Les festivals d'été peinent à se remplir à cause du pass sanitaire

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Certains festivals d'été comme les Francofolies ou les Vieilles Charrues peinent à faire le plein malgré la présence de Vianney, Jean-Louis Aubert ou Francis Cabrel. Si le pass sanitaire, obligatoire pour les événements de plus de 1.000 personnes, est mis en cause, certains organisateurs de festivals demandent sa suppression.
Crédits photo : Abaca
C'est une mesure qui fait débat. Si les concerts ont pu reprendre petit à petit depuis la réouverture des lieux culturels le 19 mai dernier, un pass sanitaire est obligatoire depuis le 9 juin pour les événements accueillant plus de 1.000 personnes. Afin d'accéder aux concerts à grande échelle, les spectateurs doivent présenter un test PCR ou antigénique négatif de moins de 48 heures, une preuve de vaccination complète ou un certification de rétablissement du Covid-19. Une décision qui concerne également les événements musicaux de l'été, à leur plus grand dam. Alors que la plupart des gros festivals comme le Hellfest, Main Square Festival ou Rock en Seine ont été annulés, ceux qui sont encore maintenus doivent se plier aux règles sanitaires et décisions gouvernementales pour avoir lieu dans de bonnes conditions. Comme l'affirment nos confrères du Parisien, certains festivals comme Pause Guitare à Albi, les Vieilles Charrues ou encore les Francofolies peinent à se remplir. Et le pass sanitaire obligatoire en est la cause.



"On est tous grave en galère"


A Albi comme à la Rochelle, le constat est le même : les concerts de moins de 1.000 personnes, qui ne demandent donc pas de pass sanitaire, sont complets, mais les shows qui peuvent accueillir jusqu'à 5.000 spectateurs sont loin de faire le plein. Pourtant, les deux festivals accueillent des artistes comme Francis Cabrel, Vianney, Vitaa et Slimane ou Soprano, habitués à remplir les plus grands Zénith de France. « On est tous grave en galère. Aucun de mes grands concerts n'est rempli. Jamais je n'aurais pensé galérer pour remplir Soprano et Jean-Louis Aubert et on a vendu 1 000 places » se désole Alain Navarro, le directeur du festival Pause Guitare, qui assure que 90% du public « n'a pas envie de se déplacer » à cause dudit pass sanitaire.

L'abandon du pass sanitaire demandé


Comme Alain Navarro ou Gérard Pont, directeur des Francofolies, Jérôme Tréhorel des Vieilles Charrues estime que le problème réside dans « un problème de communication » face au pass sanitaire. « Les gens ne savent pas ce qu'il faut faire et où. Il faut une prise de parole forte, ministérielle voire présidentielle, pour les rassurer. Pour leur rappeler que ce pass est un sésame transitoire, pas une contrainte » explique le patron du célèbre festival breton, qui aura finalement lieu en configuration debout, tandis que Gérard Pont ajoute : « Maintenant que les concerts sont autorisés debout, le seul frein aux achats, c'est le pass sanitaire. Soit les gens ne comprennent pas bien comment il fonctionne, soit ils ne veulent pas acheter de billet à l'avance, car ils ont peur d'être positifs en faisant le test juste avant le festival ».

Ce dernier, à l'instar d'Alain Navarro, demande donc l'abandon du pass sanitaire, comme c'est déjà le cas pour les parcs d'attraction. S'il dénonce une situation « incompréhensible » et le fait qu'il y ait « deux poids deux mesures » avec un lieu comme le Puy du Fou, où le pass sanitaire n'est pas demandé, le directeur de Pause Guitare explique que le temps est compté car son festival, tout comme les Francofolies et les Vieilles Charrues, a lieu dans quelques semaines : « Vu l'urgence, il n'y a que cette décision qui peut nous sauver (...) On a travaillé dur, on a de belles affiches et on va être puni... Notre festival associatif va perdre beaucoup d'argent, alors que les festivals marchands qui ont décidé de ne rien faire vont très bien s'en sortir. C'est la double peine ».

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