Aya Nakamura, AC/DC, Ben Mazué : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares de ce mois de novembre. Aya Nakamura nous enflamme avec sa nouvelle fournée de tubes "Aya", AC/DC prouve que le rock n'est pas mort avec "Power Up" et Ben Mazué touche en plein coeur en parlant de rupture. Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Pochettes des albums / Josh Cheuse

Aya Nakamura | "Aya"


NakAMOURa. Personne ne s'attendait au succès dingue du deuxième album d'Aya Nakamura, au million de ventes dans le monde grâce notamment aux tubes "Djadja" ou "Pookie" qui ont explosé à l'international. Difficile de rebondir alors que l'attente est énorme ? Au contraire ! La chanteuse revient chargée à bloc sur "Aya", un album lumineux, certes sans surprise, où elle conserve la recette de sa machine à tubes, mais s'affranchit encore un peu plus des codes. Ainsi, tout au long de son projet, Aya s'amuse toujours à faire sonner l'argo ("Tchop") sans se soucier de ses détracteurs, varie ses sonorités (afro, soul, zouk, pop acoustique...), se laisse aller à chanter comme jamais - avec démonstration vocale au passage ("Fly"), et met à nu ses sentiments sur une ribambelle de titres romantiques ("Mon chéri", "Mon lossa", "Doudou", "Love de moi"...), dégoulinant de bons sentiments. Un peu trop ? Peut-être mais l'artiste est heureuse en amour, alors elle le chante haut et fort ! Sans perdre son assurance à toute épreuve ("Biff", "La machine"), et sa capacité à créer des titres solaires, efficaces et implacables ("Jolie nana"), avec les producteurs Vladimir Boudnikoff (son petit-ami), Le Side, Heezy Lee ou Julio Masidi, Aya Nakamura fend plus que jamais l'armure sur ses 15 chansons à coeur ouvert, où elle assume autant son amour que son désir, comme sur "Hot" ou l'excellent et brûlant "Préféré" avec Oboy. Et si les feats internationaux avec Stormzy et Ms Banks sont moins éclatants qu'attendus, la Nouvelle Star parvient encore une fois à imposer sa singularité avec "Aya". Et le ravageur bonus "Criminel", présent sur l'édition physique, a de quoi nous mettre tous KO ! JG

Ça ressemble à la bombe pour s'ambiancer pendant le confinement
A écouter : le tubesque et sexuel "Préféré", la reprise solaire "Sentiments grandissants", "Biff", les endiablés "Nirvana" et "Ça blesse"
A zapper : "Fly", un peu mièvre, "Mon chéri", sans relief





AC/DC | "Power Up"


One more time ! Un gros riff de guitare, une déflagration à la batterie... et le "Rock N Roll Train" repart de plus belle ! Mettre le nouvel album d'AC/DC sur "play", c'est comme enfiler de vieilles pantoufles. On en connait par coeur la sensation mais le plaisir est toujours au rendez-vous. Avec "Power Up", le groupe australien rebranche donc les guitares pour une nouvelle (et dernière ?) fois avec 12 chansons qui ne chambouleront pas les aficionados. Car "Power Up" ressemble à s'y méprendre à "Rock or Bust", qui sonnait déjà comme "Black Ice" (probablement le dernier opus marquant de la bande), lui-même pas très différent de "Stiff Upper Lip" ou "Ballbreaker". Vous l'aurez compris, "Power Up" ne brille pas par son originalité ! Mais quel plaisir de se replonger dans les riffs acérés d'Angus Young, accompagnés par la voix rocailleuse de Brian Johnson pour ce qui semble être leur dernier tour de piste. Si l'album est traversé ci et là par les récents drames qui ont touché le groupe (dont la mort de Malcolm Young en 2017), AC/DC ne fait pas dans l'émotion mais plutôt dans la célébration rock n'roll. Comme 40 ans plus tôt avec le mythique "Back In Black", c'est avec le volume à 11 que les Australiens comptent bien montrer qui sont les patrons du genre. D'emblée avec les excellents "Realize", "Rejection" et "Shot in the Dark", aussi classiques que diablement efficaces et parés pour cartonner lors des prochains concerts de la bande, le groupe rebat les cartes et prouve, avec une moyenne d'âge de 67 ans, que le temps n'a pas d'emprise sur les rockeurs. Ceux-ci n'hésitent pas à envoyer du bois sur des morceaux percutants comme "Through the Mists of Time", "System Down" ou "Witch's Spell" qui font le job efficacement toutes guitares dehors, quitte à se perdre sur l'autoroute (de l'enfer, évidemment) sur "Demon Fire" ou "Kick You When You're Down", les points faibles du disque. Si rien ne semble neuf dans ce nouvel album, le plaisir de réentendre la formule classique d'AC/DC, une fois tous les six à huit ans, reste toujours intact. Si "Power Up" venait à être, comme redouté, l'ultime album d'AC/DC, alors le groupe partirait sur une note électrique et énergique, prouvant une nouvelle fois pourquoi il a marqué l'histoire du rock. TB

Ça ressemble à un album d'AC/DC classique mais efficace... comme à chaque fois !
A écouter : le trio d'entrée "Realize", "Rejection" et "Shot in the Dark", "Witch's Spell"
A zapper : "Demon Train", "Kick You When You're Down", "Code Red"





Ben Mazué | "Paradis"


… perdus. Parfois, la vie vous rattrape et c'est dans la douleur que jaillit du beau. Ben Mazué, qui chantait si joliment l'amour dans ''La femme idéale'' (2018), chante aujourd'hui le désamour. Parti vivre avec sa femme et ses enfants sur l'île de la Réunion, le paradis qu'il rêvait de toucher, le musicien a vécu l'enfer d'une rupture éprouvante, celles qui laissent « sans vainqueur, sain vaincu », qui font chavirer le cours d'une existence et remettent tout en question. Pour le meilleur, le pire ? Est-ce un retour en arrière, un pas en avant ? Qu'aurait-on pu faire pour aller mieux ? Ces mille interrogations, Ben Mazué les met en musique dans ce magnifique album d'introspection où il sonde, avec une sincérité totale, sans filtre, sans s'épargner, les raisons de cet échec, sa reconstruction, difficile, sa nouvelle vie à composer entre ''Semaine A / Semaine B'' dans son rôle de parent et puis l'acceptation que cette relation, qu'il a tant chéri, est arrivé à son terme mais que ce n'est pas une fatalité. « Il y a des histoires très belles qui se terminent, et d'autres, des pourries, qui se prolongent » résume-t-il avec des mots très justes sur le duo ''Le coeur nous anime'' qu'il partage avec Poupie. Loin d'être plombant, parfois drôle et même optimiste, ''Paradis'' est comme un journal intime rythmé par des airs de guitare, ou plutôt un livre d'images qui nous renvoient à nos propres expériences. Des chansons tendres, même quand elles parlent de souffrance, que chacun pourra s'approprier. YR

Ça ressemble au récit, intime mais universel, d'une rupture
A écouter : "Les jours heureux", la magnifique piste d'ouverture "Tu m'auras tellement plu", "Quand je marche", "Gaffe aux autres" repris avec Jérémy Frérot, "Mathis" pour son fils
A zapper : "Providence", mélange franco-anglais un peu déroutant


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