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Louis-Ronan Choisy en interview

Si Louis-Ronan Choisy interprète la B.O du film "Le refuge" de François Ozon, dans lequel il tient le premier rôle masculin, ce dandy des temps modernes publie pour autant ce lundi 26 avril sur les plateformes de téléchargement légal, et le 3 juin prochain dans nos bacs, son quatrième et nouvel album, intitulé "Rivière de plumes". Louis-Ronan Choisy se produira par ailleurs en concert ce soir, sur la scène du New-Morning, à Paris. Nous l'avons rencontré.
Bonjour Louis, Louis-Ronan nouvellement, pourquoi as-tu décidé d'ajouter ton patronyme alors que tu n'utilisais jusqu'ici que ton simple prénom (Thierry Cadet, rédacteur) ?
Louis-Ronan Choisy : (sourire) En réalité, c'est depuis que j'ai su que je tournais dans le film de François Ozon, "Le refuge". Je trouvais que n'utiliser que mon prénom au générique de ce long-métrage, aux côtés de noms aussi prestigieux qu'Isabelle Carré ou Melvil Poupaud, et alors que je ne suis pas encore populaire, paraissait présomptueux.

Humble démarche. Mais pourquoi avoir conservé Louis-Ronan Choisy pour la musique, et en l'occurrence ce quatrième album, alors que tu t'appelais Louis sur les trois précédents ?
Parce qu'ensuite ça aurait été compliqué. Je ne voulais pas un nom pour le cinéma, un autre pour la musique. Cela prêtait à confusion. J'ai donc décidé de conserver Louis-Ronan Choisy pour poursuivre ma carrière.

Concernant le film de François Ozon, "Le refuge", dans lequel tu tenais le rôle de Paul, un homosexuel, le premier rôle masculin, as-tu été déçu par son échec commercial (ndlr : le long-métrage a totalisé seulement 78 931 entrées en France) ?
Je ne suis pas déçu car le film a reçu de bonnes critiques. Il n'était pas destiné à une carrière commerciale exceptionnelle. François a dans sa filmographie des films populaires comme "8 femmes" par exemple, et d'autres moins. "Angel" ne l'était pas non plus. C'est d'ailleurs ce qui fait la richesse de sa carrière de réalisateur, et ce qui m'impressionne le plus. Le sujet, traitant de deux toxicomanes, n'est pas très grand public non plus. Ce film est très beau, et j'en suis très fier. J'aurais été déçu si le film avait été mauvais, ce qui n'est pas le cas.

Visionnez la bande-annonce du film de François Ozon, "Le refuge" :
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Je peux comprendre la psychologie des deux. Physiquement et moralement. J'en suis ressorti épuisé, vidé
C'est ton premier rôle au cinéma, comment est venue à François Ozon l'idée de te proposer celui de Paul ?
Il m'a vu sur scène, en première partie de Dani, je l'avais invité car un ami que nous avons en commun m'avait dit qu'il appréciait mon univers. C'est là qu'il m'a proposé ensuite de passer des essais pour le film qu'il préparait. François m'a demandé d'être neutre, d'apprendre le texte par cœur, sans l'intellectualiser, sans y donner d'intention particulière. Je crois qu'il avait évidemment déjà en tête le côté brut du personnage.

Etrangement, ton personnage porte le prénom de Paul dans le film, et celui de Melvil Poupaud, le tien, Louis. Sais-tu pour quelles raisons ?
Non. Et je n'ai pas demandé afin de conserver le mystère intact. Je ne voulais être influencé ou perturbé par quoique ce soit.

Finalement, te sens-tu plus proche de Paul ou de Louis ?
Je peux comprendre la psychologie des deux (sourire).

Serais-tu prêt à renouveler cette première expérience sur grand écran ?
Oui. J'ai d'ailleurs un agent depuis peu de temps. Mais c'est un travail très différent que celui de chanteur. C'est certes, jouissif, mais aussi très difficile de jouer. Physiquement et moralement. J'en suis ressorti épuisé, vidé.



