Marcel Amont

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Il a vécu son « rêve en bleu - bleu - bleu » toute sa vie. Marcel Amont, l'un des derniers monuments du music-hall, s'est éteint à l'âge de 93 ans à son domicile de Saint-Cloud, aux portes de Paris, plus tôt dans la semaine. C'est sa famille qui a annoncé la disparition du chanteur dans un communiqué transmis à l'AFP, avant que la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, ne prenne la parole pour saluer un « géant du music hall, solaire, généreux ». « La scène était son royaume. En français comme en béarnais, ses chansons seront toujours là pour nous transmettre sa fantaisie, son panache » a souligné la femme d'Etat, en rappelant le lien privilégié qui unissait Marcel Amont au public. Jusqu'à ses 90 ans, celui qui chantait "L'amour ça fait passer le temps" ou "Dans le coeur de ma blonde" se produisait encore en concert dans des spectacles plein d'allégresse où il mélangeait humour et chansons.

"C'était un ami de la famille"

Serga Lama, qui l'a bien connu, le décrit comme un « merveilleux artiste fantaisiste, toujours de bon goût ». Sur sa page Facebook, le vétéran de la chanson française, honoré d'un prix d'honneur aux dernières Victoires de la Musique face à un Calogero en larmes, a tenu à écrire quelques mots pour saluer la mémoire de Marcel Amont, qu'il connaissait depuis l'enfance. « Oui, la mort a frappé mon ami Marcel Amont. C'était un ami de la famille Chauvier [le vrai nom de Serge Lama, ndlr] quand j'étais ado. Il venait parfois manger un morceau à la maison quand son ventre criait famine » se remémore l'interprète de "Je suis malade", qu'il a par la suite côtoyé sur le plan professionnel dans le cercle des artistes parisiens des années 60, à Bobino notamment. Et Marcel Amont a joué un rôle crucial dans le destin de Serge Lama, en l'invitant à faire les premières parties de sa tournée d'été « tragique », en 1965. Le 12 août, Serge Lama est victime d’un terrible accident de la route dont il ressortira handicapé. Alors que les médecins veulent l'opérer, Marcel Amont se précipite pour les dissuader de pratiquer une trachéotomie qui aurait abîmé ses cordes vocales, et mis fin à sa carrière.

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"On ne peut rien contre une nature aussi généreuse"

« C'est lui qui est accouru au plus vite pour sauver ma voix en criant : "Attention c'est un chanteur !" » rappelle donc Serge Lama dans son hommage, citant alors quelques-uns des morceaux qui ont fait sa renommée. « C'est lui "Escamillo", "Les bleuets d'azur", qui arracha au jeune Nougaro "Je suis sous ton balcon", à Aznavour "Le mexicain basané" dont il fit un petit chef-d'oeuvre de cocasserie. Drôle mais jamais vulgaire, ce qui constitue une prouesse. C'est lui le tube d'été "Bleu, blanc, blond" dont il avait fait une amusante chanson de scène. Les souvenirs sont denses » raconte l'artiste de 80 ans, alors que les images défilent dans sa tête. Il se souvient d'un garçon investi, d'une grande bonté : « Il ne buvait, ni ne fumait, mais il aimait les filles et l’amour, grand sportif. Il a fait beaucoup pour le parti socialiste, puis il a été trahi par les siens. Il m’a confié qu’il en avait beaucoup souffert et pourtant son ami Brassens, qu'il surnommait "Jojo", l'avait prévenu, mais on ne peut rien contre une nature aussi généreuse. Il voulait que tous les hommes soient heureux dans le meilleur des mondes ».

Avec émotion, Serge Lama écrit : « Son destin sur terre a pris fin hier, mais dans mon et dans vos coeurs survivra longtemps cet histrion plein de panache et de verve. Salut Marcel et merci pour tant de rires, de sourires, dont on n’avait pas honte en sortant ». Et de conclure, comme le veut la tradition, par un « Salut l'artiste ! ».