Adrien Gallo

Crédits photo : DR Juliette Abitbol
Propos recueillis par Matthieu Renard.

Salut Adrien. On va faire une interview "à thème". Je vais te parler des couples de légende dans la musique.
Ok, très bien, c'est cool, ça change !

On commence avec Beyoncé et JAY-Z ?
J'étais sûr que tu allais commencer par eux ! (Rires) Alors, ça tombe bien, j'aime vraiment beaucoup. Les deux. J'adore Jay-Z. J'ai toujours aimé Beyoncé, même à l'époque des Destiny's Child, j'étais fan. Même Solange je l'aime. J'adore Dev Hynes, qui a produit son EP avec "Losing You". Super couple.

Vu que tu te lances en solo, tu n'es pas un peu la Beyoncé des BB Brunes ?
(Rires) On me l'a déjà faite ! Si si je suis la Beyoncé des BB Brunes. J'assume ! Et Ella, ma copine, c'est Jay-Z.

Tu as vu leur concert au Stade de France ? Avec ta copine, vous allez défendre l'album ensemble sur scène ?
Non, je n'étais pas en France malheureusement. Pour la scène, je serai seul. Elle pose juste sa voix sur l'album en filigrane, mais elle n'a pas envie de se montrer. Je comprends, c'est mieux pour nous. A moins d'une surprise... A la base c'est sa volonté, mais c'est vrai que je trouve que c'est mieux. Il faut protéger notre intimité, je suis pas du tout dans un truc d'exhibo et tout...

Les textes de l'album, vous les avez écrits ensemble ?
Non, c'est moi qui ai écrit. Mais elle a fait un peu office de directrice artistique car elle m'a conseillé tout au long du travail d'écriture. Elle avait tout le temps son avis à donner et chantait sur les chansons qui lui plaisaient. Si les chansons ne lui plaisent pas, elle ne fait rien ! Mais ça reste l'album d'Adrien Gallo.

Elle t'a inspiré les paroles ? Parce que ça parle de rupture quand même !
Ouais. Bah c'est ça qui est cool. Même si on n'est pas en train de se quitter, je peux inventer les choses. C'est parfois de la fiction totale, d'autres fois c'est autobiographique.

Gainsbourg et Jane Birkin, eux, s'exhibaient beaucoup. Ils représentent quoi pour toi ?
C'est un couple emblématique. J'adore leurs chansons...

C'est quoi ta chanson préférée ?
"Je t'aime moi non plus"...

Tu sais que cette chanson à la base avait été écrite pour Bardot, et Jane l'a chantée plus tard. Ce n'est pas très classe de la part de Serge...
Ouais je sais. C'est pas très cool. Mais j'aurais pu faire ça ! (Rires)

Cette semaine, Johnny Hallyday dans Télérama dit qu'il en a marre d'être considéré comme un chanteur de variété. C'est un rockeur. Toi tu te situes comment par rapport à ça ?
Moi j'ai pas de problème avec la variété. Je ne cherche pas à faire du rock à tout prix. Si Alain Souchon c'est de la variété, je veux bien être perçu comme un chanteur de variété ! Il y en a de la très bonne. C'est de la chanson. C'est vrai que cet album, c'est le moins rock. Mais je l'assume complètement.

Déjà, le dernier album des BB Brunes était beaucoup plus pop.
C'est vrai, c'était beaucoup plus produit qu'avant, plus pop. C'est une direction que j'ai prise à partir du moment où j'ai commencé à travailler sur des claviers, sur ordinateur. Le premier album à l'inverse c'était complètement garage, fait sur l'instant.

Comment tu expliques qu'aujourd'hui, on n'écoute presque plus de rock ?
Si, regarde les Strokes, Arctic Monkeys...

Oui, mais à Rock en Seine, les têtes d'affiche c'est Lana Del Rey et Portishead. Les groupes rock aujourd'hui font évoluer leur son, avec des touches d'électro ou du psyché-rock...
C'est peut-être un truc de mode, cyclique, je pense que ça reviendra. Il ne faut pas raisonner en termes de tendances mais plus en termes de qualité de songwriting, d'arrangements et d'univers. C'est surtout ça.

