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Le groupe Webedia se mobilise avec "Webedia for Good" à l'occasion des semaines d'information sur la santé mentale (SISM), et propose tout au long de la semaine du 9 au 15 octobre de nombreux articles et contenus autour de cette grande cause.
«
Et ça commence, en coulisses / Le trac, le stress, une loge / Et seule face au miroir / Jusqu'à quand vais-je pouvoir masquer le temps qui passe ? Combler le vide, les rides, et faire la farce » chante
Zazie dans "Ça commence", une chanson de son
nouvel album "Air" qui paraîtra le 17 novembre, soulignant le décalage parfois extrême entre la frénésie des concerts et «
le silence » qui l'assaillit lorsqu'elle se retrouve «
seule dans chaque hôtel », au gré des allers-retours incessants que requiert sa vie d'artiste.
Les tournées sont-elles dangereuses pour ceux qui ont décidé de faire de la musique leur métier ? Depuis l'effondrement des ventes physiques et l'avènement des plateformes de streaming, au système de rémunération décrié, la scène a repris une place essentielle au sein de l'écosystème artistique, ce que la crise sanitaire liée au Covid-19 et ses conséquences désastreuses sur la stabilité de l'industrie musicale ont mis en exergue en 2020. Pour certains hélas, s'embarquer dans une tournée demande un engagement humain trop coûteux.
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Star incontestée de l'année avec son tube
"Flowers",
Miley Cyrus a fait le choix de ne pas défendre son nouvel album "Endless Summer Vacation" en live,
un exercice qu'elle juge « très isolant ». «
Devoir subir tous les jours une relation avec d'autres humains où tu es observée et jugée n'est pas sain pour moi car cela efface mon humanité et ma connexion. C'est ce que les gens ne comprennent pas vraiment à propos des tournées : le show ne dure que 90 minutes, mais c'est votre vie » explique-t-elle sur TikTok, soulignant un rythme de vie éreintant jusqu'à l'extrême : «
Si vous performez à un certain niveau d'intensité et d'excellence, il devrait y avoir une quantité égale de récupération et de repos. Il y a un niveau d'ego qui doit jouer un rôle et qui, à mon avis, est surexploité lorsque je suis en tournée. Et une fois cet interrupteur activé, il est difficile de l'éteindre ».
"C'est pour mon bien, c'est pour ma santé mentale"
Le chanteur français Vianney tient le même discours. Après la fin de sa précédente tournée-marathon où il a assuré plus de 100 concerts, l'artiste de 32 ans a surpris le public en annonçant
faire une pause scénique « d'au moins trois ans ». «
J'ai connu les mois les plus intenses de toute ma vie ; aussi j'ai décidé de ne plus tourner avant quelques années » a-t-il indiqué à ses fans sur Instagram, avant de discuter plus longuement de
l'impact des concerts sur sa santé mentale dans l'émission
RTL Bonsoir fin septembre. «
J'ai appris à faire des choix un peu plus radicaux et le plus radical que j'ai fait c'est d'arrêter de tourner. Je sais qu'un jour probablement je reprendrai, mais je sais que j'ai besoin de plusieurs années sans la tournée. C'est pour mon bien, c'est pour ma santé mentale, familiale, physique, tout ce qu'on veut. Je sais que j'ai fait le bon choix aujourd'hui » explique celui qui est devenu
papa d'un petit garçon en 2021, et aspire donc à plus de sérénité pour
éviter un « burn-out » : «
C'est dur à prendre comme décision mais parfois il faut se faire violence et on ne regrette pas ».
"Prendre soin de soi, c'est une réussite"
Le récent cas de
Stromae est symptomatique des effets néfastes que l'organisation complexe d'une tournée, et le stress qu'elle génère, peuvent provoquer sur un artiste en pleine lumière, d'autant plus quand on opère, comme lui, à la direction créative du spectacle. Tombée en dépression après le "Racine Carré Tour" (209 dates aux quatre coins du monde) et la prise d'un traitement anti-paludisme, la star de la chanson belge avait planifié son "Multitude Tour" (démarré en 2022) avec plus de vigilance, imposant des temps de repos suffisamment longs entre les différentes séries de concerts pour qu'il puisse se préserver. «
Il y a une prise de conscience assez récente qu'un artiste du niveau de Stromae doit se prendre en charge comme un sportif de haut niveau » note la psychologue Sophie Bellet-Vinson auprès de
BFM TV. Le 9 mai dernier, le chanteur annonçait pourtant
l'annulation complète de sa tournée mondiale, au motif d'une «
dégradation de [son] état de santé ». S'il n'est pas fait mention de l'équilibre psychologique de Stromae, sa femme Coralie Barbie l'évoquera à demi-mot un mois plus tard dans
Ciné-Télé-Revue. «
[Une tournée qui s'annule], ça fait partie des changements que l'on peut avoir dans une carrière. Prendre soin de soi, c'est une réussite. Je n'oublie pas toutes les belles choses que nous sommes parvenus à créer pour le projet "Multitude". (...) Il faut rester positif et se concentrer sur tout le travail qui a été réalisé » a rappelé la styliste de profession.
A LIRE - Ce jour où Stromae a alerté sur la santé mentale en direct au JT de TF1
Adele, un cas d'école ?
Superstar de la pop,
Adele a semble-t-il trouvé la solution idéale à ses yeux. Souffrant de crises d'anxiété depuis le début de sa carrière, la diva britannique a parfois été paralysée par le trac au point de clamer dès 2017
ne plus vouloir enchaîner les concerts. «
Partir en tournée, ce n'est pas quelque chose où je suis bonne. Les applaudissements me rendent un peu vulnérable. Je deviens si nerveuse quand il s'agit de chanter en live que j'ai trop peur d'essayer quelque chose de nouveau. Avec cette peur de monter sur scène, je ne veux pas décevoir les gens. J'ai tellement le trac que je n'ai pas le courage d'improviser » avait-elle confié sans fard au public venu l'applaudir à Auckland, en Nouvelle-Zélande, pour célébrer le succès de son album "25". Aussi, celle qui
s'était interrompue, confuse, en pleine performance lors des BRIT Awards 2017 à cause du stress s'est établie avec sa famille aux Etats-Unis, où elle détient depuis novembre 2022
sa propre résidence à Las Vegas. Un compromis lui permettant de se produire en concert à son rythme et selon ses conditions, au Caesars Palace, à raison de deux concerts par semaine au maximum, sans qu'elle ne subisse le contrecoup des longues heures de transport. Et avec un public, restreint et dévoué, qui vient de lui-même à sa rencontre.
Pour le segment américain de son "Love On Tour" l'an dernier, Harry Styles avait d'ailleurs choisi le parti pari de s'établir dans plusieurs villes comme New York ou Los Angeles pendant plusieurs semaines, afin de proposer des mini-résidences dans des salles d'envergure comme le Madison Square Garden. Et si ce type de dispositif ouvrait une nouvelle voie aux artistes qui le désirent ?
Pour plus d'informations sur la semaine de la santé mentale, rendez-vous sur le site de Webedia.