Crédits photo : Nathalie Delépine
Chacune de ses prises de parole est aussi rare que commentée. A l'occasion de la sortie de son documentaire "L'ultime création" sur Amazon Prime Video, Mylène Farmer s'est confiée lors d'une interview exclusive accordée au Parisien. Au fil de l'entretien, la chanteuse revient sur la création du documentaire, son rapport « vital » avec le public, « sa peur de l'abandon » ainsi que sur sa discrétion : « Quelqu'un de proche dit souvent de moi que je suis le loup, celui qui vit au fond des bois, et quand l'heure de monter sur scène arrive, je deviens loup-garou. Mais je ne suis pas consciente de ce double mouvement ». L'artiste, qui se dit fan de Billie Eilish, est également revenue sur des sujets de société à l'instar de l'actuelle crise de coronavirus, qu'elle décrit comme une période « effrayante et douloureuse pour tant de personnes » : « Je pense souvent à ceux que l'épidémie a encore plus isolés comme les malades, les personnes âgées mais aussi à ceux qui n'ont pas d'autre choix que d'être en première ligne et qui sont dangereusement exposés ».

"Tout est exposé, scruté, commenté"

L'interprète de "L'âme dans l'eau", pour qui le port du masque n'est pas une contrainte (« Je peux disparaître dessous »), assure avoir passé un confinement marqué par une invasion de souris ! « Je me suis occupée de mes animaux… J'ai patienté, comme tout le monde. Bien entendu, je suis consciente que les conditions de mon confinement m'ont permis de trouver le temps moins long que d'autres » estime Mylène Farmer pour qui l'atteinte à la liberté est une « expérience douloureuse » mais « nécessaire pour des raisons sanitaires ».

Et pour celle qui chantait venir d'une génération désenchantée, le constat est clair : « Le monde a terriblement changé ! ». « Je ne suis pas certaine qu'un grand vent de liberté souffle sur notre époque où tout est exposé, scruté, commenté parfois sans filtre ou respect de la personne… La transparence est un diktat. Vivre librement sa sexualité ne devrait malheureusement plus être un sujet » analyse la chanteuse pour qui le monde d'aujourd'hui est comparable à « un désenchantement bien plus réel et plus douloureux » : « J'ai l'impression que plus les années passent, plus ce monde ne nous offre plus l'espoir possible d'un réenchantement ».