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Christophe Willem en interview (partie 2) : "Je ne fais pas des choix commerciaux"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Dans cette deuxième partie de notre interview avec Christophe Willem, pour la sortie de son album "Rio", le chanteur évoque sa relation compliqué avec son physique, raconte son amitié avec Zazie, sa volonté de ne pas publier d'album de reprises de Michel Berger et révèle le plus grand regret de sa vie.
Crédits photo : Yann Orhan
Dans la première partie de notre interview, Christophe Willem raconte comment son voyage à Rio a influencé son quotidien, il s'oppose à la génération du buzz, évoque les critiques et revient sur les aléas de la célébrité.


Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Est-ce que l'album "Rio" est venu aussi d'un ras le bol de tout ce qui nous entoure ? Tu parles de la société, c'est une première. Tu chantes aussi l'acceptation de soi, la religion…
C'est l'un des albums sur lequel j'ai le plus écrit, mais finalement c'est celui où je parle le moins de moi et plus de ce qui m'entoure. Mais en réalité, à travers ce que je dis, ça me définit moi davantage. Chaque sujet est arrivé au fur et à mesure. Le premier c'est "Louange", je me suis rendu compte que la religion était partout. J'ai écrit tout le texte dans la foulée. La prise de recul m'a permis d'écrire là-dessus. Finalement, chaque titre s'est répondu. Le thème de l'album c'est le lâcher prise, s'alléger des choses inutiles. Mais mon angoisse, c'est qu'on dise que c'est très donneur de leçons. C'est vraiment pas le thème. J'observe le monde dans lequel je vis, et je m'inclus dedans.

En télé aujourd'hui, on te demande tout et n'importe quoi
Dans "Vivement qu'on vive", tu commences par dire "Toi j't'aime pas" dans ton miroir. Tu as toujours un problème avec ton physique ?
Oh bah oui… C’est paradoxal car autant la notoriété t’aide sur certains points, autant elle te refout dans la gueule ton image. Tu es quelqu'un de public donc tu tombes sur un truc, à la télé, sur Internet… Je ne regarde jamais les émissions dans lesquelles je suis. Avec le temps, et c'est pas forcément lié au fait d’être connu, je me suis rendu compte que le premier pas de l'acceptation de soi, c'est d'apprivoiser ce qu'on n'aime pas. A un moment, tu n'es pas gaulé, ça ne sert à rien de prendre trois tonnes de protéines et de passer huit heures en salle de sport. Tu ne seras jamais Rambo mais tu seras autre chose. Tu fais le deuil de ça. Et puis, toute cette singularité, tous tes complexes qui font qu'on t'a fait chier quand tu étais jeune, c'est ce qui a fait que les gens t'ont aimé. Il faut cultiver nos défauts. Une fois que tu apprivoises ça, tu apprends à vivre avec et donc tu apprends à t'aimer un peu plus tous les jours.

On pourrait se dire que c'est un peu contradictoire de ne pas s'aimer et de faire le métier que tu fais non ?
Ah mais si j'avais le choix je ne ferais pas d'émissions de télé. J'en refuse souvent. Pour ces paramètres et pour d'autres. En télé aujourd'hui, on te demande tout et n'importe quoi. Quand tu es artiste et pas un people… Moi chanter pendant 2h30 les chansons des autres, ça ne m'amuse pas. On ne peut pas vivre tout le temps dans cette nostalgie collective. Tout le monde te dit que le disque ne fonctionne plus, que le divertissement en télé ne marche plus, mais on ne propose aux gens que des trucs qui ont 115 ans. C'est difficile… J'accepte de faire des télés quand j'ai l'assurance de chanter mon titre.

Zazie c'est ma bonne fée
Tu chantes aussi sur ce titre "Si on te mate, te formate". Tu as eu la sensation d'être formaté à un moment de ta carrière ?
Franchement non. Musicalement, en tout cas. Au niveau de l'image peut-être. Parfois, mes albums on a dit : "On ne comprend pas ce qu'il fait", mais moi ça me parle. C'est un instantané de ce que je suis. Mais quand tu fais un album, tu es dans une démarche très très précise, et à coté de ça les gens qui doivent communiquer sur cette musique ne la comprennent pas de la même manière. Mon précédent album "Paraît-il" par exemple, il était plus adulte, mais il ne correspondait pas aux bons médias pour le faire connaître car il était dans autre chose. Je ne sais pas si je suis clair... Mais le formatage existe à partir du moment où toute industrie commerciale existe. Encore une fois, autant l'accepter et en jouer.

