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samedi 03 juillet 2021 12:24

Nolwenn Leroy en interview : "Aujourd'hui, je me sens mieux dans mes baskets"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
De retour avec le single "Brésil Finistère", Nolwenn Leroy se confie au micro de Pure Charts. Heureuse d'accorder sa première interview pour ce projet, la chanteuse raconte les changements entourant sa carrière, sa rencontre avec Benjamin Biolay, la naissance de ce tube pour l'été, et l'arrivée de son prochain album.
Crédits photo : Yann Rabanier
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Tout d'abord, comment as-tu vécu l'année 2020 avec le Covid et ses confinements ?
Sincèrement, je crois qu'on s'est tous un peu accroché, on a fait ce qu'on pouvait. C'était sans précédent, on ne pouvait se référer à rien de ce qu'on avait pu vivre avant. J'en parlais avec ma grand-mère l'autre jour, qui a vécu des guerres, et elle ne pensait jamais vivre une guerre comme celle-ci, qui est sournoise. Et c'est vrai. C'est pour ça d'ailleurs que les anciens ont certainement eu du mal à se protéger au départ, parce que c'était dur à comprendre pour eux, de faire face à cet ennemi caché. C'était très angoissant.

C'est un métier difficile, il faut savoir se protéger
Artistiquement, cette année a eu une incidence sur ton projet ?
Moi ça ne m'a pas du tout inspirée. Je n'avais pas envie d'être présente sur les réseaux sociaux, déjà que ça ne me ressemble pas à la base de montrer ma tête et d'occuper l'espace pour tout et pour rien. Je ne sais pas, je me suis plus renfermée qu'autre chose, ça ne m'a pas donné envie d'écrire des chansons sur le confinement. Je n'ai pas eu de confinement créatif. J'étais dans le repli d'un point de vue artistique parce que, par ailleurs, c'était quand même l'occasion de me retrouver à la maison avec mon petit garçon. En réalité, je n'avais pas levé le pied depuis que j'attendais mon bébé. Donc là j'ai posé mes valises, j'ai été un peu sédentaire. Le premier confinement, je l'ai presque bien vécu d'un point de vue familial et dans ma vie privée, ça m'a fait un bien fou. Le deuxième confinement, il était dur. Il était temps de refaire de la musique, de réécrire à nouveau. J'avais besoin de me nourrir à nouveau. La musique, c'est ma nourriture à moi ! (Rires)

Gros changement aussi : tu étais jusqu'ici ta propre manageuse, et maintenant tu as deux managers. Pourquoi cette décision maintenant ?
C'est sûr que ce n'est pas anodin au bout de vingt ans... Ce qui a généré cette envie-là, c'est certainement l'arrivée de mon petit garçon. C'est un peu technique et le public ne s'en rend peut-être pas compte mais les artistes ont souvent une équipe autour d'eux. Moi, je travaillais seule, c'était intense. Il y avait beaucoup d'échanges, de retours, de mails... Je m'occupe beaucoup de mon fils et je préfère passer du temps avec lui plutôt que de répondre à des mails. Et puis la stratégie, la construction d'un projet... Je me reposais énormément sur ma maison de disques. J'ai aussi changé de label, qui est Polydor. Effectivement, il y a beaucoup de changements mais c'est le bon moment. J'étais prête à refaire confiance. C'est un métier difficile, il faut savoir se protéger, j'avais beaucoup d'angoisses mais aujourd'hui j'ai assez de recul pour savoir à qui je peux faire confiance. Maintenant, je suis une grande fille ! Au début, on tâtonne, on ne sait pas trop, je préférais être seule que mal accompagnée. Je suis d'un naturel méfiant et je le serai toujours, mais je me sens mieux dans mes baskets.

Et puis, en tant qu'artiste, on ne peut pas tout faire...
Faire confiance à des gens qui sont expérimentés dans un certain domaine, ce n'est pas une mauvaise chose. Certaines personnes peuvent t'apporter ce dont tu as besoin, m'aider par exemple à ouvrir certaines portes qui sont encore fermées, à déverrouiller certaines choses. J'ai compris que je ne suis pas obligée de le faire toute seule, je peux avoir de l'aide de personnes qui sont de bons conseils.

Benjamin Biolay c'est le patron de la chanson française
Après "Gemme" et "Folk", tu avais des envies particulières pour ce nouvel album à venir ?
J'ai eu le temps d'y penser en effet, ça fait quand même quatre ans depuis "Gemme" ! Là, ce qui s'est passé, à la fois c'est totalement cohérent mais à la fois c'est un bonheur qui m'est tombé dessus. Ce n'est pas quelque chose que je suis allée chercher. Benjamin [Biolay, ndlr] est entré en contact avec moi pour savoir si ça me brancherait de travailler avec lui. C'était en janvier 2020, avant le premier confinement. D'un coup, c'est un truc qui vient du ciel, où tu te dis : "Ah ouais, ça pourrait être génial".

Tu ne l'avais jamais envisagé ?
J'ai toujours été une grande admiratrice, de son travail, autant en tant qu'acteur que chanteur et musicien d'ailleurs. Je le respecte beaucoup. Benjamin Biolay c'est le patron de la chanson française, dans tout ce qu'elle a de beau et de grand. J'étais super honorée. On s'était croisés à plusieurs occasions, comme aux Victoires de la Musique. Mais ensuite, il y a eu le confinement, le temps s'est écoulé, son album est sorti, et on s'est retrouvés par la suite. Je me demandais si c'était toujours d'actualité vu que son album a été un énorme succès. Et il m'a dit qu'il était à fond !

