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lundi 05 mai 2014 16:10

Lily Allen : "Les clashs et le drama, c'est ce qui excite les gens"

Par Matthieu RENARD | Rédacteur
Lily is back ! C'est aujourd'hui, le 5 mai, que sort "Sheezus" le troisième album très attendu de la plus espiègle des popstars britanniques. A cette occasion, la peste des charts était de passage à Paris pour défendre ce nouveau projet et nous a accordé une interview. Rencontre.
Crédits photo : DR
C'est à l'hôtel de Sers que le rendez-vous est donné. L'artiste enchaîne les interviews et nous disposerons seulement d'une poignée de minutes pour nous entretenir avec elle. Souvent amusée, parfois agacée, la Londonienne de 28 ans, qui ne lâchera pas sa cigarette électronique pendant l'entretien, a prouvé une fois de plus qu'elle avait du caractère.

Propos recueillis par Matthieu Renard.

Bonjour Lily, comment vas-tu ?
Je vais très bien et toi ?

Ça va pas mal non plus ! Ça fait quatre ans qu'on ne t'avait pas vue, depuis la sortie de ton dernier album. Tu as eu deux bébés depuis, pourtant ce nouveau disque, "Sheezus", ne parle pas vraiment de maternité et d'enfants.
Hmm, ouais. Une ou deux chansons parlent du fait d'être maman... Mais comme avec mon dernier album, il s'agit plus de commentaires sur la société et la culture pop. C'est comme ça que j'ai choisi le nom de l'album, qui est un clin d'œil à Kanye West. Il y a même de la politique à certains moments. J'évoque aussi l'amour, mes relations... Mais c'est juste les mêmes choses qu'il y a quatre ans ! Je suis peut-être un peu plus mature, je ne sais pas.

" J'ai grandi et ça s'entend "
Ok, donc tu n'as pas changé ?
Si, j'ai changé, sinon ça serait exactement le même album que la dernière fois. Donc oui, j'ai changé. J'ai un peu grandi, et ça s'entend.

On dirait que tu es plus sage... Il y a une chanson qui s'appelle "As long as I've got you". Tu chantes : "Rester à la maison avec toi, c'est mieux que de me coller des trucs dans le nez"...
Oui je voulais... Non en fait je ne voulais rien, j'ai juste trouvé quelqu'un avec qui j'aimais passer du temps. C'est mieux que de passer du temps avec de gens qui n'en valent pas la peine (rires).

Parlons de la première chanson de l'album "Sheezus". C'est au sujet des gens qui comparent bêtement sans cesse les popstars féminines entre elles : Rihanna, Katy Perry, Beyonce, Gaga...
Oui ?

La concurrence a l'air quand même intense ! Kylie Minogue m'a dit il y a quelques semaines qu'il n'y a avait pas de place pour tout le monde, "il n'y a que dix places dans le top 10"...
Et bien moi je pense que parmi les dix places du top 10, cinq devraient être des femmes ! (rires) Oui, c'est vrai que maintenant c'est probablement comme ça, elle a raison.

Regardez le clip de "Sheezus", le nouvel extrait du troisième album de Lily Allen



" On aime croire qu'il y a une vraie liberté d'expression "
Quand tu as parlé de cette chanson, tu as dit que ça ne passerait jamais à radio car il y a le mot "règle" dedans, ce qui avait semblé t'énerver.
Non. Je ne suis pas du tout énervée, je comprends très bien. C'est juste triste selon moi. Tu vois "Fuck You" est un énorme tube ici, en France, alors que ça n'a jamais été une chanson importante en Angleterre. Elle n'a jamais été diffusée une seule fois à la radio parce que c'est trop vulgaire et les gens... Tu sais on aime croire au Royaume-Uni qu'il y a une vraie liberté d'expression, une liberté de la presse. Mais en réalité, quelqu'un, quelque part, décide de ce qu'il pense être offensant et de ce qui ne l'est pas. Donc non, je ne suis pas du tout furieuse contre ma maison de disque et ses choix de singles mais contre la façon dont fonctionne le système. En définitive, je pense que tu finis juste avec un tas de merde quand personne ne dit rien.

