samedi 22 janvier 2022 15:27

Les ventes de places de concerts sont au ralenti, des pertes importantes à cause d'Omicron

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Alors que le gouvernement vient d'annoncer la reprise des concerts debout pour le 16 février, l'industrie musicale est toujours fragilisée. Les ventes de places de concerts ralentissent et l'interdiction des spectacles de plus de 2.000 places a causé une perte de 100 millions d'euros pour le secteur.
Crédits photo : Bestimage
Le secteur musical a pu souffler un grand coup après les annonces gouvernementales du jeudi 20 janvier. Les jauges mises en places dans les salles et stades seront supprimées dès le 2 février et les concerts debout seront à nouveau autorisés à partir du 16 février, après un mois d'interdiction. Un soulagement pour les producteurs, qui avaient déjà dû reporter des concerts de Grand Corps Malade, Eddy de Pretto ou encore Alain Souchon. « Le gouvernement a écouté les préconisations que nous lui avions faites le 18 janvier. (...) On n’est vraiment pas loin de ce que l’on demandait. Et après tout ce qu’on a passé, on n’est plus à quinze jours près » se réjouit Olivier Darbois, représentant du tourneur Corida (PNL, Juliette Armanet) dans les colonnes du Parisien.

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100 millions d'euros de pertes


Il subsiste néanmoins quelques ombres au tableau. Les concerts debout étant à nouveau possibles le 16 février, soit dans près d'un mois, Orelsan devra par exemple attendre le 23 février pour pouvoir enfin démarrer sa tournée à Rennes. Grand Corps Malade, qui se produit en configuration assise mais dans des salles supérieures à 2.000 places, vient de reporter ses concerts de la semaine prochaine et ne pourra remonter sur scène que le 2 février, lui aussi en terres bretonnes. Mais les reports à répétition d'innombrables tournées commencent à lasser les spectateurs et cela se ressent dans les chiffres. En effet, selon des données du Centre national de la musique, l'interdiction des spectacles de plus de 2.000 personnes en intérieur depuis le 3 janvier a entraîné une perte de 100 millions d'euros, soit 50 à 66% des recettes prévues initialement pour toutes les représentations. « En incluant le manque à gagner sur les locations de salles, les revenus des bars et restaurants, du mécénat et du sponsoring, ce sera même 186 millions » précisent nos confrères des Echos.

"Les gens n'achètent plus de billets"


Pour le quotidien économique, cette nouvelle vague de Covid suscitée par le variant Omicron pourrait être la pire jamais enregistrée pour le secteur de la musique et des concerts. Angelo Gopee, le directeur de Live Nation France, explique que le découragement des spectateurs causé par les nombreux reports et annulations a une conséquence directe sur la chute des ventes de billets observée depuis plusieurs mois : « C'est simple, les gens n'achètent plus de billets pour les six prochains mois. Ils sont lassés des reports et exigent maintenant des remboursements ».

Selon une enquête menée par le Prodiss fin décembre, 85% des spectacles et concerts prévus pour le premier trimestre sont concernés par lesdites mesures de jauges qui prendront fin courant février. Ce sont même 93% des recettes qui seraient perdues pour ce trimestre si l'on prend en compte les concerts dans des plus petites salles en configuration debout. Et les producteurs comme Aurélien Binder (Fimalac) n'arrivent pas à suivre les différentes changements apposés par le gouvernement : « A chaque arrêt décidé en quelques jours, il nous faut six mois pour repartir. Nous ne rouvrons pas comme les restaurants ».



"Personne n'est en capacité de se projeter"


Même incompréhension du côté d'Aurélie Hannedouche. Après avoir craint une interdiction des concerts debout prolongée jusqu'en mars, la déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles (SMA) ne comprend pas ce « calendrier en deux temps » : « [Il n'y a] pas de raisons objectives et fondées scientifiquement sur le fait que les concerts debout seraient plus dangereux que les concerts assis ; on ne comprend toujours pas pourquoi on doit passer après ». Interrogée par Franceinfo, elle redoute que le public ne revienne pas véritablement dans les salles de concerts avant « des semaines et des mois » : « Toutes les études ont démontré qu'à partir du moment où les publics portaient un masque, qu'ils soient debout ou assis, les conditions de circulation du virus étaient exactement les mêmes (...) C'est quasiment toutes les tournées du mois de février qui sont déjà annulées, parce que personne n'est en capacité de se projeter ».

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