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Vous avez travaillé ensemble en studio ou les chansons étaient déjà prêtes ?
On s'est d'abord vu plusieurs fois, on a échangé de longues heures ensemble sur nous, nos vies, notre enfance... C'était quelque chose de très important pour moi de me retrouver dans cette situation. Ça ne m'était pas arrivé depuis ma collaboration avec Laurent [Voulzy, ndlr], il y a quasiment vingt ans. Sinon je partais aux îles Féroé, un peu partout, à écrire dans mon coin, à faire ma petite cuisine. Je reconfie les rênes, je lui laisse les clés. C'était une démarche importante pour moi. Après, je ne laisse pas les clés à n'importe qui non plus, j'étais en grande confiance. Mais me retrouver dans cette situation où je découvre des chansons qu'on a pu écrire pour moi, c'est quand même un grand moment. Donc on s'est vu plusieurs fois, et ensuite il m'a fait écouter les chansons écrites après nos échanges, et ça correspondait vraiment à ce qu'on s'était dit. Benjamin Biolay il n'a pas de fond de tiroir, ça n'existe pas. Il est toujours dans la création, il ne s'arrête jamais.

C'était comment de travailler avec lui ?
C'est quelqu'un qui a une capacité de travail énorme, ça va très vite dans sa tête. C'est très impressionnant, je n'avais jamais vu ça de ma vie. Il a une compréhension de la musique, il sait tout de suite ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins, il a une capacité d'analyse assez incroyable. On travaille très vite du coup, c'est assez instinctif, et très instantané dans les prises de voix. J'ai très peu chanté en fait. A la fois, je lui ai donné les clés mais il m'a laissé totalement libre de mon interprétation. J'ai beaucoup appris à ses côtés.

Brésil Finistère, c'est un petit clin d'oeil à ma Bretagne
Tu reviens donc avec le single "Brésil Finistère". L'alliance est d'ailleurs assez surprenante quand on lit le titre...
Oui, c'est vrai que ça raccroche les wagons avec ce que j'ai pu faire précédemment, c'est un petit clin d'oeil à ma Bretagne, même si ce n'est pas une chanson celte ou bretonne, mais je ne pouvais pas passer à côté. C'est une chanson qui donne envie de chanter et de bouger. Je l'entends dans beaucoup de discours d'artistes en ce moment, tout le monde a envie de faire danser les gens, de prendre l'air, respirer un bon coup. Ce n'est pas du tout une chanson sur le confinement mais forcément ça a eu un impact sur nous, dans la création. L'universalité de la danse aussi, du Brésil au Finistère, de la samba au fest-noz. La danse, c'est quelque chose qui rassemble, qui fait du bien. Mais même au-delà de danser, d'être ensemble.

Tu as senti la puissance de la chanson dès que le début ?
Ah oui, tout de suite ! Alors pourquoi le Brésil ? Je me suis demandée, parce que ça aurait pu être l'Argentine vu les attaches de Benjamin. Mais Brésil, ça marchait bien, Argentine c'était trop long. C'est aussi simple que ça, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. (Rires) Cet album sera très équilibré aussi bien musicalement que dans les thèmes, mais là pour cet été, c'est de ça dont on avait envie. Cette chanson s'est imposée à tous, on l'adorait tous. On ne devait pas la sortir aussi rapidement mais on s'est dit que c'était dommage de passer à côté d'une chanson aussi agréable pour cet été, à écouter en vacances...

C'est un album qui est très personnel
Tu écriras toi-même des textes sur l'album ?
On a co-écrit une chanson avec Benjamin qui porte le titre de l'album. C'est une chanson hyper importante de par son thème que tu découvriras plus tard. C'était important même si ce n'était pas du tout la démarche de base. J'étais partie pour me confier totalement à Benjamin... Il y a certains thèmes, sujets et chansons qui n'auraient pas existé si je les avais écrites moi-même. Parfois, certaines personnes arrivent mieux à exprimer des choses que toi tu n'arrives pas à exprimer seule. Elles trouvent certains mots que tu ne dirais pas toi. Je suis d'un naturel assez taiseux, j'ai souvent tendance dans mes chansons à utiliser la métaphore, avec plusieurs degrés de lectures. J'aime ça mais c'est aussi parfois parce que j'ai du mal à dire les choses. Il m'a fait du bien là-dessus aussi. Et c'est ce qui marche dans l'époque, et c'est sans doute dû au succès de l'urbain, il y a un côté plus direct dans la manière d'écrire les textes. J'en avais besoin. De quelque chose à la fois direct et à la fois poétique, et c'est ce qui fait la force de Benjamin, de ses textes.

En termes de sonorités, les chansons de l'album seront dans la veine de "Brésil Finistère" ?
Je suis encore en studio, on finit les mixes de l'album, je peux pas trop en parler encore. La seule chose que je peux te dire, c'est qu'il y a un très bel équilibre sur l'album, qui est très personnel, et qu'il y a vraiment tous les marqueurs de la musique de Benjamin de toutes les époques. Si tu connais bien la musique de Benjamin, tu verras qu'il y aura de très belles cordes, du piano-voix... C'est un album fort pour ça, et il est aussi fait pour la scène, parce que sincèrement je suis hyper impatiente de chanter ces chansons sur scène, ça va déchirer !
Plus d'informations sur nolwenn.org et sur la page Facebook de Nolwenn Leroy.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Folk" de Nolwenn Leroy.

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