Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
La Fouine | "Nouveau monde"
Laouni, le grand frère. Pour son 5ème album,
La Fouine continue son introspection, déjà entamée avec "Drôle de parcours" (2013). Le rappeur offre ici ce que les ringards appellent "le disque de la maturité". Touchante et pleine d'espoir, la première piste, qui donne son nom à l'album, le montre nostalgique sur un tempo pop et variété, avec son refrain fédérateur porté par une voix féminine vocodée. Avec beaucoup de recul et en tentant parfois de nouvelles sonorités ("Sabary", "Es-tu validé ?" réussies),
La Fouine raconte sur ce disque comment le succès a changé sa vie et ses relations avec ses proches (
"Par intérêt"), revient sur les aléas de la célébrité ("La Fouine VS Laouni"). Vulnérable, il rend aussi hommage à sa maman disparue, évoque ses failles et regrets ("Tu valais mieux" où il fait un mea culpa intelligent sur son clash avec Booba) et même la relation conflictuelle entre la France et ses immigrés ("Je l'aime quand même"). Là, le regard du rappeur se révèle intéressant grâce à des textes justes et percutants car sincères. Mais l'intérêt retombe quand
La Fouine tente parfois de plaire au jeune public sur des pistes ego trip ou sans âme ("Insta").
JG
Ça ressemble à la rédemption de La Fouine
A écouter : "Sans ta voix", hommage émouvant à sa mère, "Tu valais mieux" parfait pour pour l'été, et "Trappes" pour l'ambiance
A zapper : "Insta", indigeste et qui sonne faux, "Argent sale", trop répétitif malgré une bonne prod, et "Amigo", mièvre
Club Cheval | "Discipline"
Rodéo. Originaire de Lille, le collectif électro Club Cheval publie son premier album. S'il se nomme "Discipline", les quatre producteurs Canblaster, Myd, Sam Tiba et Panteros666 ne se mettent pas de barrières. Pas de jaloux, chacun met en avant son talent, notamment à travers des interludes personnelles très diverses (mention spéciale à celle de Myd), sur cet album sans codes ni frontières, où s'entrechoquent pop, techno, house, électro et un R&B vintage, chic et moite à la The Weeknd. Le disque, produit par DJ Kore (Rohff, M Pokora, Leslie...), se veut multiple, mélange les genres sans vraiment se préoccuper de la cohérence. On y retrouve des pistes électro déstructurées ("Debut"), un tube EDM rutilant ("Discipline"), une ambiance lounge et décontractée ("From the Basement to the Roof") et des pépites sensuelles ("Young Rich and Radical"). Mais ce sont vraiment sur les morceaux R&B inspiré des 90's et des 00's que Club Cheval excelle comme en attestent "Legends", un hymne fédérateur, à la fois choral et vibrant, et "Other Guy" électrisant et robotique.
JG
Ça ressemble à USHER et The Weeknd qui rencontre Daft Punk
A écouter : "Scream" et "Nothing Can Stop Us Now", immenses coups de coeur
A zapper : "Bells", s'il faut vraiment en choisir une
Pony Pony Run Run | "Voyage Voyage"
Embarquement immédiat. Vous pensez immédiatement à Desireless ? Vous n'avez pas tort. Avec ce titre d'album et ce clin d'oeil,
Pony Pony Run Run admet subtilement vouer une passion secrète pour les années 80. Un héritage qui infuse et bouillonne sur ce troisième opus voracement pop, truffé de synthétiseurs et de bonnes vibes. La fièvre démarre sur les chapeaux de roue avec le bondissant "Stop" pour ne plus jamais redescendre, tandis que l'on devine sur chaque morceau les pays traversés ces derniers mois par le trio devenu duo. Du japonisant "Alright" au funk néo-orléanais de "Good Times", ce nouveau cru illustre par petites touches une envie d'effacer les frontières, et ce jusqu'aux réminiscences laotiennes de la dernière piste ("Always The Same"). La légèreté est ici force motrice ! Ce qui peut parfois étouffer l'ensemble sous un trop-plein de bonne humeur... et pousser le tandem à verser dans des rythmes et un texte faciles. Les moments d'accalmie se font, hélas, un peu rares. On en aurait pourtant eu besoin pour souffler entre deux envolées frénétiques.
YR
Ça ressemble à un bel hommage à la pop 80's façon St. Lucia
A écouter : "It Never Ends" et "Stop", parfaite introduction solaire qui met de suite dans le ton
A zapper : "Dum Dum" : trop de "dum dum" justement, jusqu'à l'écoeurement.