Regardez Christophe Willem chanter "Marlon Brando" en acoustique :



Il y a deux textes de Zazie sur l'album. Travailler ensemble, c'est comme une évidence ?
Oui… Il y a un petit côté "la bonne fée qui te donne le coup de grâce". Je savais que ces deux titres-là, je voulais que ce soit elle. "Nos balles perdues", la mélodie bizarrement sonne comme du Zazie. Elle m'a dit : "C'est ouf"... Enfin non, Zazie ne dit pas : "C'est ouf" ! (Rires) Elle m'a dit "C'est marrant car c'est typiquement une mélodie que j'aurais pu écrire". Du coup, c'était naturel pour elle d'écrire dessus. Pour "Vivement qu'on vive", elle a voulu faire un texte un peu générationnel. Le thème de base de l'album, c'est celui-là.

J'ai noté quelques références à Zazie dans tes textes, notamment à sa chanson "Slow" quand tu chantes "pour danser le slow" sur "Rio". J'imagine que c'est voulu...
Totalement !

Sur ma carrière, je ne changerais rien
Zazie les a vues ?
Je ne sais pas.... Personne d'autre à part toi les a vues. La chanson "Slow" de Zazie est pour moi un chef d'oeuvre. La référence était évidente mais ce n'était pas flagrant, juste un clin d'oeil. Sur un des titres que j'ai écrit seul, une journaliste belge m'a juste dit que ça se sentait que j'ai travaillé avec Zazie. Même si ce n'est pas la même écriture... Je n'ai pas le talent de Zazie. Il y a malgré tout une dynamique de double lecture dans pas mal de textes. Elle m'a dit qu'on sentait quand même un lien. Moi ça me flatte.

Il y a un titre qui s'appelle "Restart", une sorte d'hymne pour les stades. Si tu avais la chance de revenir en arrière pour recommencer quelque chose, ce serait quoi ?
Putain, je savais qu'avec cette chanson, on allait me poser cette question ! (Rires) Sur ma carrière, je ne changerais rien car chaque chose t'emmène où tu es aujourd'hui, et il n'y a rien à regretter. Le seul truc dans ma vie privée... Au début de ma carrière, j'étais happé par un truc. Je me suis rendu compte cet été, j'étais dans une petite maison de campagne de famille en Auvergne. J'y allais souvent quand j'étais petit. Une tante habitait dedans. En y allant, je me suis rendu compte que je n'y étais pas allé depuis 15 ans, que la tante en question était décédée et que je n'étais pas allé à son enterrement. D'autres gens étaient décédés pendant que moi j'étais en pleine explosion, mais je ne trouvais pas essentiel par rapport à ce que j'étais en train de faire. Et là, quand tu réalises ça, tu te dis que quand même ça pue. J'adore mon métier, c'est magique, mais ma vie ne repose pas dessus. L'essentiel, ce n'est pas de briller.

"Je ne fais pas des choix commerciaux"
En parallèle, tu as aussi un autre projet : la carte blanche Michel Berger aux Francofolies qui a pris un peu plus de place que prévu. Pourquoi ne pas avoir sorti un album de reprises ?
(Sourire) Tout le monde m'a demandé. Mais ce n'est pas du tout mon truc. C'est flatteur, les gens ont aimé le spectacle, on a dit que c'était fait avec humilité. Mais ça garde ce côté magique car c'était un one shot. Pour même te dire, il y avait une date prévue à Paris en décembre et finalement on l'a annulée. Une réédite n'est jamais aussi bien que le truc unique.

Commercialement, ça aurait pu être intéressant...
Evidemment ! Mais quand tu regardes attentivement ce que je fais, c'est quand même très clair que je ne fais pas des choix commerciaux. Je fais des choix qui me paraissent vrais. C'est justement parce que tout le monde me dit de le faire que je ne le fais pas. Quand on vise le court terme et le coup commercial, on se trompe. Ma relation avec Sony se jauge dans la confiance l'un envers l'autre, et non en ventes de disques. Après, si tu rencontres un vrai succès commercial, c'est du plus. Mais le but ce n'est pas ça.

Finalement, en quoi Rio de Janeiro a changé ta vie ?
Je me sens connecté à cet endroit. Même spirituellement. Au quotidien, ça a recentré les choses sur ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas. Même en promo quand un article devait paraître le jour de la sortie et qu'il ne sortait pas... Au final, c'est pas grave. Il faut apprendre à relativiser. Quand tu acceptes les choses telles qu'elles sont, c'est plus fluide.

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