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Jérôme Van Den Hole en interview

Drôle, héroïque, amusé, amusant, lucide, optimiste, poète, sociologue, loufoque, incompris, thérapeute, suicidaire... Tels sont les mots qui nous viennent à l'esprit à l'écoute du premier album éponyme de Jérôme Van Den Hole, et l'idée que nous nous sommes faits de cet artiste au talent certain. Alors qu'il était temps de "S'en aller", nous avons compris, un peu trop tard, qu'il n'y avait peut-être rien à comprendre...


Van Den Hole, c'est un nom qui vient du nord ? (Jonathan Hamard)
Jérôme Va Den Hole : Tu sais comme moi que la France est multi-ethnique. Je viens en réalité du nord de la France. Il y a là-bas beaucoup de polonais et de juifs. J'ai des racines flamandes, mais mon père a coupé mon arbre généalogique et je ne sais pas qui sont mes ancêtres. J'ai surement de la famille sur ces territoires sans le savoir réellement. En ce qui me concerne, je suis né en France, et j'ai grandi ici.

Je me mets à la place de la radio qui aurait préféré quelque chose de plus guilleret.
Avec ton premier album, tu te places sur un créneau déjà pas mal occupé. Tu as lancé un premier single, "S'en aller", doté d'ailleurs d'un premier clip, mais les médias ne te relayent pas. Ça va être difficile pour toi.
Ah, c'est délicat ce que tu me dis... Si je commence à dire ça... Pour un artiste, c'est très difficile de se lancer et ça ne date pas d'aujourd'hui. Se lancer, ça ne se fait pas du jour au lendemain, en claquant des doigts. Certes, le single passe peu sur les ondes. Ce n'est pas simple car les radios qui diffusent les artistes en développement, il n'y en a plus. Virgin Radio le faisait un peu mais c'est fini. Il y a encore France Inter. Après, ma petite théorie là-dessus, c'est que, quand je constate ce qui passe à la radio, que je vois ce qui marche bien du côté de la chanson française, je remarque que ce sont des titres plutôt enjoués. Je vois des artistes qui ont été récompensés pour des chansons gaies. Mon premier single, il est en mode mineur, il est plutôt sautillant mais pas très joyeux. Je me mets à la place de la radio qui aurait préféré quelque chose de plus guilleret. EMI a une politique de bon goût en matière de chanson française et perçoit très aisément qu'il est difficile d'aller voir les radios avec des titres comme "Boum Boum" ou "Ketchup".

Et pourquoi pas le duo avec Camille, "Debout", qui jouxte peut-être ton univers à ce besoin d'être exploitable par les médias ?
Mais c'est un duo ! Et débuter avec un duo, ce n'est pas évident. J'aurais bien aimé "Boum Boum", qui, et je crois que c'est dans cet ordre qu'il faut le faire, sera sans doute le prochain single. J'aurais bien évidemment souhaité mettre en avant des textes forts et des chansons qui me tiennent à cœur mais le contexte actuel ne le permet pas systématiquement. "S'en aller", c'est un morceau qui ne t'a visiblement pas séduit. J'admets que si tu le compares à d'autres titres, il est bien moins accrocheur. En revanche, en écoutant plusieurs fois l'album, c'est à celui là qu'on revient le plus souvent. Tu verras.



Je pense surtout que la crise du disque a obligé les maisons de disques à faire de vrais albums.
Ça ne t'effraie pas de voir le marché du disque actuel ? Dans ton cas, tu as EMI qui soutient ton projet. Tu arrives avec un disque mais tu dois aussi t'adapter à une demande, tu n'as pas vraiment le choix si tu veux exister.
Je crois surtout qu'il faut être malin. Pour l'heure, j'ai de très bons retours pour mon premier album. La presse est plutôt enchantée. Les radios, qui sont censées avoir un rôle prescripteur, arrive en fin de boucle maintenant. Elles préfèrent regarder comment les choses évoluent pour les premiers projets avant de se lancer. Après, je suis loin d'être cynique, le marché est le même depuis que l'industrie du disque existe. Ça n'a pas empêché les grands artistes de sortir leurs lots de titres moins intéressants. Je pense surtout que la crise du disque a obligé les maisons de disques à se recentrer sur l'essentiel. Elle a obligé les maisons de disques à faire de vrais albums. Désormais, on peut écouter un album avant de l'acheter. Tu peux aussi ne prendre qu'un ou deux titres qui t'intéressent. Tu ne peux plus sortir d'album avec uniquement un seul bon titre. Si le disque est pourri, le public achète juste le single. Je trouve que c'est l'aspect sain de cette affaire. Il y a un deuxième aspect plus compliqué : il y a des artistes qui se font de l'argent et d'autres moins. Des internautes se servent et ne rétribuent personne. Je pense que quelqu'un parviendra bien à mettre en place un système qui puisse empêcher ça.

