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dimanche 15 juin 2014 14:05

3 raisons d'écouter... "La Bande à Renaud"

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Beaucoup diront qu'il ne s'agit que d'un ersatz de "Génération Goldman" quand d'autres y verront l'obligation du chanteur de "Mistral gagnant" d'honorer son contrat avec Universal Music. Autrement dit, la compilation de reprises "La Bande à Renaud" souffrait de la critique avant même d'arriver dans les bacs. Mais, sur le plan artistique, qu'en est-il vraiment ? Voici 3 raisons de se pencher sur ce projet !
Crédits photo : logo La Bande à Renaud

1. Des titres qui sonnent toujours très actuels


Renaud est un chanteur engagé. Il a écrit beaucoup de chansons d'amour, mais il est surtout connu pour s'être souvent insurgé contre la société. Notamment avec le titre "Hexagone", revisité par un autre indigné, Nicola Sirkis (Indochine), avec des arrangements rock qui auraient pu être plus discrets. Appelant les Français à une révolution en 1975, le texte contestataire de Renaud résonne encore très fort aujourd'hui. "C'est quand qu'on va où ?" est un texte politique qui évoque le besoin de repères et le manque de confiance dans nos institutions que sont la démocratie et l'école. Ironie du sort, c'est l'épouse de l'ancien président de la République, Carla Bruni, qui interprète cette chanson ! La jeunesse paumée de "Deuxième génération" (Benjamin Biolay) et la violence décrite dans "Laisse béton" (Disiz), dans un registre rap, trouvent également encore un écho en 2014. En revanche, difficile d'inscrire dans notre époque la critique des maréchaux de France ("La médaille" - Grand Corps Malade).

Ecoutez la reprise "C'est quand qu'on va où ?" de Carla Bruni :



2. Des appropriations réussies... qui lissent la pensée de Renaud ?


Ainsi, avec "Il pleut", Elodie Frégé excelle et apporte le meilleur éclairage à l'un des titres de Renaud, aidée par sa délicatesse et sa sensualité. On est également conquis par les nouvelles versions de "Manu" et "En cloque" de Jean-Louis Aubert et Hubert-Félix Thiéfaine, qui pourraient appartenir à leur répertoire. Et si c'était à ça qu'on reconnaissait une bonne reprise ? "La ballade nord-irlandaise" de Nolwenn Leroy qui maîtrise ce registre folk-celtique à la perfection est également très réussie. La chanteuse est une très bonne interprète et ce lui sied véritablement. Enfin, Coeur de Pirate apporte sa mélancolie et sa candeur sur "Mistral gagnant", un morceau en piano-voix qu'elle aurait pu reprendre bien avant...

Regardez le clip "Mistral gagnant" de Coeur de Pirate :



On regrette en revanche la version collégiale de la chanson "Dès que le vent soufflera", qui, effectivement, se prêtait plutôt bien à l'idée d'être interprétée par un collectif, mais qui sonne malheureusement cacophonique sur son refrain. D'un niveau inégal, ces reprises globalement bien produites entraînent les titres de Renaud dans l'univers singulier de chacun des artistes ayant accepté de participer au projet. Au risque parfois de lisser la pensée de Renaud...


3. Un coup de projecteur mérité sur Alexis HK et Benoît Dorémus


Les médias se contentent souvent d'énumérer la liste des artistes les plus connus du grand public qui participent au projet, omettant de braquer les projecteurs sur Alexis HK et Benoît Dorémus, qui sont passés en studio pour revisiter la chanson "Je suis une bande de jeunes" avec Renan Luce, le gendre de Renaud. De notoriété moindre, Alexis HK est lui aussi un peu poète quand il chante "Le dernier présent", titre de son dernier album paru en 2012. Un disque à travers lequel il critique la société individualiste du 21ème siècle, tire les conclusions de Mai 68 ("Fils de") et passe en revue plusieurs clichés qui alimentent le débat public, comme aurait pu le faire Renaud. Cette compil' est donc l'occasion pour lui d'élargir son public, tout comme Benoît Dorémus, petit protégé du chanteur de "Mistral gagnant", qui n'a rien publié depuis "2020" en 2010.

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