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samedi 10 mars 2012 9:00

Lola en interview : "Je ne fais pas graviter toute ma vie autour de ma carrière."

Bercée entre la France et l'Amérique, la chanteuse Lola a finalement choisi le label indépendant My Major Company pour publier son premier album "Everybody Relax". Un disque en bacs depuis le 5 mars et qui ne porte pas si bien que ça son nom. Car la chanteuse, très expressive, n'est pas apparue totalement relax au cours de notre entretien. Bien au contraire ! Débordante d'énergie, cette artiste rock'n'roll (et pas que dans ses chansons) débarque avec ce premier essai plutôt réussi. Rencontre avec celle qui aurait pu être une héroïne de Quentin Tarantino. Comprendra qui pourra...


Je voulais dans un premier temps parler de ton label, My Major Company, et plus largement d'Internet, car c'est par cette voie que l'on te découvre cette année. L'ère numérique a ses avantages mais également ses inconvénients. Le public a pu se rendre compte de ce que tu étais capable de produire via l'outil Internet, mais il peut maintenant te pirater grâce, ou à cause devrait-on dire, du même outil. Je voulais connaître ton point de vue sur le sujet (Jonathan Hamard, journaliste).
Lola : Question très intéressante à laquelle je répondrais qu'il est très difficile pour moi de voir les méfaits d'Internet. Car avant le téléchargement illégal, il y avait des gens qui dupliquaient les disques. Le problème ne vient pas directement d'Internet mais des personnes qui téléchargent illégalement. Il n'y aurait que moi, je serais pour que les gens ayant les moyens de se payer un album les achètent. Pour les autres, et bien que ce soit comme au temps de nos parents. Avant, les cassettes circulaient pour ceux qui ne pouvaient pas se permettre d'acheter de la musique. Donc Internet n'est pas le criminel. Ce sont les internautes malveillants qu'il faut voir comme coupables. Personne ne les oblige à le faire. C'est un choix individuel.

Le Net, c'est la voie que tu as choisie. Tu reviens aussi des Etats-Unis. Pourquoi avoir choisi My Major Company plutôt qu'un autre label ?
Ce sont eux qui m'ont contactée. J'avais eu une expérience très intéressante mais qui n'a pas abouti sur la sortie d'un album. J'étais avec un label qui m'a permis de travailler avec des gens exceptionnelles qui m'ont permis de découvrir beaucoup de choses. J'ai travaillé avec des grosses pointures, des personnes que j'estime être des maîtres dans leur domaine. Mais finalement, ça allait à l'encontre de ma quête personnelle artistique. Parce que c'était une si grosse machine avec des aussi gros moyens, mon exploration personnelle passait au second plan. Pour moi ce projet n'était donc pas viable. Je ne m'y retrouvais pas. Ça a été pour moi une période de questionnement. Mais c'est un choix que j'ai fait de tourner le dos à tout ça pour gagner une liberté artistique. Et My Major Company m'a permis tout ça. J'étais prête à partir en indé mais les discussions avançant avec le label, je me suis dit que cette équipe et cette manière de fonctionner me permettraient d'aller au bout de ma quête. Je trouve que c'est un coup de génie de donner la possibilité aux internautes de devenir actionnaire d'un album, de pouvoir le produire et même de choisir l'artiste. Tous les obstacles qui sclérosaient selon moi le business de la musique n'existaient plus.

Pardonne-moi si je t'offense, mais c'est un petit peu culotté d'une certaine manière de se dire "Je refuse le meilleur, je tourne le dos à la crème des producteurs" pour te paraphraser, en te disant que tu y arriverais mieux toute seule.
Non. Je ne dirais pas que c'est culotté. Ça l'aurait été si ça avait été un geste d'arrogance : "Je ne veux pas ce que vous m'offrez". Or ce n'était pas le cas. Et c'est pour cela que la situation était très compliquée pour moi. Ça a été un vrai déchirement pour moi. D'un côté j’avais énormément de gratitude. Qu'on croit assez en moi pour me donner cette opportunité. Ma première responsabilité, elle est d'être en symbiose avec ce que je veux et ce que je suis. Si ce que je fais ne part pas d'un sentiment et d'une démarche qui est intègre pour moi, je ne me sens pas bien. Je vis mal. Je le ressens comme une sorte de prostitution. C'était très dur. Et ce serait idem avec un autre label et même avec les internautes de My Major. Je leur suis bien évidemment très reconnaissante de leur engagement. Et j'en profite pour leur dire que je les aime beaucoup. Mais, encore une fois, me trahir pour ne pas trahir leurs attentes de moi, c'était quand même une trahison envers moi-même. Et ça, c'est la plus haute trahison et je ne conseille à personne de le faire (sourire). Je pense que lorsque l'on est dans l'image publique, il faut essayer autant qu'on le peut, évidement on se fourvoie - on cherche les réponses -, de vivre pour élever les gens. Et on commence avec nos choix personnels. C'est pour cette raison primordiale que j'ai fait ces choix.