C'est pour ça que tu as dit qu'à la fin de ton contrat avec ta maison de disque, tu voudrais exploiter ta musique différemment ?
Je crois seulement que c'est plus un truc du genre mettre de la musique dans un format différent. Fonctionner de façon traditionnelle ne marche pas nécessairement avec quelqu'un comme moi alors que ça marche avec d'autres. C'est tout.

Et tu as des idées ?
Je ne suis pas une femme d'affaires. J'écris juste des chansons (rires).

" Internet est un territoire dangereux "
Dans la chanson "Insincerely Yours", tu déclares : "J'en ai rien à foutre de tes Instagrams, de ta jolie maison et de tes horribles gamins". Tu trouve qu'on s'expose trop sur les réseaux sociaux ?
Oui, et moi y compris. J'ai lu un article qui disait que les gamins postaient jusqu'à 27 selfies par jour. C'est vraiment dingue car ça fait plus de deux entre le moment où tu te lèves et où tu te couches. Nos enfants évoluent dans un monde où ton apparence, la façon dont tu te présentes, l'image que tu renvoies aux gens, c'est plus important que ce que tu as à dire, ce que tu crois ou ce que tu es en tant que personne. C'est un territoire dangereux car ça fait des gens névrosés.

Tu vas préserver tes enfants de ça ?
Oui. Je les ai déjà enfermés dans une cage (rires). On n'a pas de télé ni d'électricité là où nous vivons !

Sérieusement, tu aimerais vivre dans un monde sans Internet ?
Si quelqu'un rentrait dans la pièce maintenant, et me proposait de supprimer internet, j'appuierais sans hésiter sur le bouton !

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De nos jours, c'est difficile d'être une popstar sans...
Non ! C'est très facile je t'assure...

Je voulais dire sans se dévoiler autant au public ?
Je pense que je suis un cas d'école intéressant. Je raconte tellement de choses dans ma musique que je ne peux retourner ma veste et critiquer les gens qui en montrent beaucoup. Tu vois ? C'est ce que je fais. Si je jouais de la guitare comme une virtuose, si je pouvais transmettre les émotions avec un instrument, je le ferais car, putain, ça serait beaucoup plus facile. Malheureusement, ce n'est pas mon cas. J'écris des chansons sur moi, ma vie et ce que je pense. Ça signifie que je laisse le monde entrer dans mon intimité. Après je mérite aussi d'être traitée comme un être humain. Les gens ne devraient pas être autorisés à pourchasser mes enfants avec des télé-objectifs...

" Tout ce qui compte aujourd'hui, c'est le sensationnel "
La pression des médias, tu trouves qu'elle s'est accrue ces dernières années ?
Je ne pense pas que la pression des paparazzi ait changé. Les médias, par contre, ne se sont pas arrangés. Tout ce qui compte aujourd'hui, c'est le sensationnalisme. C'est pire qu'il y a 10 ans où il fallait des gros titres pour vendre des journaux. Aujourd'hui les gens veulent juste des clics. C'est la folie du clic. Quelqu'un meurt, drogues, etc... Quel que soit le sujet, tout est négatif, tout est tourné sous l'angle de la catastrophe, du drama, du clash... Parce que c'est ce qui excite les gens ! C'est vraiment crade... Tu vois, dans la presse musicale, parfois, ce que tu lis n'a rien à voir avec la musique. Genre quelqu'un qui n'est pas directement lié à la musique meurt. Pourquoi t'en parles ? Parce que les gens cliquent et il y a de la pub. C'est pas du journalisme, c'est de la merde.

Mais les stars en jouent aussi, non ? Regarde la provocation dans la musique, tu trouves pas que c'est monté d'un cran ces derniers temps ?
Qu'est ce que tu veux dire par "provocation dans la musique" ?

Il y a plusieurs exemples... Les prestations de Miley, les clips de Rihanna...
Pas vraiment. David Bowie allait déjà loin à l'époque. Les choses ont toujours été provoc et sexy dans la musique. C'est lié à l'émotion, non ? Je crois que les gens devraient cesser de juger les femmes qui enlèvent leurs vêtements. C'est ce qu'ils font tous...

Retrouvez notre critique titre par titre du nouvel album de Lily Allen.

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