Maurane

Crédits photo : Sylvain Gripoix
Chacun des albums de Maurane est l'assurance de passer un bon moment. C'est sans prétention que l'artiste chante depuis maintenant quarante ans sans que sa musique n'ait pris la moindre ride. Le sentiment de déception nait souvent d'une trop grande attente. Pour Maurane, ce n'est pas tant qu'on n'attende plus rien, c'est tout simplement que l'on sait par avance que l'album sera bon. "Fais-moi une fleur", qui débarque dans les bacs aujourd'hui, ne déroge pas à la règle avec ses douze titres. Faisant suite au disque de reprises "Nougaro ou l’espérance en l’homme", "Fais-moi une fleur" démontre que l'artiste a encore des choses à dire, et surtout des poèmes à chanter.

Parfumé à la sève des arbres et coloré par le pistil des fleurs, il symbolise le retour de la chanteuse à ses racines. Car c'est dans le jazz que la Belge s'est dans un premier temps illustrée. Passionnée par ce registre et celui de la musique brésilienne, Maurane donne ses premiers spectacles dans des boîtes de jazz de la capitale belge. Ce qu'il en reste aujourd'hui ? Le meilleur, évidemment, et le saxophone, plus particulièrement. Il habille plusieurs chansons et s'offre même un solo sur la chanson "Mon ange veille". Maurane a fait appel au ténor américain David Sanborn. Une rencontre qui s'est produite à New York, cette cité géante où Maurane a enregistré son dixième opus en seulement six jours. Autre participant de grand talent, Toots Thielemans dont l'harmonica contrebalance la voix rauque de la chanteuse sur "Face B".

Du côté des orchestrations et des arrangements, là aussi Maurane a fait le choix de la simplicité. Peu de cordes hormis un violon et une viola souvent placés en retrait, comme c'est le cas sur "Qu'est-ce que je vais te dire", "Opus en si bel homme majeur" et "Peplum". Des cordes, c'est la mandoline qui se taille la part du lion avec une très belle introduction pour "Je me sens bien". Le piano a semble-t-il servi de base à l'écriture. Il est présent sur la plupart des titres et donne une tonalité jazzy, une ambiance piano-bar qui convient tout à fait à Maurane, notamment pour "Sous le tilleul". Mais ce sont les cuivres qui résonnent le plus souvent dans nos oreilles, registre jazz oblige. Les cors, les clarinettes et les trombones rythment sans mal la presque totalité des morceaux pour apporter une dimension tantôt mélancolique, tantôt plus sereine comme c'est le cas pour le single "Fais-moi une fleur".

Regardez le nouveau clip de Maurane, "Fais-moi une fleur" :


Ce premier extrait est une invitation à entrer dans le jardin secret de Maurane. Elle a fait appel à Jean-Claude Vannier, Art Mengo, Brigitte Fontaine, mais également à Julien Clerc qui signe "Qu'est-ce que je vais te dire". Hormis les inlassables sentiments amoureux, la Bruxelloise chante le disparu Henri Salvador. Un hommage rendu dans une "Face B" subtilement écrite et référencée. Mais c'est sans doute la chanteuse Juliette qui lui offre le meilleur moment de cet album avec "Le diable dans la bouteille". Un duo inspiré et bourré d'humour où l'alcool enivre deux voix : «Cette chanson nous concerne toutes les deux, Juliette et moi. Elle m'a dit qu'elle avait mis de nombreux noms d'alcool dedans, mais pas le champagne parce qu'il s'agit de mon péché mignon » déclare Maurane. Un disque alcoolisé par ses textes et ses arrangements, mais pas par la voix de l'artiste que l'on sait puissante. Pas de prise de risque, pas d'excès. C'est d'ailleurs ce qui caractérise le mieux cet opus à la température printanière qui se referme sur un "Peplum" automnal.




Pour défendre ses nouveaux morceaux, Maurane sera en tournée dès cet automne avec pour commencer trois concerts à l'Alhambra du 3 au 5 novembre. Elle sera notamment à La Bourse du Travail de Lyon le 11 mars 2012, le 20 mars au Théâtre Sebastopol de Lille et à l'Espace Delta de Pleurtuit le 12 mai. D'autres dates devraient prochainement être annoncées, et l'ouverture de la billetterie est attendue.