C'était une expérience tellement jouissive.
Cette première expérience qui n'a pas abouti. Je suppose qu'il en demeure plusieurs titres...
J'ai dû écrire quelque chose comme cent cinquante titres.

Qui ne paraitront jamais ? Qui ont été retravaillés puis intégrés à ton album ? Que tu as donné à d'autres artistes ?
Il y en a qui seront peut-être réutilisés. J'ai beaucoup travaillé avec Toby Gad qui a écrit "If I Were A Boy" pour Beyoncé. Je les trouve extraordinaires. Je ne le renie absolument pas. J'en ai même publié deux en singles. Mais tout n'a pas fonctionné comme j'aurais voulu. C'est devenu compliqué. Je n’étais plus heureuse. Il y avait beaucoup de micro-management. On ne se sent plus libre de choisir quelle robe on va porter. On ne peut plus raconter ce qu'on a envie de raconter. On devient une autre personne en fait. Ce n'était pas possible.

Lola, c'est une femme de caractère si je comprends bien ?
Oui, une femme de caractère. Je dirais aussi que c'est en grande partie cette expérience qui a forgé mon caractère. Après, je suis comme tout le monde. J'ai aussi mes faiblesses. J'ai besoin d'amour, j'ai besoin de sentir que ce que je fais c'est bien. Ce sont des besoins universels. Je ne connais pas une seule personne qui n'a pas besoin de reconnaissance ou d'être fière de ce qu'elle a accompli. On a tous besoin d'aider les autres et de se sentir aimer en retour. C'est le caractère de tous. Enfin, "femme de caractère", ça me va bien. Ce n'est pas pour me déplaire (sourire).

La fierté, c'est aussi celle de publier ce premier album ?
Oui. Je suis très très contente. Je pense que j'ai réussi à encapsuler ce que je ressentais à l'époque. Je ne pense rien avoir à changer dessus. Ce n'est pas du narcissisme, car rien n'est jamais parfait, mais pinailler... bon... Je l'accepte comme il est. C'était une expérience tellement jouissive de l'écrire, de le concevoir et de l'enregistrer. Quand je l'écoute, je me remémore la pureté et la fraicheur de la personne avec laquelle je l'ai écrit. Parce qu'on ne se connaissait pas du tout. Notre relation s'est construite en parallèle de cet album. Tout gravitait atour de ces petits objets qui sont ces chansons. Je les aime en tant que tel et aussi pour les souvenirs qu'elles sont pour moi.



De l'Amérique, tu en as conservé beaucoup de choses. Le son sonne très américain et l'image que tu renvoies y fait très largement référence. C'est une culture inspirante pour toi ?
Absolument. J'ai toujours grandi entre les deux. Mon père vivait à Los Angeles et ma mère à Paris. J'ai toujours été en transit entre les deux du fait des circonstances de ma vie. J'ai donc toujours côtoyé les deux cultures. J'adore les Etats-Unis mais j'aime aussi beaucoup pouvoir évoluer entre les deux pays. C'est tellement enrichissant. Ce sont des perspectives de la vie tellement différentes. Je me doute que chaque voyage est une expérience. Si j'allais par exemple au Cambodge, j'apprendrais d'autres choses. De culture, je me sens aussi très américaine. J'ai grandi dans une maison où l'on écoutait Otis Redding, Marvin Gaye, Jimi Hendrix... Et puis après il y a eu Madonna et Britney Spears. J'aime bien la bonne pop américaine de toutes les époques. J'ai grandi en voulant devenir une chanteuse américaine.

J'ai grandi en voulant devenir une chanteuse américaine.
Ce n'est pas pour rien que ton album a été produit aux Etats-Unis. Penses-tu qu'en travaillant en France tu aurais pu obtenir le même résultat ?
Je n'ai pas d'expérience en France. J'ai grandi là-bas et tout ce qui se réfère à ma carrière a un rapport direct avec les Etats-Unis. Je n'ai donc pas de point de référence. Je n'ai pas d'avis. De l'excellence, on en trouve partout. Les Etats-Unis n'ont pas le monopole. C'est vrai que si l'on parle de pop et r'n'b, ils sont quand même bien calés.

Tu évoquais à l'instant la personne avec laquelle tu as travaillé sur l'album "Everybody Relax". Il s'appelle Alex Elena. Il a notamment collaboré avant toi avec Iron Maiden. Est-ce sa personnalité ou son CV qui t'a donné l'envie de travailler avec lui ?
Pas son CV. J'ai eu un vrai coup de cœur pour lui parce qu'il avait travaillé pour une amie à moi dont j'aime beaucoup la musique. Elle s'appelle Alice Smith. Elle ressort un deuxième album. J'espère qu'elle gagnera en notoriété en France. C'est elle qui m'a conseillé de le rencontrer. On a discuté et notre petit bébé est né.

