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vendredi 23 novembre 2012 17:34

Avec "Unapologetic", Rihanna propose un album osé, inégal et presque malsain

Par Charles DECANT | Rédacteur
Difficile de séparer la vie privée de Rihanna et sa musique dans "Unapologetic", où la chanteuse fait tout pour en empêcher l'auditeur. Le résultat frôle parfois le malsain, tandis que, musicalement, la star prend quelques risques sur des titres urbains un peu monotones, laissant derrière elle la dance. Mais c'est sur les ballades qu'elle brille le plus sur ce septième opus en sept ans, qui ne mettra personne d'accord.
Crédits photo : pochette de l'album ''Unapologetic''
Les fans de Rihanna et Chris Brown invitent depuis un bon moment le reste du monde à oublier la terrible agression dont la chanteuse a été victime il y a trois ans. « Ca ne regarde qu'eux », dit-on d'un côté. « Elle lui a pardonné, alors pourquoi pas vous ? », s'interroge-t-on de l'autre. « Tout ça ne devrait pas entrer en compte dans la façon dont on juge leur musique », dit-on encore. Mais avec "Unapologetic", c'est Rihanna elle-même qui met cette histoire sur le devant de la scène, une histoire violente et complexe qui transpire dans la quasi-totalité des titres de cet opus inégal, osé et parfois presque malsain.


Une maladresse ou un coup de buzz ?


Evidemment, on ne parle depuis trois semaines que du duo avec Chris Brown sur "Nobody's Business", un gros doigt d'honneur à tous ceux qui ont un avis sur la question. Après tout, c'est son droit. Si Rihanna veut dire "F*CK" aux critiques, qu'il en soit ainsi. Mais étaler de la sorte son amour à grand renfort de minauderies n'était pas forcément la meilleure façon de faire. « Every touch becomes infectious, let's make out in this Lexus », chantent les deux tourtereaux qui s'imaginent même devenir « un modèle » de couple. C'était pourtant il y a à peine trois ans que Chris faisait autre chose qu'embrasser Rihanna en voiture, une agression pour laquelle il est toujours sous contrôle judiciaire. Le pire, c'est que Rihanna ne semble pas être passée à autre chose. « Felt like love struck me in the night, I pray that love doesn't strike twice », chante-t-elle sur "Love Without Tragedy", évoquant donc cet amour qui frappe, dans tous les sens du terme. Et sur "No Love Allowed", elle va plus loin. « Your love hit me to the core, I was fine until you knocked me to the floor », avoue-t-elle, se disant « prête à mourir sur le champ ».

On pourrait penser que Rihanna est (juste) naïve, maladroite ou qu'elle s'en fout et souhaite faire part de sa douleur, trois ans après, d'être confrontée à un amour qu'elle sait (peut-être) mauvais pour elle. Mais, connaissant la star et son don pour le buzz, on ne peut s'empêcher d'envisager que tout ceci ne soit que du marketing, une énième façon de choquer, de faire parler, jusqu'au prochain album. On est loin de la posture de la chanteuse sur "Rated R", un album intéressant qui montrait Rihanna à la fois vulnérable et battante. Ici, on est dans l'exploitation d'un fait divers dont la star dit pourtant vouloir se défaire.


Un album inégal mais osé


Et à cause de Rihanna elle-même, il est impossible de parler de "Unapologetic" sans parler de tout ça, ce qui fait inévitablement passer la musique au second plan. Ce qui était peut-être le but, après tout. S'il est décevant à la première écoute, ce septième opus en sept ans se révèle petit à petit. Dommage que la chanteuse ait souhaité coller tous les titres urbains et midtempo en ouverture. "Phresh Out the Runway", mais surtout "Numb", "Pour It Up", "Loveeeeeee Song" et "Jump" sont monotones et s'enchaînent mollement, malgré quelques trouvailles côté production. On peut d'ailleurs applaudir la star : au lieu de suivre la tendance, cette fois, c'est elle qui tente de la lancer, laissant derrière elle la dance qui a fait le succès de ses deux derniers albums. Un seul titre y replonge encore et c'est David Guetta qui s'y colle. Et s'il brille en co-producteur sur "Phresh", il livre un titre digne d'une face B avec le navrant "Right Now", dont les paroles sont tristes à pleurer.

La deuxième moitié de l'album est beaucoup plus éclectique et intéressante. Malgré le côté malsain,"Nobody's Business" est efficace et frais, rappelant le début des années 90. Le double titre "Love Without Tragedy / Mother Mary" est puissant, "No Love Allowed" rappelle les sonorités dancehall de "Man Down" mais c'est surtout sur la sublime ballade "Stay", duo avec Mikky Ekko, que la chanteuse brille. "Stay" est un bijou qui rivalise avec la simplicité et la puissance de "Diamonds", hit mondial écrit pour elle par Sia. Si seulement Rihanna pouvait laisser de côté la provoc et le déballage et se concentrer sur des titres de ce genre, elle en serait peut-être moins fascinante - dans tous les sens du terme - en tant que popstar, mais ses albums en seraient sans doute plus agréables à écouter.

"Unapologetic" va faire couler beaucoup d'encre, et c'était sans doute le but. Entre introspection et attaque envers les critiques, l'opus puise maladroitement dans la vie privée de la star. La musique, plus osée, passe au second plan de cet opus inégal, indéniablement intrigant mais un peu pauvre en hits potentiels.
Pour en savoir plus, visitez rihannanow.com et la page Facebook de Rihanna.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Rihanna sur Pure Charts.

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