Quels ont été tes rapports avec Isabelle Carré ou François Ozon sur le tournage ?
Très bons (sourire) ! Nous étions une vraie petite famille, et chaque fois qu'on se retrouve sur un festival, c'est reparti, nous sommes assez proches à présent.

Le film va-t-il être distribué à l'étranger ?
Oui bien sûr, sous le titre "The Refuge", il sort au Canada, présenté notamment au festival de Toronto. En Espagne, il a reçu le Grand Prix du Jury au festival de San Sebastian. Il devrait être prochainement diffusé en Allemagne aussi, comme tous les films de François ; il est même prévu que la B.O du film paraisse outre-Rhin.



Ton quatrième et nouvel album, "Rivière de plumes" (sur les plateformes de téléchargement à partir de ce 26 avril, et en bacs le 3 juin prochain), reprend au niveau de son visuel (sur des photos de Bertrand Desprez), l'affiche du film "Le refuge", mais il est aussi jumelé avec la B.O du film de François Ozon - que tu as composée. Ce disque est donc un double album. Pour quelles raisons les deux projets sont-ils autant liés ?
Simplement parce que l'un a influencé l'autre, et inversement. J'ai composé la B.O du film pendant le tournage, et parallèlement je m'attelais à mon quatrième album. Les deux se sont naturellement révélés associés.

Le premier extrait, clippé, a été la chanson "Le refuge", interprétée en duo avec Isabelle Carré, que l'on retrouve d'ailleurs dans le film - et également remixée par Bristol (voir en fin d'article). Son successeur serait "Copenhague", même si d'autres radios jouent déjà "L'homme de cire"...
Oui, aujourd'hui les radios choisissent les titres qu'elles veulent plébisciter parmi un album, en fonction de leur format. Radio France, notamment Fip et France Inter, a en effet choisi de diffuser "L'homme de cire", tandis que "Copenhague", le second single dit officiel du disque, est entré en playlist sur Virgin Radio.

Visionnez le clip de Louis-Ronan Choisy, "Le refuge" :
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Pourquoi parler de Copenhague ? As-tu un rapport affectif à cette ville ?
Non. Mes chansons ne sont pas toutes autobiographiques (sourire). Je suis un instinctif, je ne peux pas raconter réellement des histoires.



J'ai voulu amener quelque chose de plus lumineux, de très doux, protecteur
Après un premier album plutôt underground, un second axé pop anglaise, et un troisième électro/rock, ce nouveau volet de ta carrière s'avère être pop, avec des formats de chansons très classiques, couplets, refrain. Est-ce un choix délibéré de ta part ?
Ça c'est fait naturellement. Rien n'a été calculé. En fait, les chansons ont été créés dans un premier temps, sur un format guitare/voix. On les as très peu retravaillées d'ailleurs. Elles ont conservé la spontanéité première que leur donnait la guitare sèche. Si sur "Enfants du siècle", il y avait un côté très torturé, genre peur de l'avenir, j'ai voulu m'amuser sur "Rivière de plumes", essayer d'autres sons, amener quelque chose de plus lumineux, mais aussi de très doux, protecteur, que ce soit d'ailleurs aussi bien pour la B.O du film, que pour mon disque. J'ai voulu un peu plus de “réverb” que d'habitude sur ma voix, ce qui me permettait de murmurer dans l'oreille de l'auditeur. Ensuite, on a ajouté une batterie, une basse, des claviers, au Studio Gang. Un quatuor, mené par Karen Brunon, est également venu poser quelques cordes.

On retrouve également la chanteuse Hanna H aux chœurs...
Oui, elle a ce côté enfantin dans le timbre de sa voix, idéal pour ce que je voulais.

Les chansons que tu proposes sur ce disque sont d'avantage up-tempo que sur tes albums précédents, pourquoi ?
C'était pour moi une façon légère de traiter des thèmes moins légers qu'ils n'en ont l'air (sourire).

Combien avais-tu écrit et composé de chansons au total pour ce disque ?
Entre cinquante et soixante peut être. Je travaille un album sur du long terme. Je crée, je laisse reposer, puis je modifie souvent structure ou paroles, afin de choisir ensuite celles qui conviennent le mieux au projet.