Je peux parler de ma mère sans m'allonger sur le divan.
Penses-tu, à l'heure actuelle, que tu pourrais évoluer différemment, ou tricher sur ce que tu es vraiment pour élargir ton auditoire ?
Ma conviction est la suivante : ceux qui trichent pour tenter de faire un tube, ils ne feront jamais. Il y a des choses qui fonctionnent, qui marchent très bien, que je n'apprécie pas forcément, mais je reconnais à leur artiste une forme de sincérité. Je ne parle pas des tubes de l'été comme René La Taupe, que je croise souvent au bureau d'ailleurs. Il est là mais il ne voit rien... Je peux te parler de Zaz : je n'achèterais pas le disque mais la chanson est forte. Elle croit à ce qu'elle raconte, donc ça ne m'étonne même pas que ça marche. Je fais les chansons que j'ai vraiment envie de faire. Le malentendu qui existe, c'est qu'il y a des gens qui se disent intellectuels ou bien-pensants qui ont écouté ses chansons comme les miennes d'une seule oreille et qui croient que c'est la fête à la saucisse. Mais il y a un fond. Moi, je suis beaucoup plus influencé par Souchon ou Cabrel. C'est beaucoup plus facile pour moi de parler de mon intimité en adoptant cette posture là. Je peux parler de ma mère sans m'allonger sur le divan. J'assume totalement ce que je suis. Je parle comme je pense : je n'ai pas besoin d'adopter de tournures littéraires pour dire les choses.

Découvrez le premier clip de Jérôme Van Den Hole, "S'en aller" :


Il y a beaucoup d'auto-dérision sur ce premier album, mais, d'une certaine manière, tu tournes aussi la société en dérision.
Je vais te dévoiler quelque chose : je n'ai pas envie de faire du premier degré. Ce n'est pas pour me cacher. Je préfère les pièces où l'on arrive à jouer sur les contrastes. Je vais te donner l'exemple de Catherine Ringer. J'ai lu une interview d'elle récemment et j'aime beaucoup ce qu'elle fait. Si tu prends le titre "Marcia Baila", tu te rends vite compte que c'est un titre au texte désespérant, un titre très vocal, et qui fait pourtant danser tout le monde. C'est l'idéal pour moi. Les gens qui n'ont pas d'apriori sur ce que je fais me réservent un très bon accueil. Les auditeurs, s'ils sont ouverts, comprennent que je ne me moque pas d'eux.

Je prends ce risque du malentendu : on adhère ou pas.
C'est vrai qu'à l'écoute de ton album, on en arrive à se demander de qui tu te moques.
La plupart des gens n'ont pas d'apriori. Si les gens aiment bien la chanson, ils découvriront le texte par la suite et le comprendront. Se poser la question, ce n'est pas se demander de qui je me moque, c'est de savoir de quoi je parle. Je souhaite attiser la curiosité. Je prends ce risque du malentendu : on adhère ou pas. Je me rends compte que la plupart de ceux qui ont écouté mon album comprennent ce que je dis et ne se sentent pas raillés. Les auditeurs comprennent que je ne me prends pas au sérieux.

Il y a des textes qui sont décousus. Parfois, on ne saisit pas tout. J'ai cherché un sens profond alors qu'en réalité, il n'y en pas tout le temps. C'est le cas de "Je ne sais pas".
C'est tout à fait ça ! [Rire] Oui, il y a forcément un sens profond mais la poésie permet aussi je jouer avec les mots et les sens. Je préfère me perdre un peu, quitte à perdre le sens des choses. C'est ça aussi "Je ne sais pas". La logique est qu'il faut faire taire le chien. Je sais qu'il s'est arrêté d'aboyer, mais comment ? Il y a aussi le refrain qui tourne en boucle : « mon amour, même si tu es la plus belle, commet te promettre que je serai avec toi demain ». C'est ma philosophie de base : je vis au jour le jour.



C'est amusant pour toi de voir que l'on ne comprend pas forcément tout ?
Il y a quand même des clefs dans mes chansons. Toi, tu me vois, et je pense que tu as compris que je n'étais pas quelqu'un de cynique. Je ne me moque de personne, absolument pas ! Je pourrais te faire le topo sur chaque chanson. Mes titres, tu les as compris, mais le tout est de savoir si tu admets ou pas leur sens. Pour "Baise-en-ville", je fais un parallèle entre la violence et l'amour, un peu comme un conte à la "Roméo et Juliette". Je joue avec les mots !

Et l'écriture, ça te prend du temps ou c'est quelque chose qui te vient facilement ?
J'apporte un soin particulier à écrire mes textes. D'une chanson à l'autre, le temps est vraiment variable. En général, j'ai toujours la musique avant. Quant aux textes, je peux m'y reprendre à plusieurs fois. Ils sont faits de sorte que peut y prendre ce qu'il veut et comprend ce qu'il veut comprendre. Par exemple, "Chienne de vie", la femme est une allégorie de la vie.

En écoutant, "Ketchup", on comprend que tu chantes ce qu'il manque à la vie de chacun d'entre nous.
Oui, je fais plein d'aveux.

Chaque individu a besoin de consommer à outrance pour être heureux.
J'attends donc de savoir ce qu'il manque à la tienne.
Pour l'heure, je te répondrais que je suis très heureux. J'aime et je suis aimé. Je le vis très bien. Ce titre met aussi en lumière cette société consumériste où chaque individu a besoin de consommer à outrance pour être heureux. La morale de cette chanson, c'est qu'on sait tous à quoi tient la vie.

Tu n'as pas peur de devenir un prêcheur de la bonne morale ?
Je ne crois pas. Dans le titre "Baise-en-ville", c'est un appel à une partie de jambe en l'air : let's go to la partouze. Profitons de la vie ! Je concède que ça peut être une tarte à la crème. Profitons de la vie parce qu'elle est courte. Moi, je suis comme vous : la vie n'est pas toujours facile pour moi non plus. Voici les constats de l'échec, et je vous propose quelques solutions.

Pour en savoir plus, visitez jeromevandenhole.com, ou son MySpace officiel.
Écoutez et/ou téléchargez le premier single de Jérôme Van Den Hole, "S'en aller".
Réservez vos places de concert pour aller applaudir Jérôme Van Den Hole.

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