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lundi 20 juin 2011 17:00
Starliners en interview
Starliners, ce sont quatre garçons dans le vent qui ne revendiquent qu'une chose, ne pas être un groupe de rock. Autant adeptes des sons électro que pop, ils débarquent avec un premier single intitulé "I Love You (mais encore)", devançant un premier album fabriqué à partir des clichés des jeunes de leur âge. Le passage de l'adolescence à l'âge adulte, c'est ce qu'ils nous racontent dans cet entretien.
Si lon retraçait votre histoire, on tomberait dans le stéréotype, sans a priori, du groupe dadolescents qui a commencé dans une cave avant de monter sur scène pour quelques concerts, et ensuite s'est fait connaître du grand public. (Jonathan Hamard) Hugo Chesnel : Complètement ! Tony et moi jouions dans un groupe, et les autres dans dautres. En fait, nous étions tous déjà dans la musique, mais dans des formations différentes. Cest après le lycée quon sest retrouvé ensemble. Nous avions les mêmes goûts, les mêmes envies, et notamment celle de sortir un album. Ce nest pas commun ! Chacun dans un groupe pour finalement en créer un en vous rassemblant. Vous étiez dans la même classe ? En fait, on a toujours voulu jouer ensemble. On se connait depuis assez longtemps mais nos groupes respectifs avaient des couleurs différentes. Sur le moment, ce nétait pas possible. Cest après le BAC, en quittant le lycée, que lon a voulu commencer à jouer ensemble. Votre parcours nest pas sans faire penser à celui de Hangar ou de BB Brunes. Les groupes rock sont très tendances en ce moment. Oui, mais il suffit découter les albums pour se rendre compte quon ne fait pas la même chose. Cest vrai quon a le même âge : la comparaison est facile. Mais ce sont des musiques assez différentes. Peut-être aussi la même façon dapprocher la scène. Nos identités sont bien distinctes et différenciées. Vous vous inscrivez néanmoins dans cette tendance. Vous êtes en quelque sorte dans leur sillage. Certains pourraient même sexclamer : « ce sont les BB Brunes de chez AZ ! » On ne la encore jamais entendu aussi clairement. Ça me ferait sourire quon pense ça. On est pote, mais on na pas du tout les mêmes influences. On a joué en première partie de ce groupe début 2007. Il commençait à rencontrer le succès et nous étions encore un tout petit groupe. On n'a pas été inspiré par eux. En fait, on na même jamais été inspiré par la scène française. Nous avons tous, même avant de nous connaitre, été influencés par la scène internationale. On écoute des groupes anglo-saxons, et même américains. Ils ont une approche sonore et visuelle de leur musique. Très peu de groupes français ont cette manière de concevoir la leur. Ils créent des univers musicaux très forts. On est davantage dans ce registre-là. Concrètement, quest-ce que tu appelles un univers musical fort ? Je te donnerai volontiers lexemple de Gorillaz. Ce sont des musiciens qui travaillent avec des collectifs dartistes, dinfographistes pour des pochettes, pour la scénographie, et tout ce qui en découle. Toute la partie Web qui est fascinante. Ils tentent toujours des concepts novateurs en essayant de repousser les limites. Un peu comme les Daft Punk il y a dix ans. Pour nous, ils sont vraiment un modèle dinnovation. A lépoque, je me souviens quils avaient créé une "Daft Card". Javais 12 ans, javais acheté leur album "Discovery". A lintérieur, il y avait une carte qui permettait daccéder à des contenus inédits sur Internet. Tu pouvais trouver des remixes, des photos. Personne na pu en profiter vraiment. Ça na pas vraiment marché. Ils avaient juste dix ans davance. Les Daft Punk voyaient déjà il y a dix ans le déclin du marché et ont tenté des choses pour le sauver. Ils ne font pas de rock, et ils sont français. On sent dailleurs une légère inspiration de ce genre de groupe dans votre musique. Cest pour cela que ceux qui nous comparent à BB Brunes nont pas écouté notre musique. Nous, on revendique nos influences électro. On sest inspiré de Daft Punk. On préfère laisser les gens. En fait, on