénuées de messages… que représente cette femme nue, ces images presque érotiques, pendant « Je voudrais la connaitre » ?
« Je voudrais la connaître », c’est l’histoire d’une femme qui apprend que son mari la trompe et qui veut absolument tout savoir d’elle dans les moindres détails, de son odeur, au prix de la chambre d’hôtel dans laquelle ils ont fait l’amour. Les images projetées représentent ce qu’elle s’imagine… et la nudité est pour moi aujourd’hui tout à fait naturelle et courante.

Et cette étrange forêt, cet espèce de château hanté, lors du tableau de « Entrer dans la lumière » ?
La forêt est inspirée du film « Rebecca » de Alfred Hitchcock. Entrer dans la lumière, c’est aussi entrer dans la vie, dans l’amour, ou au ciel, c’est selon. C’est en tout cas aller vers l’inconnu. C’est comme ça que j’ai voulu représenter cette chanson.

Quant à l’échelle sur la chanson "Une dernière fois" (actuellement offerte sur le site officiel) que vous avez co-écrite et qui parle de votre maman qui n’est plus de ce monde ?
L’échelle représente l’infini. C’est elle qui me permet d’aller vers le ciel, vers ma maman.

A un moment précis du spectacle, vous lisez l’extrait d’un texte, de quoi s’agit-il ?
C’est un texte extrait d’un livre de Marguerite Duras, « La maladie de la mort ». Ce challenge était intéressant pour moi, et je vous avoue que j’ai eu beaucoup le trac au début, moi qui suis plus à l’aise en musique. Ces quelques lignes font le lien vers la chanson « Les hommes qui passent ». Il parle de ses prostituées qui disent qu’elles veulent que l’homme de passage reste, pour une fois…

Vos concerts sont déjà complets un peu partout, et cela sans véritable grosse promotion… comment l’expliquez-vous ?
Je n’explique rien du tout (sourire)… j’éprouve simplement une grande fierté, car c’est magnifique que le public réponde toujours présent, après vingt-deux ans de carrière. Je ne les en remercierai jamais assez.

Votre tournée va parcourir le monde près de cent soixante-dix dates ! C’est impressionnant ! Passerez-vous également par Londres, comme le font beaucoup de chanteurs français ces dernières années ?
Non, ce n’est pas prévu. L’Angleterre est particulièrement fermée en matière de musique, où ses habitants écoutent en grande partie de la pop anglaise. Même s’il est vrai que la tournée « Piano Bar » avait été plutôt bien accueillie à l’époque… mais cette fois nous n’envisageons pas d’y aller avec « Kabaret ». Si c’est le cas finalement dans quelques mois, ce sera la cerise sur le gâteau (sourire).

La Russie par contre vous accueille à bras ouverts : une trentaine de dates y sont prévues, dans des salles très grandes, à Moscou ou à St-Petersburg par exemple. Vous êtes donc là-bas l’égérie pour deux années d’une chaine de cosmétiques, vous y avez fait une pub TV, un duo avec le groupe russe Umaturman « Pozvonish Ne Skajesh » qui a été un succès en début d’année… et d’après votre « film institutionnel », votre nom serait connu là-bas par plus de 95% de la population russe, entre 25 et 50 ans ! Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Là encore je n’explique rien du tout. J’en suis la première étonnée, et ravie évidemment. Je crois que les russes aiment la culture française, simplement. Et puis je crois que physiquement je représente pour eux les femmes de l’Est. C’est donc tout un ensemble de choses.

Découvrez le clip de Patricia Kaas et Umaturman, "Pozvonish Ne Skajesh" :


Croyez-vous que votre prestation à Tchernobyl en 1993, devant plus de 30 000 personnes, y a contribué ?
Non car ça avait déjà commencé avant… Le public russe m’était déjà fidèle avant la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Cette histoire d’amour entre la Russie et moi dure depuis vingt ans.

Pour finir, puisque vous évoquez les histoires d’amour, Patricia Kaas est-elle amoureuse actuellement ?
Oui, j’ai quelqu’un dans ma vie.

Merci beaucoup Patricia pour cette belle interview.
Merci à vous et à Charts in France.
Pour en savoir plus, visitez kabaretkaas.com.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Découvrez le nouveau clip de Patricia Kaas, "Et s'il fallait le faire" :

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