samedi 26 janvier 2019 12:36
Seemone se confie sur Destination Eurovision : "Mon plus grand concurrent ? Bilal Hassani"
Avec sa ballade "Tous les deux", Seemone a créé la surprise samedi soir dans "Destination Eurovision". La jeune artiste livre ses impressions avant la grande finale, qui la verra peut-être devenir la représentante de la France à l'Eurovision 2019 : "Tout est possible".
Crédits photo : Asa Mader
Propos recueillis par Yohann Ruelle. Tu as terminé première de ta demi-finale dans "Destination Eurovision" avec ta chanson "Tous les deux". Qu'as-tu ressenti lors du verdict ? J'ai été vraiment submergée d'émotion ! Je venais de faire une prestation qui m'avait énormément coûté émotionnellement et j'étais vraiment tout perdue, je me suis dit : mais c'est fou ce qui m'arrive ! J'étais complètement sonnée. J'ai mis du temps à réaliser que chacun des jurys m'avait donné 12 points. J'étais hyper hyper heureuse et surtout fière. Quand je vois que le public m'a mise deuxième derrière Emmanuel Moire, qui a une communauté de fans déjà établie... Moi je sors de nulle part, j'avais 400 likes sur mon compte Instagram. (Rires) J'arrive comme ça et les gens croient en ce que je fais, sont touchés par ma musique. C'est vraiment formidable comme sensation. A ton avis, qu'est-ce qui a fait la différence ? Je pense que c'est la prise de risque. Le public a ressenti que ma chanson était un peu à part, car je n'ai qu'un piano et une trompette avec moi. J'ai une voix qui est particulière et qui les a touchés. Et puis j'étais vraiment dans l'émotion et pas dans le contrôle. J'ai pas hésité à être ce que je suis au moment où je chantais. Je pense que les gens l'ont ressenti. J'ai refusé "The Voice" On t'a vu verser quelques larmes à la fin de ta prestation...Forcément ! Mon père était dans la salle et c'était la première fois que je lui chantais sur une scène. Et puis il y avait la pression de chanter pour la première fois : c'était ma toute première expérience devant un public, sur une scène, des caméras, des millions de téléspectateurs... C'est beaucoup beaucoup de pression à gérer. Avec le stress plus le regard de mon père, j'ai tout lâché. Si je retenais ça, j'allais faire un malaise ! (Rires) Autant tout évacuer. D'après les bookmakers, tu fais désormais partie des 3 favoris de la compétition. Ça te met la pression ? Non, moi la pression je l'avais la semaine dernière parce que c'était nouveau pour moi. Là, je l'ai toujours un peu parce que ça ne sera que ma deuxième expérience télé ! Mais pas par rapport aux pronostics. Il va se passer ce qu'il va se passer. A l'instant T, les gens et les jurés vont ressentir les choses ou non et si ils ont envie de m'envoyer à Tel Aviv, ils le feront. S'ils ne le font pas, tant pis ! C'est qu'ils n'ont pas envie de m'y voir. La carte est dans les mains des personnes qui choisissent pour moi, je n'aurai pas de regret. Ma prestation est la même que je sois première des bookmakers ou dernière ! Je livre la même chose. Revivez la performance de Seemone avec "Tous les deux" : Au départ, qu'est-ce qui t'a poussé à t'inscrire à "Destination Eurovision" ? Je venais d'écrire "Tous les deux". Le texte est né un mois avant que je sois approchée. C'était ma première chanson, j'en étais fière ! Je ne me savais pas capable d'écrire un tel texte, co-signé avec Fabrice Mantegna. Je ne pensais pas avoir les mots. Et en fait c'est venu hyper naturellement. J'ai ensuite été contactée par Bruno [Berberes, ndlr] pour ce casting-là, parce que j'avais déjà refusé "The Voice" un ou deux ans avant parce que je ne me sentais pas prête. On m'a rappelé pour "Destination Eurovision" et je me suis dit : c'est vraiment l'occasion, je me sens prête artistiquement, je viens d'écrire une chanson, allons-y ! Je suis née avec une malformation vocale Tu étais fan du concours ?Je connaissais l'univers Eurovision mais de très loin, parce que je ne chante que depuis trois ans. La musique c'est arrivé dans ma vie sur le tard, je suis toute jeune dans le milieu ! Je ne pensais pas du tout en faire mon métier donc je ne regardais pas quand j'étais petite. J'ai véritablement découvert le concours avec Conchita Wurst. Je trouvais ça fou qu'il y ait une telle femme qui gagne, je trouvais ça génial. Et puis je me suis un peu renseigné et j'ai vu la diversité, les mises en scène, le spectacle... Je suis tombée complètement folle amoureuse de Salvador Sobral vainqueur de l'édition 2017. Ça m'a confortée dans l'idée que tout le monde pouvait venir avec une chanson peu importe la langue, le style. J'ai trouvé ça formidable. Quelle carrière envisageais-tu avant d'être chanteuse ? Je voulais être actrice. Je faisais du théâtre et j'avais vraiment envie de devenir comédienne. Ça me plaisait. Comment es-tu tombée dans la musique ? C'est vraiment le bon terme : je suis tombée dedans. Comme je faisais du théâtre, j'avais parfois du mal à porter ma voix sur une scène. Vous l'entendez là quand je vous parle ! C'est pas toujours évident, surtout que je n'avais pas encore eu mon opération. J'avais