sen fout complètement. En France, on a peur de mélanger humilité et ambition. Je parlais de votre parcours. Il est essentiellement fait de premières parties. Je pense à Superbus. Ils soignent la présentation de leur musique, que ce soit par le look, les covers, les concerts, et les clips.Eux, pour le coup, ils ont un vrai univers visuel marqué. En plus, Jen est vraiment douée pour ça. Humainement, ce sont vraiment des gens géniaux. Eux aussi, et cest peut-être pour cette raison quon sentend bien, ont des inspirations sont anglo-saxonnes. Ce sont des artistes qui ont compris que le show et limage sont des choses qui sont très importantes à notre époque. Je crois que beaucoup dartistes français ont peur de ça. En France, on a peur de mélanger humilité et ambition. Il y a des artistes qui refusent de faire certaines choses pour soi-disant rester humble. Mais non, le show, ça fait partie du métier. On a lambition de faire des choses novatrices. Cette frilosité des artistes français, cest peut-être tout simplement une envie de coller à la demande du public français. Peut-être quil ne veut pas de ce show, tout simplement. Oui, mais les mentalités commencent à évoluer. Par exemple, et même si ce nest pas des artistes que jaffectionne particulièrement, les Black Eyed Peas feront très bientôt trois Stade de France. Il y a des gens qui ont envie de se déplacer pour les voir. Il y a des gens qui ont encore envie de rêver. Il ne faut pas me dire quil existe en France un seul public et quil est chauvin. Il ne faut pas me dire quil existe en France un seul public et quil est chauvin. Tu nécoutes pas les Black Eyed Peas, mais quels artistes écoutez-vous ? Du rock ?On écoute beaucoup de choses, mais principalement des groupes américains. Je crois quon a un an de retard car on découvre des choses qui sont parues en 2010. En ce moment, on est à fond sur notre album, donc on ne sait pas trop ce qui passe à la radio. On ne veut pas non plus être influencé par la tendance musicale du moment. Et puis, jai le sentiment que la question du rock reviendra tout le temps. On est juste un groupe de musique. On écoute plein de choses, que ce soit de lélectro ou de la pop. On a un look rock parce quon porte des slims, mais on ne le revendique pas. Certains verront en nous un groupe rock, dautres un groupe pop. Vous me parlez beaucoup de votre attirance pour les États-Unis. Vous êtes dailleurs allés à Los Angles pour tourner votre clip "I Love You (mais encore)". Il y a un mois quon l'a tourné. On est parti pour dix jours à Los Angeles : le tournage a duré trois jours et nous avons pris sept jours de vacances. Pour notre vidéo, on ne voulait pas dun clip carte postale. Nous avons pris comme référence le film Lost In Translation de Sofia Coppola. Cest très physique, esthétique, et pas forcément racoleur. On ne voulait pas des nanas qui se promènent en "soutif" et des collines Hollywood. Le but, cétait de faire un truc discret. On voulait que les gens sinterrogent en se demandant où le clip avait été tourné. On nest pas marginaux non plus. Et bien ça a marché ! Mais il y a quand même ce cliché avec une jeune femme en petite tenue dans son lit, comme en dépression. Et puis vous qui chantez « I love you mais encore ». Dun côté, vous parlez de votre volonté dinnover, mais vous reprenez aussi des codes déjà utilisés, et je dirais même usés.Tant mieux, cétait le but. Quand tu écouteras notre album, tu le trouveras très cliché. Jaime les clichés. Et ce clip-là, je laime bien parce que je trouve quil ne ressemble à aucun autre. Tu ne trouveras pas des meufs à poil dans la piscine ou un mec entrain de draguer. En fait, on ne la croise même pas la nana. On voulait quelque chose de très poétique, et auquel tout le monde puisse sidentifier. Il ny a pas de scénario. Tu peux considérer ce clip comme une rencontre ou une rupture, et même les deux car la chanson évoque des deux thématiques. On voulait rendre notre chanson de la plus esthétique possible. Si tu trouves des aspects clichés dans notre clip, cest peut-être finalement que