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lundi 08 juin 2015 11:35
Muse en interview : "C'est un vrai album de rock... Pas un brouhaha ambiant !"
Avec son septième album, Muse prône un véritable retour aux sources. Derrière "Drones" ? Tout un concept, où désespoir, aliénation et liberté s'entrechoquent dans un maelstrom rock'n'roll et électrique. Confidences de Chris Wolstenholme, le bassiste du groupe.
Crédits photo : Danny Clinch
Propos recueillis par Yohann Ruelle. Peut-on dire que cet album est né sur les routes ? En quelque sorte ! Matt a commencé à écrire de nouvelles chansons sur les dernières dates du "Unsustainable Tour". Mais en tant que groupe, on a commencé à se mettre au travail en mai 2014. Les répétitions se sont enchaînées, et on a passé une bonne partie de l'été dans sa maison. Les vacances n'ont pas été très reposantes. (Rires) J'ai cependant le sentiment que le concept de "Drones" est comme l'aboutissement de tout ce qu'on a fait auparavant. C'est la somme d'éléments que l'on peut piocher dans des anciennes chansons comme "Citizen Erased" ou sur l'album "Absolution". Même si les thèmes abordés y sont différents, il y a une filiation naturelle. Une énergie plus brute C'est pour cette raison qu'il sonne plus brutal et sourd que "The 2sd Law" ? Des chansons comme "Reapers" semblent clairement taillées pour la scène.C'était important pour nous de reconnecter avec cette idée du trio. On est revenu à une simple configuration guitare-basse-batterie. Au fil de nos derniers disques, l'influence de l'électronique et de la musique classique s'est fait plus imposante jusqu'à "The 2sd Law", qui est un projet aux multiples directions. Chaque chanson possède une production différente et saute d'un genre à l'autre ! Là, on voulait un album plus cohérent, du début à la fin. C'est pourquoi on a fait appel à un seul et unique producteur, Mutt Lange, et qu'on a tout enregistré dans la même pièce, au Warehouse Studio de Vancouver. Il y a toujours ces petites touches additionnelles, mais l'énergie qui s'en dégage est clairement plus brute. Quand je l'écoute, je n'ai pas le sentiment de pouvoir le classer chronologiquement dans notre carrière. Écoutez "Reapers" de Muse : Comment s'est passée la collaboration avec Robert "Mutt" Lange, producteur légendaire de Shania Twain et AC/DC ? On a eu de longues et passionnantes discussions en amont. Son nom a surgi bien avant qu'on se mette au travail. "Back in Black" d'AC/DC (1980) est un album culte, qui a fait partie de nos sources d'inspiration. Cette puissance, cet intemporalité... C'est ça qu'on a eu en ligne de mire ! L'avoir avec nous en studio nous a fait un bien fou, en tant que musiciens. Sur "The Resistance" et "The 2sd Law", j'ai l'impression qu'on a passé trop de temps en cabine à gamberger sur des détails de production, à les fignoler, en perdant peut-être de vue l'essentiel. Il nous a semblé important de passer beaucoup plus de temps de l'autre côté de la vitre, dans la salle d'enregistrement. C'est là qu'on fait ce qu'on sait faire de mieux : jouer de nos instruments ! Cependant, Mutt n'est pas qu'un producteur, c'est aussi un musicien lui-même et sa vision, sa musicalité, nous a aidés à façonner le "Drones" qu'on voulait. Il a fait très attention à ce que chacune de nos personnalités puisse s'exprimer... Avec le rock, c'est facile de tomber dans un brouhaha ambiant. Il fallait sortir de notre zone de confort Il paraît qu'avec lui, ça ne rigole pas !Je n'ai reçu aucun coup de bâton, promis (Rires). C'est un travailleur acharné. D'habitude, une ou deux prises nous suffisaient... Là, c'était plutôt 25 ! C'est un perfectionniste mais un passionné. Tu sais une fois il m'a dit : "Je suis marié à la musique". Pour lui, c'est l'émotion qui prime et ça ne veut donc pas dire que tout doit être absolument parfait. A chaque prise, il nous encourageait à tester différentes choses et à sortir de notre zone de confort. Que représentent ces "Drones" aliénant le héros ? Je crois qu'il s'agit de la société dans son ensemble. Il suffit de regarder autour de nous pour se rendre compte à quel point on est prisonniers. Notre dépendance à la technologie est terrifiante. En 20 ans, la façon dont les hommes communiquent entre eux a considérablement changé. Tu peux faire des courses sans quitter la maison, tu peux avoir une vie sociale sans rencontrer personne... Tout est possible avec des machines. L'album parle de ça mais pas seulement, il évoque ces hommes psychotiques qui gouvernement des pays ou des multinationales, dont l'influence s'étend sur le monde. Il parle