"Everybody Relax", c'est un album fait à deux...
A deux ? Oui ! On a quand même fait venir différents intervenants. Mais la genèse des chansons, les premiers accords, c'est moi qui les ai écrits. C'est plutôt un album à deux. C'est notre petit bébé à nous.

Regardez le clip "Relax" de Lola :


Je crois savoir que tu as rencontré quelques difficultés à terminer l'enregistrement de l'album. Tu as eu un accident assez sérieux.
Oui. Pour faire court, je me suis pris une bûche en wake board. Je me suis retrouvée au lit pendant un mois et demi alors qu'on était en pleine session d'enregistrement. Je suis rentrée en France un petit moment. Mais ce n'était pas une bonne solution. Je broyais du noir. Je suis donc repartie, en brancard, allongée dans l'avion. On a repris l'enregistrement alors que j'étais encore alitée.

Je me souviens surtout du désarroi que j’ai vécu.
D'une, cette expérience t'a-t-elle inspiré certaines choses en matière artistique, et de deux, est-ce qu'elle t'a permis de découvrir des facettes de ta personnalité que tu ignorais ?
Je pense que oui. Je me souviens surtout du désarroi que j’ai vécu. Je pense que j’ai beaucoup d’empathie pour les gens qui sont alités ou les personnes âgées. J’avais l’impression d’être une petite vieille dépendante en train d’attendre qu’on m’apporte à manger, en train de crier dans mon lit que j’avais faim. Mais c’est encore trop tôt pour savoir ce que cette expérience m’a insufflée.

Peux-tu nous souffler les titres qui ont été enregistrés de cette manière-là ?
Bien sûr. Il y a : "Strange Days", "If It's All The Same To You", "Up The Wall". Pour celle-ci, ça commençait à aller mieux. Je reprenais des forces. Alors que pour "Strange Days", j’étais dans une période de dépression la plus totale. C’est le blues.

Au final, ce premier album a pris beaucoup de temps entre ta première expérience, pas vraiment réussie, et l’accident qui a interrompu l’enregistrement pendant plusieurs semaines.
Je ne considère pas tout le travail réalisé avec l’équipe d’Alicia Keys comme une mauvaise expérience. Comme je te l’ai dit, j’ai appris beaucoup de choses qui me servent aujourd’hui. Je ne chanterais pas comme je chante aujourd’hui si je n’avais pas rencontré toutes ces personnes. Elles m’ont permis de faire des concerts et de gagner ma vie avec ma musique. C’est depuis ça que je comprends l’importance de chaque interaction. Je l’identifie beaucoup en regardant le parcours de mes idoles. Avant d’être la star qu’elle est devenue, Aretha Franklin était chez Columbia. Ses premiers titres ne sont pas moins bons que ceux qui l’ont fait connaître après, une fois qu’elle était partie rejoindre d’autres labels et d’autres équipes. Pour en revenir au temps que ce projet a pris, je compte déjà deux mois et demi en studio. Ensuite, My Major m’a contacté pour que je m’inscrive au tremplin Virgin. J’ai gagné le concours et me suis inscrite sur le site en avril 2010. Tout s’est donc fait de manière relativement courte au final.

Presque deux ans quand même !
Ah oui ! (rires) Tout dépend de quel point de vue on se place ! Mais j’ai pu prendre mon temps, vivre un peu à Los Angeles. Et puis je ne fais pas graviter toute ma vie autour de ma carrière. Il n’y a pas que ça dans la vie. Avant, j’étais obsédée par ma carrière. Je ne pensais qu’à ça.

Tu dis peut-être ça parce que tu as ton album terminé entre les mains…
Peut-être (sourire).

Pour ceux qui ne s’y connaissent pas vraiment dans la musique rock, comment définirais-tu ta musique ? Les influences aussi ?
Je dirais unique. C’est vraiment un journal électrique intime et pop. Toutes les chansons sont très spécifiques à ce que je vivais sur le moment. On a un titre comme "Love Me" qui est une ode à la sensualité, à l’amour. "Up The Wall", c’est quand on ne supporte plus l’autre. "Relax" évoque cette manière d’être où l’on ne se pose pas de question, on vit le moment présent. Chaque chanson est une pastille et c’est en ce sens que je dis que cet album est unique. On a fait un travail d’orfèvre. Je l’ai fait à l’ancienne. On s’est enfermé en studio. Les chansons, je les ai toutes conçues. Ce n’est pas un patchwork de différents producteurs.

Je te perçois comme une personne dans l’énergie, comme une pile électrique. A contrario, le titre de ton album est "Everybody Relax".
C’est justement parce que je suis quelqu’un dans l’énergie et dans la soif goulue d’expériences nouvelles que je l’ai intitulé comme ça. C’est une injonction que je me fais à moi-même. Je me dis qu’il faut prendre son temps, que de toute façon on finira tous au même endroit. Et quand on aime quelqu’un, c’est là qu’on est le plus en vie. Ce sont des principes auxquels il est facile d’adhérer mais moins évidents à appliquer.

Toute l'actualité de Lola sur son profil My Major Company.
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