Flashback Top 50 : qui était n°1 en mars 1960 ?

Par Yannick SUIVENG | Rédacteur
Un intérêt plus ou moins prononcé touche certaines décennies en matière de musique. Les années 60 en font partie, apportant un lot impressionnant de hits repris depuis des années par la tournée "Age Tendre" et plus récemment par la comédie musicale "Salut les copains". Yannick Suiveng, spécialiste des charts et auteur du Dictionnaire des tubes en France, vous propose de revenir sur ce début d’année 1960 qui marquera un tournant dans l’univers musical de notre pays.
Crédits photo : montage Pure Charts
Même si le rock'n'roll sévit depuis quelques temps aux Etats-Unis, cette année 1960 ne verra pas encore s’imposer les têtes d’affiche du mouvement yéyé. France Gall, Sheila ou Françoise Hardy ? Eddy Mitchell, Claude François ou les Beatles ? Rien de tout cela ! Ce sont les “anciens“ qui restent aux commandes du bateau. Le meilleur d’entre eux est loin d’être le plus connu. C’est Bob Azzam, un chanteur libanais, qui décroche la première place des hits pour ce mois de mars. Après avoir exercé son métier dans quelques pays européens dont les Pays-Bas, la Suisse et l’Italie, c’est en France que Bob Azzam pose ses valises pour nous apporter, durant quelques mois, son lot de chansons interprétées en français, mais aux sonorités arabisantes. Nous sommes en pleine guerre d’Algérie et son premier 45 tours connait immédiatement un grand succès. “Mustapha“ est numéro un des ventes.

Ecoutez "Mustapha" de Bob Azzam :



Ce chanteur baigne quelques temps dans cet univers bien kitsch, “Fais-moi le couscous, chéri“ et “C’est écrit dans le ciel" entrent une nouvelle fois dans le top 10 français. Il reçoit, cette même année, le Grand Prix du Disque avec "Viens à Juan-les-Pins", titre de bien meilleure facture.

"Salade de fruits" se retrouve à la seconde place de la Bourse des chansons, le classement de référence publié chaque mois par Le Figaro. Le titre est Interprété par Annie Cordy, mais également par André Raimbourg, alias Bourvil (nom du village ou il a grandit). Ce chanteur de cabaret pendant la Seconde guerre mondiale, a connu son premier succès en 1945 avec "Les crayons". Suivront "La tactique du gendarme" (1950), "Ballade irlandaise" (1958) et "Les Papous" (1960), avant que le comique se dirige principalement vers le cinéma qui lui fait les yeux doux. En 1970, quelques semaines avant de disparaître, il reviendra à ses premières amours en enregistrant "Ça (je t’aime, moi non plus)", parodie du célèbre titre de Gainsbourg, interprété ici au côté de l’actrice Jacqueline Maillan.

Visionnez le clip "Salade de Fruits" :



D’autres titres vont également marquer ce début d’année, le plus souvent interprétés par plusieurs artistes, comme il était d’usage à l’époque. "Le marchand de bonheur" est une chanson qui peut être citée en exemple. Elle a été enregistrée par une bonne douzaine d’artistes dont les plus populaires étaient Yvette Giraud, Maria Candido, Henri Decker, Josephine Baker, Georges Guetary, Dario Moreno et en premier lieu les Compagnons de la Chanson, une formation qui vend toujours autant de disques après 15 ans de carrière. Ces derniers sont une nouvelle fois présents dans le top 10 avec "Vénus" défendu par Gloria Lasso, Luis Mariano et bien d’autres.

Mais sur l’ensemble des ventes du mois, c’est bien Dalida qui reste la grande gagnante. Depuis ses débuts fracassants en 1956, la protégée de Lucien Morisse est toujours au sommet. Ce mois-ci, elle classe pas moins de six titres dans le top 20 français. "T’aimer follement", le meilleur d’entres eux, est également enregistré par un petit nouveau répondant au doux nom de Johnny Hallyday. La future idole des jeunes vient de signer son premier contrat chez Vogue. Ce premier 45 tours sorti le 14 mars 1960 marquera le début d’une nouvelle ère. Lucien Morisse, directeur des programmes d’Europe N°1, exaspéré de voir que Dalida est concurrencée par un "gamin" de 17 ans, casse en direct la version enregistrée par Johnny en jurant que le jeune inconnu ne passera plus jamais à la radio ! Mauvaise vision en quelque sorte !

Débuts prometteurs pour certains et fin de carrière pour d’autres. C’est le cas d’Edith Piaf qui propose "Milord", n°7 ce mois-ci, un de ses derniers grands succès. Rattrapée par la maladie et les déconvenues d’une existence qui ne l’aura pas épargnée, la "Môme" de 45 ans est déjà une vieille dame au crépuscule de sa vie.


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