Marco Mengoni

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Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Comment tu te sens à quelques jours de l'Eurovision ?
Oh mon Dieu, ça arrive ! (Rires) Non, en réalité je me sens bien. Je fais des concerts en Europe en ce moment, et je le prends comme un tour de chauffe, une grande répétition avant l'Eurovision. Je vais rester à Liverpool pendant 11 jours ! Je vais avoir besoin de vacances... Et évidemment, je me sens fatigué.

Tu n'as pas la pression ?
Non, franchement non.

Sans doute car tu as déjà participé à l'Eurovision en 2013...
Je crois surtout que j'ai assez d'expérience maintenant depuis toutes ces années, et je ne suis plus la même personne qu'il y a dix ans. J'ai mûri, j'ai fait plein de concerts, plusieurs albums, et j'ai surtout envie de profiter de la scène, du show... Un peu comme quand j'ai participé au festival San Remo en Italie après dix ans. Je ne veux pas ressentir de pression ou d'anxiété. Je veux juste chanter, rencontrer les autres artistes... Il y a dix ans quand j'ai fait l'Eurovision, j'étais très jeune, je ne savais pas du tout ce qui allait se passer. Aujourd'hui, je veux prendre du plaisir.

Donc tu n'y vas pas dans un esprit de compétition et de gagner ?
Ah non ! Je m'en fous de tout ça. Je ne veux pas penser au classement, aux bookmakers, aux votes... Je veux vraiment profiter de cette opportunité.

Dix ans après ta participation...
Oui avec ma coupe de trois mètres ! (Rires)

Pourquoi avoir accepté de revenir ? Car tu avais fini septième et depuis tu as une carrière à succès en Italie, donc tu n'as pas vraiment besoin de ça comme un tremplin...
C'est un challenge pour moi. Avec moi-même. Je veux me prouver que je suis meilleur qu'il y a dix ans. (Rires) Je suis plus serein aujourd'hui pour gérer tout ça, donc je me suis dit que ça pouvait être intéressant. Sincèrement, je ne pensais pas du tout gagner San Remo. Je n'avais pas pensé au fait de faire l'Eurovision. Quand la question s'est posée, j'ai juste dit oui ! Et c'est toujours un honneur de représenter son pays. Surtout cette année, ça va être une édition particulière pour toute l'Europe et le monde aussi. Ça va être important de s'unir tous ensemble.



Tu gardes quand même de bons souvenirs de ta participation à l'époque ?
Oui, bien sûr. Je pense simplement que l'Eurovision est une grosse machine, tout doit être parfait. C'est pour ça qu'on y va 11 jours alors que c'est pour une performance d'une seule chanson qui dure trois minutes. Par exemple, pour le festival San Remo, on n'a pas fait tout ça alors qu'on doit chanter pendant cinq soirées ! Avec un orchestre, en live... Mais bon ça c'est nous, les Italiens on est comme ça, pas besoin de répéter ! (Rires) Et c'est sans doute pour ça que je suis serein car on va le faire tellement de fois durant les répétitions que ça enlève toute pression de mon côté.

"Due vite" était il y a encore quelques jours la chanson la plus écoutée sur les plateformes parmi les 37 en lice pour l'Eurovision...
Vraiment ? Je ne savais pas ça ! Je ne regarde pas trop les chiffres... Je ne veux pas le savoir ! (Rires) Là, tu vois ça me met la pression !

Désolé !
Non mais bien sûr que c'est une bonne nouvelle... Sans doute plus pour mon équipe que pour moi d'ailleurs ! Mais ça fait plaisir, et peut-être que le message de la chanson touche les gens.

Comment est née la chanson "Due vite" avec laquelle tu représentes l'Italie ?
On était au studio, pendant une session d'écriture avec des auteurs. On a commencé à écrire pas mal de chansons pour le nouvel album. Mais on ne savait pas qu'on en aurait une à San Remo et encore moins à l'Eurovision. Il se trouve qu'avec mon psy, je parle beaucoup de mes pensées et de mes émotions. Et j'ai découvert qu'on a deux parties du cerveau qui sont encore plus actives la nuit. Elles commandent les émotions et c'est pour ça qu'on fait parfois des rêves étranges quand on dort. Et je voulais décrire cette relation entre la vie diurne et la vie nocturne, quand on rêve. Entre mon esprit conscient et inconscient. C'est pour ça que la chanson s'appelle "Due vite" ("Deux vies", ndlr). Je suis toujours entrain de me battre avec les émotions profondes de ma vie, de mon cerveau. Je crois que notre cerveau est une machine parfaite. Le jour, il met de côté toutes émotions les plus profondes, les mauvaises pensées. Mais la nuit tu ne pas peux y échapper !

Quel message veux-tu délivrer à l'Eurovision avec ce titre ?
Vivez votre vie ! Parfois, même si vous croyez que vous perdez votre temps, en fait, vous ne le perdez jamais. Même les moments où vous vous ennuyez, ça représente quelque chose de positif pour votre futur. Il y a plein de messages dans cette chanson. Un autre c'est que je me parle souvent à moi-même, et parfois je me dis : "Là, tu as fait une erreur." Et en fait, c'est ok ! Il faut pouvoir la comprendre, l'accepter et aller au-delà.




Tu étais très ému en interprétant cette chanson à San Remo...
Non pas du tout ! (Rires) C'est un de mes problèmes...

Pourquoi cette chanson te bouleverse autant ?
Elle m'émeut beaucoup. Cette chanson fait vraiment partie de moi, elle est très intime. C'est à la fois ma limite mais aussi une partie fabuleuse de ma personnalité, je suis super ultra émotif. (Sourire) Je ne sais pas me mettre de limites quand il s'agit de mes émotions. Si ça doit sortir, ça sort, je ne peux pas l'empêcher. Mais ce n'est pas dit que je pleure à l'Eurovision ! Ça dépend du moment, de comment je me sens, de ce que je vis... Ce n'est pas quelque chose qui se contrôle.

Quelles sont tes chansons préférées cette année à l'Eurovision ?
Je n'ai pas eu le temps de tout écouter, pour être honnête.

Tu as forcément écouter "Tattoo" de Loreen, que tout le monde donne favorite...
Oh oui ! Je l'adore. Je crois que c'est aussi ma chanson préférée. J'adore Loreen depuis le début, depuis sa première chanson. Je la trouve incroyable.

As-tu écouté "Evidemment" de La Zarra pour la France ?
Je suis désolé mais je n'ai pas encore eu le temps. Mais je vais évidemment le faire dans les jours qui arrivent ! En fait, j'ai beaucoup écouté mon nouvel album "Materia (Prisma)" puisqu'il va sortir (le 25 mai, ndlr) et je suis en tournée en même temps, donc je n'ai pas pu me poser. Aujourd'hui, beaucoup de gens écoutent de la musique en faisant d'autres choses, mais de mon côté je préfère me concentrer, écouter les paroles, les arrangements. La musique, c'est quelque chose d'important !

Quel est ton lien avec la France ?
J'adore la France ! Voilà, c'est tout ! (Rires) Ce n'est pas la première fois que je viens. On est déjà venu chanter à la Cigale en 2019, avant la pandémie, donc revenir ici, c'est vraiment super agréable. (Il parle en français) J'ai étudié le français à l'école pendant cinq ans mais j'ai tout oublié... Je dois reprendre des cours ! Mais j'aimerais faire une version en français de "Due vite", car on a traduit une phrase du refrain, et ça sonne super bien. Donc je crois que je devrais vraiment le faire...