aussi de l'homme et de son propre ennemi, lui-même, des dommages qu'il cause à la planète... Crédits photo : Danny Clinch Peut-on parler d'un album pessimiste ? Plutôt oui. Le constat est amer, surtout qu'il s'agit d'un cycle en perpétuel répétition. On ne sait pas réellement si le héros gagne ou perd sa bataille, si l'auto-destruction finit par l'anéantir ou s'il renaît de ses cendres. Un peu comme la vie, en fait. Néanmoins, il y a ça et là des moments d'espoir à saisir, au détour d'une parole ou d'une mélodie. On ne changera pas le monde... mais on peut essayer C'est un moyen de réveiller les consciences ?Non non, on essaie pas de prêcher quoi que ce soit. On ne veut éduquer personne ! Les paroles de Matt sont le reflet de ce qu'il ressent. C'est sa vision des choses, depuis son point de vue. On ne changera pas le monde : on est pas assez puissants pour ça. Mais on est assez puissants pour dire ce que l'on pense. C'est ce que dit en substance "Revolt". Le narrateur prendre conscience qu'il ne pourra pas changer le monde, mais qu'il peut quand même essayer de se battre pour lui, et pour sa propre liberté. Pourquoi avoir choisi d'inclure un discours de John F. Kennedy parmi les chansons ? Pour le symbole ? L'utilisation des dialogues est très importante sur ce disque, et cette chanson en particulier. C'est le moment où le protagoniste se libère de ses chaînes et ne répond plus au contrôle des machines. Ce discours sur la liberté de la presse prononcé par le président Kennedy durant la Guerre Froide nous a paru s'imbriquer avec pertinence dans cette histoire. C'était un moyen aussi de recentrer l'auditeur sur le sens et le message des morceaux, qu'il est facile d'occulter en les écoutant séparément. On a un concept fort et il ne fallait pas laisser trop de place à l'interprétation - et surtout aux mauvaises interprétations. Écoutez "JFK" et "Defector" de Muse : Vous aviez des oeuvres en tête pour ce concept ? Pas vraiment. Comme je disais, "Drones" s'inscrit dans la continuité de thèmes abordés sur "Black Holes and Revelations" ou "The Resistance" et c'est surtout ces albums-là qui ont nourri ce nouveau disque. Bien sûr, le parallèle le plus évident à faire serait "1984" de George Orwell. Mais la guerre en Irak ou le 11 septembre sont autant d'événements qui ont eu une incidence directe ou indirecte sur le projet. Quand tu regardes les chaînes d'infos, tu peux ressentir en quelques secondes ce manque d'empathie qui gangrène la société actuelle. Alors comment doit-on interpréter le "Amen" final ? Personnellement... (Il marque une pause.) Peut-être qu'il n'y a pas de combat. Peut-être que c'est juste une illustration des hauts et des bas, des troubles émotionnels que l'on traverse durant notre vie. Peut être qu'il faut simplement accepter que rien n'est acquis. Que nous revivons des cycles. Pour le coup, c'est à chacun de donner le sens qu'il souhaite à cette déclaration de foi... La tournée sera spectaculaire Après "Dead Inside" et "Mercy", des idées pour le prochain single ?C'est toujours un casse-tête. (Rire) On n'a pas écrit de chanson en se disant que ça serait un single. C'est une histoire qu'on déroule, n'importe quel titre pourrait donc en offrir un aperçu : "Revolt", "Reapers", "Aftermath"... Le choix le plus dur reste celui du premier single mais pour nous ça a été assez simple : on a pris la première chanson, "Dead Inside", qui présente le héros et sa situation. Une tournée se profile à l'horizon. A quoi peut-on s'attendre visuellement ? A plein, plein de surprises. Là encore, le concept de "Drones" nous facilite la tâche ! Pour chaque chanson, on a demandé à l'artiste américain Matt Mahurin de créer un artwork. Il est revenu vers nous avec des dessins splendides, très frappants, comme celui qui est finalement devenu la pochette de l'album. Cela va être très intéressant de matérialiser ses idées sur scène. Et pourquoi pas de véritables drones pour survoler le public et interagir avec lui ? Les possibilités sont illimitées. Ça sera spectaculaire. Regardez le clip "Dead Inside" de Muse : Un dernier mot sur Mylène Farmer ? L'an dernier, beaucoup de rumeurs ont circulé sur l'éventualité d'une collaboration... (Confus) Mylène qui ? Mylène Farmer. (On lui montre une photo. Il secoue la tête. ) Non, désolé... Ce n'est pas à l'ordre du jour. Je ne sais pas ce qui a été dit exactement. Peut-être qu'il s'agit d'un projet en secret avec Matthew ? C'est possible, Matt est quelqu'un qui fourmille d'idées. Mais à ma connaissance, il n'y a pas eu de rencontre...
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