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Muse au Stade de France : un show futuriste et angoissant à la "Black Mirror" (REPORT)

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Vendredi et samedi, Muse a emmené le Stade de France dans l'univers dystopique de son "Simulation Theory World Tour", où la technologie et le cauchemar ne font qu'un. On y était, on vous raconte !
Crédits photo : Bestimage
Alors qu'un soleil orangé entame son lent déclin à l'horizon, le générique de "Stranger Things" grésille et résonne dans les enceintes suspendues au toit du Stade de France. Pour son dernier album, Muse a choisi de remonter le temps pour faire corps avec les années 80, terreau d'oeuvres rétro-futuristes adorées par Matt, Dom et Chris. Mais à bien considérer l'énorme show construit par le trio britannique sur ce "Simulation Theory World Tour", c'est plutôt la série anthologique "Black Mirror" qui a servi d'évidente d'inspiration. Déjà en 2015 avec "Drones", la formation exposait son attrait pour les nouvelles technologies, les dérives du futur et l'aliénation du monde, des thèmes suffocants qui prennent véritablement vie sur cette nouvelle série de concerts. Pas l'ombre d'un des trois musiciens lorsque les premières notes résonnent dans l'arène de Saint-Denis sur les coups de 21h20. En guise d'accueil, une patrouille d'agents équipés de visières de protection lumineuses débarque d'une démarche hostile, battant la mesure de l'introductif "Algorithm". D'une trappe secrète, Matthew sort du ventre de l'avant-scène avec une veste LED sur le dos, le regard masqué par des lunettes électroluminescentes. En petite foulée, il rejoint ses comparses pendant que les spectateurs du premier rang sont nerveusement toisés par les gendarmes. Immersion immédiate.

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De l'énergie nucléaire à revendre


Cette sensation d'être en permanence surveillé par une menace invisible se matérialise sur "Psycho", premier vrai moment de ferveur populaire, puis "Break It to Me". Au son des riffs acérés de la guitare électrique de Matt, la milice réapparaît au bord de l'écran géant déployé sur toute la largeur de la scène pour le descendre en rappel. En combinaisons blanches, des lampes torches dans les mains, les silhouettes nous donnent l'impression de suivre un épisode de "Chernobyl" dont la dimension cataclysmique est renforcée par une profusion de lumières vertes. Sur "Propaganda", nos amis inhospitaliers arrosent la foule d'une épaisse fumée blanche à l'aide de lances dignes d'un film de science-fiction. Hélas, ces mesures préventives n'empêchent pas la propagation d'un étrange virus et bientôt, la plateforme est envahie par une horde de zombies radioactifs... Pendant ce temps, Muse affole les décibels et se déchaîne avec une énergie dévastatrice sur "Plug In Baby", "The Dark Side" et "Thought Contagion". Anxiogène, vous dites ? Attendez de voir surgir, dans un glaçant sursaut, le monstrueux alien articulé qui se tient prêt à nous faire revivre les pires horreurs du film de Ridley Scott !




La belle surprise des fans français !


Si la taille du Stade de France et son ciel ouvert rendent forcément le spectacle moins immersif que lorsque Muse avait investi l'AccorHotels Arena en 2016, la débauche de moyens employés, couplée à des visuels saisissants, en colle plein la rétine. Pour ne pas assommer le public avec les morceaux, soyons honnêtes, moins éclatants de son dernier opus, Muse prend soin d'intercaler un tube à l'ancienne entre chaque nouvelle composition. Judicieux car les "Supermassive Black Hole", "Hysteria" et "Time Is Running Out" resteront éternellement de purs moments d'euphorie collective, et Muse maîtrise sur le bout des doigts sa partition. Impérial durant ces deux heures frénétiques, Matthew semble ne rien avoir perdu de sa jeunesse fougueuse lui qui, à 41 ans, bondit toujours comme un adolescent et chante encore d'une voix claire comme au premier jour. Le Stade de France, officiellement devenu le stade où - cocorico - Muse s'est produit le plus de fois dans sa carrière, a eu le droit à un titre bonus par soir, "Undisclosed Desires" pour le premier, "Bliss" pour le second. Une charmante attention que les fans français de Muse ont récompensé le deuxième soir en créant, à la plus grande surprise du groupe, les mots « Welcome To The Simulation » au moyen de quelques 4.200 ballons lumineux. Sur "Starlight", bien sûr. Effet garanti !

Quiconque a déjà assisté à un concert de Muse sait que le groupe déborde de générosité pour son grand final. Cette fois-ci, pour le rappel, la bande entame un gros quart d'heure bouillant passant en revue les morceaux les plus explosifs et tapageurs de son répertoire. Le public exulte en reconnaissant "Stockholm Syndrome" puis le trop rare "Assassin" avant "Reapers" et "The Handler", le combo gagnant de l'album "Drones". "New Born" parachève le tableau dans un déluge électrique en mettant les 75.000 spectateurs parisiens en condition pour l'incontournable sortie qui débute par le fameux "Man With a Harmonica" d'Ennio Morricone. La tradition est perpétuée, la montée en puissance de "Knights of Cydonia" met le Stade et le groupe en transe : Matthew finit par fracasser sa guitare contre une ampli. Round terminé. Le trio est déclaré vainqueur par K.O !




Setlist des concerts de Muse au Stade de France


Algorithm
Pressure
Psycho
Break It to Me
Uprising
Propaganda
Plug In Baby
Pray (High Valyrian)
The Dark Side
Supermassive Black Hole
Thought Contagion
Hysteria
Bliss (le 6 juillet)
The 2nd Law: Unsustainable
Dig Down (acoustique)
Undisclosed Desires (le 5 juillet)
Madness
Mercy
Time Is Running Out
Houston Jam
Take a Bow
Starlight

Rappel :
Algorithm
Stockholm Syndrome / Assassin / Reapers / The Handler / New Born
Knights of Cydonia
Retrouvez Muse sur son site officiel et sa page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Muse sur Pure Charts.

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