Billie Eilish, Laylow, Bleachers : 3 albums au banc d'essai

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Pure Charts passe en revue trois albums phares de l'été. Billie Eilish est plus honnête que jamais sur "Happier Than Ever", Laylow passionne avec "L'Etrange Histoire de Mr. Anderson" et Jack Antonoff relance Bleachers avec l'excellent "Take the Sadness Out of Saturday Night". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Montage Pure Charts / Pochette / Carlotta Kohl

Billie Eilish | "Happier Than Ever"


Don't worry be happy ?. « Je pense que je vieillis bien / J'aurais aimé que quelqu'un me dise que je ferais ça toute seule ». Voilà ce que lance Billie Eilish dès les premières secondes de "Getting Older". Car elle sait très bien qu'elle se trouve à un carrefour : propulsée superstar suite à l'immense succès de son album "When We All Fall Asleep, Where Do We Go ?" et du tube "Bad Guy", la chanteuse de 19 ans se doit désormais de transformer l'essai. Mais que faire : continuer dans la même veine ou changer complètement de direction ? Billie Eilish fait un peu des deux sur "Happier Than Ever", suite logique bien plus mature et cohérente de son premier disque. Tout d'abord puisque la chanteuse, aux côtés de son frère Finneas à la production, diversifie son univers, mêlant habilement pop, électro, R&B, rock et même bossa nova. Mais ce qui intéresse surtout dans "Happier Than Ever", ce sont ses thématiques. Car Billie Eilish a grandi et parle à coeur ouvert de son expérience et du succès qu'elle connaît depuis deux ans. Si elle clame n'avoir pas changé de numéro de téléphone (juste les gens à qui elle répond), l'artiste décrit comment la célébrité impacte nocivement des carrières ("Goldwing"), dénonce le sexisme ("Your Power") clame son insécurité permanente face à sa surexposition ("OverHeated") avant de répondre aux critiques sur le puissant "Not My Responsability", toujours avec sincérité et honnêteté. « Je peux à peine sortir dehors (...) Je devrais peut-être réfléchir à une nouvelle carrière / Quelque part à Kaua'i où je pourrais disparaitre » lance-t-elle notamment sur "NDA". D'ailleurs, comme sur son premier album, les singles déjà sortis ("Lost Cause", "Therefore I Am") apparaissent comme les moins bonnes pistes de l'album, au détriment de la magnifique ballade "Haley's Comet", assurément la grande réussite de "Happier Than Ever". Ainsi, après un premier disque en demi-teinte et un peu surestimé, Billie Eilish signe un deuxième opus plus touchant, honnête mais toujours aussi empli de spleen qui, à coup sûr, nous marquera plus que son prédécesseur. TB

Ça ressemble à l'album sincère d'une jeune star face à un succès pesant
A écouter : le somptueux "Haley's Comet", "Getting Older", les textes forts de "OverHeated" et "Not My Responsability"
A zapper : les singles "Therefore I Am" et "Lost Cause"


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Laylow | "L'Etrange Histoire de Mr. Anderson"


Wake up, Neo. C'est peut-être la claque hip-hop de l'année. Déjà l'auteur d'un solide premier projet avec ''Trinity'', Laylow éclabousse la scène rap de tout son talent dans "L'Etrange Histoire de Mr. Anderson", album-concept dont les 20 pistes, courtes mais percutantes, s'écoutent impérativement à la suite, à la manière d'un récit scindé en chapitres. Au cœur du fil narratif, Mr. Anderson donc, alter ego du rappeur toulousain dont la voix (celle de l'acteur Loïc Houdré) dévore chaque interlude pour mieux remonter le temps et retracer le parcours mouvementé de Jey, alias Jérémy Larroux, alias Laylow. Chaque morceau puissant, oscillant entre le réel et le songe, sert à raconter comment ce dernier a peiné à trouver sa place dans le monde, avant de trouver son salut à travers l'art. Des confrontations cinglantes avec sa mère (Maïk Darah, la voix de Whoopi Goldberg) dans l'incroyable ''Voir le monde brûler'' au crachin qui traverse ''Que la pluie'' et ''+ de pluie'', l'habillage sonore de l'album, exceptionnel, s'avère digne d'une œuvre de cinéma – l'autre passion de Laylow. « L'important c'est d'y croire » lance-t-il dans l'intro du titre ''Iversion'', et le rappeur a bien fait d'appliquer ses propos encourageants : difficile de ne pas être happé par les montagnes russes émotionnelles de son voyage musical, aux arrangements d'orfèvre, que vient renforcer la participation de Nekfeu, Damso, Hamza, Alpha Wann, Slowthaï et Fousheé. Une oeuvre abyssale et viscérale donc, hyper maîtrisée, qui se décline aussi en images : un court-métrage de 22 minutes est disponible sur YouTube. Immanquable ! YR

Ça ressemble à ''Fight Club'' couché sur microsillon
A écouter : ''Iversion'', les deux parties de ''Window Shopper'', le planant ''Spécial'' avec Nekfeu et Fousheé, ''Que la pluie''
A zapper : ''R9R-Line'' avec Damso




Bleachers | "Take the Sadness Out of Saturday Night"


Songe d'une nuit d'été new-yorkaise. Vous le connaissez sûrement comme le producteur de renom de Taylor Swift, Lana Del Rey ou Lorde. Mais quand il ne crée pas les chansons de vos stars préférées, Jack Antonoff en compose pour son propre groupe Bleachers qui, aujourd'hui, passe la troisième en proposant son nouvel album "Take The Sadness Out Of Saturday Night". Et si celui-ci sort en plein milieu de l'été, près de neuf mois après son premier single, c'est qu'il a tous les éléments d'un album estival avec sa pop solaire teintée d'une certaine nostalgie. Quatre ans après un "Gone Now" sautillant et synthétique (le tube "Don't Take The Money"), Jack Antonoff retrouve une énergie organique avec beaucoup de piano et de guitare, bien que les nappes de synthés très rétro soient toujours au rendez-vous. Ici, il y a quelque chose de plus adulte, de plus mélancolique aussi, le producteur/chanteur se confiant en chanson sur sa rupture avec l'actrice Lena Dunham. Fort de ses expériences musicales, Bleachers s'offre même des guests de luxe sur l'album : la voix rauque inimitable de Bruce Springsteen traverse "Chinatown", le chef d'oeuvre absolu du disque, tandis que Lana Del Rey pose quelques notes oniriques sur les excellents "Don't Go Dark" et "Secret Life". Si l'influence du Boss se fait entendre tout au long de l'album (excellents "How Dare You Want More" et "Don't Go Dark"), Jack Antonoff rend hommage aux Talking Heads sur "Stop Making This Hurt" qu'on croirait véritablement écrit par David Byrne, et n'oublie pas quelques ballades obligatoires ("45", "Strange Behavior"). En seulement 33 minutes et 10 superbes pistes, Bleachers nous fait passer par tout un spectre d'émotions sonores et musicales. Une réussite de tous les instants qui devrait nous accompagner jusqu'à la fin de l'été. TB

Ça ressemble à une promenade pop et nostalgique dans New York.
A écouter : le masterpiece "Chinatown", les puissants "Secret Life", "How Dare You Want More" et "Don't Go Dark"
A zapper : "What'd I Do With All This Faith?", pas ratée mais la piste la moins inoubliable de l'album


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