nos inspirations sont celles dun groupe de rock. Ce nest pas une création dAZ, on est tout simplement au naturel. On nest pas marginaux non plus. Découvrez le clip "I Love You (mais encore)" : Vous avez rejoint AZ en 2010. Avez-vous changé vos méthodes de travail depuis que vous avez signé avec le label ? Non, pas vraiment. On travaille toujours autant. On fait certainement des démos un peu plus propres quauparavant pour quils nous écoutent. Dans le fond, on a toujours été rigoureux dans nos méthodes. Musicalement, ça na pas changé grand-chose. La seule vraie différence avec avant, cest que désormais, on est obligé de répondre au téléphone. Pensez-vous que cest important dêtre encadré par une équipe de professionnels ? Je nai aucune idée sur la question. Tout dépend des musiciens et des formes que tu donnes à ta musique. Il y en a qui nauront besoin que dune toute petite équipe. Je nai pas assez de recul pour ten parler. Ce que je peux te dire, cest que notre équipe est assez cool avec nous. Pour linstant, ça se passe bien. Ils sont dune grande aide. Juste avant, tu me disais que lalbum était bourré de clichés. Il ne sortira quà la rentrée et peu de chanceux ont pu lentendre. Comment le décririez-vous ? Cest le passage de ladolescence à lâge adulte. On a commencé à lécrire quand on avait 16 ans. On a terminé de lécrire très récemment. On a donc mis quatre ans. Il ny a que Tony qui était encore lycéen quand on la écrit. Il est un peu plus jeune. Tu découvriras sur ce disque des chansons quon a écrit quand on était encore au lycée. Nous sommes toujours jeunes, mais nous avons grandi. On a vécu des choses entre temps, certainement plus graves, qui sont également sur cet album. Ce disque est très fun et très instantané. La musique est très calibrée : nos morceaux font 3, 30 minutes. Quand on écoute une pièce, on aime kiffer tous les refrains, on ne veut pas sennuyer. On fait partie de cette génération qui consomme beaucoup de musique en permanence. Ça influe beaucoup sur notre manière décrire. On a grandi avec Internet. Nous avons eu tout à disposition rien quen cliquant. Le public veut tout tout de suite et découvrir de nouvelles choses perpétuellement. On fait partie de cette génération qui zappe tout très rapidement. Tu vois bien ce quon nous sert à la radio et à la télévision, il ny a pas dhistoire derrière. Cet album, je ne dis pas que cest un disque où tu zappes dun titre à lautre, parce que cest le fruit de trois ans de travail. Il est véritablement construit, mais il a ce côté instantané. On la souhaité intemporel : on na pas voulu mettre des sons trop tendances. Nous avons eu une discussion avec le réalisateur de notre disque à ce sujet. Au début où nous écrivions notre album, nous utilisions des vocodeurs et des auto-tunes parce que ça nous faisait marrer. Ce sont des choses qui sont désormais beaucoup utilisées. Il te suffit dallumer la radio pour ten rendre compte. En fait, en rentrant en studio, nous avons compris que ça napportait rien et que toutes ces ornementations étaient des artifices. On trouvait que ça rendait lalbum trop soumis à une époque. On a préféré épurer tout ça pour ne pas linscrire dans le temps. On a mis en avant le piano, la guitare et principalement les voix. Il y a quand même quelques petites touches délectro. Il y a des synthés comme sur "I Love You (mais encore)". Cest une mauvaise pratique selon toi que denchaîner les albums, les clips et les singles ? Depuis 2000, on consomme la musique, les disques et les télé-crochets sans vraiment prendre le temps de sarrêter dessus. Je nai pas vraiment davis sur le sujet et je nai pas à le donner, mais il y a une époque où le public et les médias sarrêtaient sur un album entier sans se focaliser uniquement sur un seul titre. Il y avait une histoire pour chaque disque et il fallait lécouter du début à la fin pour tout comprendre. Cétait une époque formidable pour la musique. Tu vois bien ce quon nous sert à la radio et à la télévision, il ny a pas dhistoire derrière.
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