Sheryl Crow

Crédits photo : Abaca
Un rêve qui s'est transformé en cauchemar. Sheryl Crow prend aujourd'hui la parole pour révéler avoir été victime de harcèlement sexuel de la part de Frank DiLeo, l'ancien manager de Michael Jackson décédé en 2011. La chanteuse country explique que cet épisode douloureux a eu lieu alors qu'elle n'avait que 25 ans et qu'elle était choriste sur la tournée mondiale "Bad World Tour" du Roi de la Pop, donnée entre 1987 et 1989. A cette époque, l'agent de la star l'a menacée de mettre fin à sa carrière si elle refusait de céder à ses avances. « La naïveté est tellement une belle chose. C'était incroyable dans tous les sens du terme pour une jeune femme d'une petite ville de voir le monde entier et de travailler avec la plus grande pop star de tous les temps » confie Sheryl Crow pour le quotidien anglais The Independant, encore marquée par cette expérience : « Mais j'ai eu aussi un cours rapide sur l'industrie de la musique ».

Une épreuve évoquée dans deux chansons

Au cours de la tournée, les tabloïds ont fait courir le bruit selon lequel Michael Jackson était tombé amoureux de sa « choriste sexy » et lui aurait même proposé 2 millions de dollars pour être la mère de son enfant. Dans son autobiographie "Words + Music", disponible en version audio, l'interprète de "Everyday Is A Winding Road" explique que cette rumeur aurait été lancée par Frank DiLeo lui même, « pour faire croire que Mike était intéressé par les femmes ». Si elle n'avait jamais évoqué cette affaire de harcèlement sexuel jusqu'ici, Sheryl Crow assure tout de même en avoir parlé dans deux chansons incluses dans son premier album datant de 1993 : "What Can I Do For You", écrite du point de vue d'un agresseur, et "The Na-Na Song" qui contient des paroles plus qu'explicites : « Clarence Thomas organ grinder Frank DiLeo's dong / Maybe if I'd let him I'd have had a hit song ».

"Je pense avoir parcouru un long chemin"

A la fin de la tournée mondiale de Michael Jackson, la chanteuse dit être tombée dans un sérieux épisode de dépression. Un avocat lui a même conseillé d'accepter les avances de Frank DiLeo au vu de ce qu'il pouvait lui offrir. Un électrochoc pour Sheryl Crow, qui découvre par la force des choses les coulisses d'une industrie plus sombre derrière le strass et les paillettes. « Vous déménagez à Los Angeles en pensant avoir fait tous vos devoirs. Vous avez pratiqué toute votre vie, joué dans des cafés, puis vous sortez et vous apprenez : "C'est comme ça que fonctionne l'industrie de la musique : une entreprise achète tant de disques et ça vous place dans le Top 10" » se désole aujourd'hui celle à qui l'on doit le tube "All I Wanna Do" : « C'était décevant. Je pense que quand votre bulle de rêve éclate, soit vous vous dites que vous allez oublier ce rêve ou vous faites ce que j'ai fait, c'est-à-dire vous vous apitoyez pendant environ un an puis vous vous reprenez et vous vous remettez au travail ». Ce qu'elle a donc fait en publiant son premier album en 1993, "Tuesday Night Music Club", vendu à plus de 10 millions d'exemplaires dans le monde et lançant véritablement sa carrière.

Sheryl Crow, que l'on a par la suite entendu chanter "Tomorrow Never Dies" pour la saga James Bond, assure d'ailleurs que cette autobiographie "Words + Music" lui a permis de parler ouvertement pour la première fois de cet harcèlement sexuel qu'elle a subi il y a plus de 30 ans : « C'était très inconfortable mais pour moi, c'était tellement plus stimulant de pouvoir en parler et de jouer ensuite de la musique inspirée par cela. N'est-ce pas ce à quoi sert vraiment la musique ? ». Aujourd'hui, la chanteuse américaine atteste donc trouver « intéressant » de se replonger dans cette difficile expérience, surtout dans ce contexte de libération progressive de la parole qui s'est installé depuis plusieurs années : « De pouvoir évoquer ces choses sur la longue expérience de harcèlement sexuel que j'ai vécue durant la tournée de Michael Jackson et d'en parler au milieu du mouvement #MeToo... Je pense avoir parcouru un long chemin mais je n'ai pas l'impression qu'on soit vraiment au bout ».