La chanson, "Quand j'irai voir Dieu", qui devait figurer sur ton album, et qui était en fait une adaptation très libre du tube de Vaya Con Dios, "Just A Friend Of Mine" (Top 7 en 1988), n'y figurera finalement pas pour cause de droits...
Pour être honnête, à la base mon intention n'était pas d'adapter la chanson de Vaya Con Dios, mais en faisant écouter le titre autour de moi, j'ai bien été obligé de me rendre à l'évidence que la similitude était bien présente (sourire). Comme quoi, ce n'est parfois pas réellement voulu, les choses peuvent être parfois inconscientes, pour x raisons. En tout cas, j'avais décidé de créditer cette chanson comme une adaptation alternative du morceau. Mais elle ne fera donc pas partie de l'album, les ayant droits de Vaya Con Dios n’ayant pas donné leur accord.

Il y bien cela dit "La rencontre", l'adaptation alternative là aussi, du "Death Of A Ladies’ Man" de Phil Spector et Leonard Cohen. Ce dernier, dont tu es tombé amoureux de l'univers à l'adolescence ?
Exactement, au même titre que David Bowie, The Doors ou The Rolling Stones, j'éprouve une véritable fascination pour cet artiste.

Et aujourd'hui, quels artistes apprécies-tu dans la nouvelle génération ?
Camille, Babx, Berline...

Autre hommage aussi, celui au peintre allemand, chef de fil de la peinture romantique du 19ème siècle, sur "Gaspard David Friedrich", pourquoi ?
Pareillement, j'admire son travail.

La collaboration s'est terminée parce qu'il y avait de nombreuses divergences. Une mauvaise énergie et des ondes négatives
Après deux albums signés en major, chez Columbia/Sony Music, tu as signé les deux derniers sur des labels indépendants, Néogène Music, et actuellement Bonzaï Music. Pour quelles raisons ?
Avec Columbia, la collaboration s'est terminée parce que nous n'allions plus dans la même direction artistique. Il y avait de nombreuses divergences. Une mauvaise énergie et des ondes négatives, ont fait qu'on s'est perdu. Concernant Bonzaï, c'est Bertrand Coqueneau, que j'avais connu chez EMI parce que ce sont eux qui distribuaient mon troisième album, et qui a continué à me suivre, notamment en venant me voir sur scène, qui m'a contacté. Il est à la tête de ce label indépendant, Bonzaï (Mary's Dream, Matthieu Boré...), et il m'a proposé de signer chez lui. Même s'il n'avait pas aimé mon troisième disque, "Les enfants du siècle" (sourire)...

Qui est Frédéric Fuchs, qui a réalisé avec toi cet album "Rivière de plumes" ?
C'est un ami de longue date, une véritable aventure humaine. Frédéric était déjà présent à mes côtés au sein de mon premier groupe. Aujourd'hui il est toujours en activité avec son groupe Parker, en tant que guitariste.

Pourquoi ce titre, "Rivière de plumes" ?
Je trouve qu'il reflète parfaitement l'ambiance du disque. Quelque chose de ouaté, de liquide, qui coule. Une alternance d'eau et de nuages.

Pour finir, tu te produiras le 26 avril sur la scène du New-Morning, à Paris. Dans quel état es-tu ?
(sourire) J'appréhende bien sûr, parce que je vais dévoiler l'univers de ce nouvel album, mais j'ai tellement hâte de remonter sur scène !

Merci Louis de ta disponibilité.
Merci à toi Thierry, et à Charts in France.

Pour en savoir plus, visitez louisronanchoisy.com, lerefuge-lefilm.com, ou son MySpace officiel.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.
Pour écouter et/ou télécharger le nouvel album de Louis-Ronan Choisy, "Rivière de plumes", cliquez sur ce lien.
Ecoutez le single de Louis-Ronan Choisy, "Le refuge", remixé par Bristol :


Visionnez le clip de Louis-Ronan Choisy, "Ailleurs c'est ici" (2008) :

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