Tu as fait comment pour définir le contours de ce que tu voulais faire avec "Gemini" ?
C'est vraiment instinctif. Sur "Mea Culpa", j'entendais déjà les choeurs de filles chanter la mélodie. C'est un mélange de petites visions et de recherches. Tu te lances sur ta boîte à rythmes et ton clavier et tu sais vite ce qui te plaît ou pas.

Michel Berger et France Gall, on en parle ?
Hmmm carrément. Sur deux chansons de l'album il est très présent, "Atlas" et "Copacabana". Véronique Sanson aussi. Ils sont très semblables dans leur manière d'écrire les chansons. J'adore ce couple.

Tu préfères le couple Berger - France Gall ou Berger - Véronique Sanson ?
Ah je ne peux pas répondre... C'est trop méchant ! (Rires)

D'ailleurs, qui dit France Gall dit... Alizée. Sur son album "5", elle a dit qu'elle s'était inspirée de France. Tu as écrit "Boxing Club" sur ce disque. Pourquoi ça a floppé ?
Je sais pas... J'aurais dû produire le titre. Moi j'ai envoyé le morceau et j'ai pas réfléchi au fait que c'était quelqu'un d'autre qui allait produire. J'étais pas content du résultat, de la prod. C'était mal mixé. J'aurais aimé être avec elle en studio et faire le titre de A à Z. Ça me servira de leçon pour plus tard. La prochaine fois, je fais tout un album, avec la réalisation. Je veux tout faire. C'est sûr que je le ferai.

Tu as travaillé avec Vanessa Paradis aussi.
Ouais, c'était hyper impressionnant. En même temps elle est tellement gentille qu'elle met tout de suite très à l'aise. Je me suis retrouvé à la diriger vocalement. C'était la première fois et je commence par Vanessa Paradis ! Grosse pression. Mais ça m'a pas mal appris. J'ai eu la chance d'écrire pour elle deux chansons, "La marée" et "Mi Amor" sur son album "Love Songs". C'était assez naturel, les mélodies sont venues naturellement. C'est une artiste qui inspire.

La chanson "Mi Amor" a été utilisée en synchro sur la campagne du parfum "Love Story" de Chloé. Ça rapporte beaucoup quand ta musique est utilisée dans une publicité ?
Ça apporte une jolie visibilité, les gens l'écoutent beaucoup plus, c'est cool. Sinon oui ça rapporte. Mais comparé à une autre époque c'est quand même différent. Ça a beaucoup changé. Tu vois, un artiste comme Bashung ne s'est pas imposé avec son premier album. Il a fallu attendre. Et ça les maisons de disques ne peuvent plus se le permettre. Aujourd'hui, quand un artiste ne marche pas dès le début, il est viré par sa maison de disques. Ça coûte cher de faire du développement. Si Bashung se lançait aujourd'hui, il n'aurait peut-être jamais réussi. C'est un peu triste.

Un mot sur Biolay ? Il est super engagé...
On n'a pas du tout le même caractère. J'ai des convictions mais c'est pas vraiment ma place. J'ai pas envie de donner des leçons par rapport à des crises vu que j'ai pas de solutions. Mon rôle c'est plus de faire oublier les crises.

Et les BB Brunes dans tout ça ?
J'ai déjà des chansons qui arrivent. Je prépare la suite. Mes amis vont me rejoindre à la fin du mois à Los Angeles, là où je vis depuis deux mois, pour qu'on commence à écrire des trucs.

On termine par quelques mots sur Los Angeles ?
C'est super agréable d'y vivre ! Il fait jamais froid, tu as l'océan. C'est très grand, très dense. J'habite vers Venice Beach, je suis très content, j'ai beaucoup de chance. Mais c'est cool de redécouvrir Paris à travers les yeux de touriste et d'en admirer la beauté.

Regardez le clip "Crocodile" d'Adrien Gallo :