Kate Bush

Six ans après "Aerial", Kate Bush revient avec un nouvel opus fait d'anciens titres ajustés dans de nouvelles versions. Faire du neuf avec du vieux, ou donner un aspect aérien à de l'ancien, c'est le pari fou dans lequel s'est lancée l'une des artistes les plus modernes de la décennie 80. Un titre qu'elle n'a pas perdu mais qu'elle souhaite confirmée en 2011, ce qui n'est pas chose aisée. "Director's Cut" est le fruit d'un long travail de réécriture : celui d'une scénariste et d'une réalisatrice. C'est avec une approche cinématographique que Kate Bush reprend les titres de deux anciens albums : "The Sensual World" (1989) et "The Red Shoes" (1993).

"Director's Cut n'est pas une simple compile mais un remaniement qui donne aux dits morceaux un tout nouvel aspect. S'ils ne nous font pas oublier la version originale, leur écoute doit se faire avec une oreille attentive et non comparative pour éviter la déception. C'est le constat qui nous est donné à faire sur le premier single "Deeper Understanding" dont les ajouts électro ne collent pas vraiment avec l'ambiance générale du morceau. La voix de Kate Bush est méconnaissable alors qu'elle est la force et l'originalité de cette artiste. A son écoute, on imagine sans mal Kate Bush s'amuser à l'apprentie sorcière sur une table de mixage, ce qui dans un sens, reflète tout à fait ce projet. Toutefois, la formule s'avère bien meilleure pour la plupart des autres titres.

Bon point pour "The Red Shoes" dont les nouveaux arrangements convainquent et ne dénaturent pas le titre original. C'est sans aucun doute la réussite de cet opus : mêler les vieilles boites à rythme ( pour la plupart tombées en désuétude) à des sons presque novateurs. Kate Bush réussit avec "The Red Shoes" là où elle échoue avec "Deeper Understaning", travaillant sa voix avec dextérité sans aller trop loin. Même constat pour les titres "Songs Of Salomon" et "Lily". "Du grand Kate Bush" pourraient s'exclamer certains ! De même que "Flower Of The Mountain" est plutôt bien réalisé : là encore, ce rafraichissement du titre "The Sensual World" est efficace mais l'auditeur se perdra entre la version originale et son adaptation. Pour le coup, Kate Bush aurait pu aller plus loin dans son idée. Idem pour "Never Be Mine" et "And So Is Love" pour lesquels un très bon travail a été fait mais méritait d'être creusé davantage. Dans un autre registre, "Top Of The City" et "Moments Of Pleasure" laissent apparaître les faiblesses d'une femme. Les nouveaux arrangements sont plus nombreux mais très délicats et plus transparents. Enfin, l'hésitation sur la figuration ou non du titre "Rubberband Girl" est tout à fait compréhensible car l'ambiance rock ne colle pas vraiment avec les autres pistes. Mieux aurait valu s'arrêter à "And So Is Love" ?

"Director's Cut" est à disque à écouter : il faudra pencher son oreille pour profiter de ses vertus tranquillisantes. Sobre et sans fioritures, il donne à entendre des titres épurés dont les sonorités plus ou moins novatrices ne s'accordent pas toujours avec les arrangements originaux qui n'auraient peut-être pas dû être réemployés. On attend la suite !



Crédit photo : Katebush.com