une voix encore plus cassée et plus éraillée, qui me posait des problèmes parfois et qui s'abîmait facilement. J'ai un prof qui m'a dit un jour : "Tu devrais prendre des cours de chant parce que même si tu ne chantes pas très bien, au moins ça va t'apprendre à mieux maîtriser ta voix". J'ai rencontré, par l'intermédiaire d'une amie, Fabrice Mantegna et Alexandre Mazarguil, qui m'ont alors proposé de monter un projet ensemble. Et voilà ! Qu'est-il arrivé à ta voix, au juste ? Je suis née avec une malformation vocale. Une de mes cordes vocales est coupée en deux, pas entièrement mais fendue. Et comme je n'avais jamais appris depuis toute petite à utiliser cette voix-là, à force de parler sur une mauvaise position, je me suis retrouvée avec des kystes sur les cordes vocales. J'ai donc dû subir une opération chirurgicale pour les faire enlever. Je serai ravie quoi qu'il arrive Au final, cette faiblesse est devenue une force...C'est ce qui fait complètement la force de mon univers. J'ai été beaucoup charriée quand j'étais petite à cause de la voix que j'avais, on me disait toujours : "T'es malade ?", "T'as une voix de garçon"... En plus, j'avais les cheveux courts, c'était l'enfer. (Rires) Et finalement j'en ai fait ma force. Mais je n'en aurais pas fait ma force seule. C'est vraiment la rencontre avec Fabrice et Alexandre qui a provoqué un déclic. D'aller effleurer ces fragilités, c'est ce qui touche les gens. C'est pour ça que j'ai envie de faire ce métier. Comment abordes-tu cette finale ? Je suis en pleine répétition, je suis dans le studio au moment où l'on se parle. On travaille d'arrache-pied parce que c'est beaucoup de boulot. Et j'adore ça. On ne fait que travailler sereinement, parce qu'encore une fois je n'attends rien des résultats : je serai ravie quoi qu'il arrive d'être arrivée jusqu'ici dans "Destination Eurovision", d'être en face de tels artistes parce que franchement c'est un honneur de me retrouver sur une scène avec Chimène Badi ou Emmanuel Moire. Je suis hyper heureuse d'être ici. Je suis beaucoup plus sereine que pour la demi-finale puisque j'ai déjà montré ce que j'étais. L'environnement je le connais, je visualise le plateau, je connais un petit peu l'équipe. Ça rassure beaucoup. Maintenant il faut que je montre mieux. Tu as prévu une mise en scène un peu différente ? Je compte rester dans l'esprit de la demi-finale, parce que c'est mon identité. Je vais rester le plus simple possible, après j'ai envie de montrer aux gens que tout en restant dans l'émotion, je peux avoir les épaules pour ne pas craquer. S'ils veulent que j'aille à Tel-Aviv sur la scène de l'Eurovision, où il y aura mille fois plus de spectateurs, j'ai envie de leur montrer une Seemone un peu plus confiante, sûre d'elle.
Parmi les sept autres finalistes, quel concurrent redoutes-tu le plus ? On m'a beaucoup "comparée" entre guillemets avec Bilal Hassani, parce qu'on est tous les deux assez nouveaux dans la musique... même si lui a fait "The Voice Kids" et qu'il a un petit peu d'avance sur moi ! On est jeunes, je crois qu'on a à peu près le même âge. Il a une identité bien à lui, je pense que j'ai une identité vocale bien à moi. Après il y a Emmanuel Moire et Chimène Badi qui sont évidemment redoutables mais je peux même pas en parler puisqu'ils ont déjà une grande carrière derrière eux ! Je pense que c'est avec Bilal que je suis le plus en compétition. Bon après, il a 700.000 followers sur YouTube ! Je peux pas faire le poids ! (Rires) Advienne que pourra. J'y vais avec le sourire et l'envie de faire au mieux. J'ai des pistes pour mon album Mais est-ce que tu sens que tu peux gagner ?(Elle réfléchit quelques instants) Je ne me projette pas parce que je ne veux pas être déçue. Je pense que tout est possible comme pour tous les candidats. Tout le monde a sa chance et c'est pour ça qu'on est en finale. Je suis arrivée première du jury et deuxième des téléspectateurs donc forcément ça conforte, mais samedi ce ne sera pas le même jury, ce ne sera peut-être pas la même performance, je peux me planter donc franchement non, je ne me vois pas gagnante. Non pas parce que je n'ai pas envie, mais parce que je préfère rien m'imaginer avec sa performance. Peu importe le résultat, à quoi va ressembler la suite pour toi ? De la musique, de la musique et encore de la musique, que de la musique. J'ai envie de chanter tous les jours de ma vie, j'ai envie d'en faire mon métier et d'écrire des chansons tout le temps. Je pense que je vais prendre du temps après "Destination Eurovision" pour peaufiner ce que j'avais commencé avant, retravailler mes chansons dans l'univers de ce que les gens ont vu de moi dans l'émission, parce que je n'ai pas envie de quitter cette image-là, et peut-être surprendre avec un EP ou un album. Tu as déjà des idées pour ton premier album ? J'avoue avoir déjà quelques pistes parce que j'ai envie de me projeter pour la suite. J'ai envie d'écrire mes chansons en français, pourquoi pas dans un univers un petit peu plus pop...
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