Michel Legrand

Crédits photo : ABACA
Michel Legrand fait la promotion (ou pas) de son nouvel album baptisé "Noël ! Noël !! Noël !!!", en donnant une interview à "Paris Match". Paru à la fin novembre, l'opus reprend des chansons de Noël comme "Douce nuit". Mais l'entrevue est surtout l'occasion pour le compositeur, bientôt âgé de 80 ans, de s'en prendre à la jeunesse musicale.

Il commence avec grande surprise par les artistes qui ont répondu présent pour son opus de Noël. « Les interprètes [choisis] parmi les jeunes chanteurs de la maison de disques », restaient méconnus du compositeur. Carla Bruni, par exemple, ne faisait clairement pas partie de la bibliothèque musicale puisqu'il a confié « ne l'avoir jamais écoutée », tout comme Iggy Pop. Pour la construction de cet opus, il n'a pas trouvé nécessaire de rencontrer les artistes qui ont prêté leur voix pour les chants de Noël. Le compositeur est donc tout simplement resté à New York, avec ses musiciens, et a laissé se débrouiller les chanteurs en studio à Paris. Ce fonctionnement était une évidence pour Michel Legrand : « Je suis un orchestrateur de premier choix, je sais faire. Il faut la mélodie comme ciment de la chanson, le reste suit ». La seule qui est parvenue à trouver grâce aux yeux du grand compositeur, c'est Ayo. De tous les artistes sélectionnés par Universal, elle semble être la seule à avoir de la voix au regard de Legrand. En effet, les chanteurs contemporains ne pourront pas être mis sur un pied d'égalité d'un Brel, d'une Piaf, d'une Brassens ou encore d'un Ferrat, car « aujourd’hui, [les chanteurs] ne chantent pas, ils ­murmurent ».

Mais s'en prendre aux artistes présents sur son album n'était pas suffisant ! Il poursuit ensuite sur le sujet des musiques de films. Elles ne sont aujourd'hui « pas au niveau ». Il avoue tout de même préférer les compositions de John Williams. « La musique est un langage qui s’apprend en vingt ans. Personne ne fait ce travail-là chez les jeunes. Ils appuient sur des boutons, ils croient que la machine va faire le boulot pour eux. »

Le compositeur des "Parapluies de Cherbourg" ou encore des "Demoiselles de Rochefort" s'est pourtant essayé au concept très anglophone de chanter Noël, qui n'est visiblement pas une grande réussite en France, exception faite au single "Petit Papa Noël" de Tino Rossi. Le succès est difficilement au rendez-vous : son album ne se place aujourd'hui qu'en 45ème position, et s'est écoulé à peine à 20.000 exemplaires depuis sa sortie dans les bacs.