lundi 28 février 2011 8:53
Rencontre avec Jean-Pierre Danel
Avec plus de 173 disques d'or, de platine et de diamant à son palmarès, l'industrie du disque lui reconnait un génie artistique unique. Peu connu du grand public, sa réputation dépasse pourtant nos frontières. Rencontre avec le guitariste Jean-Pierre Danel.
Vous êtes un des guitaristes les plus réputés en France, avec également une reconnaissance internationale. Même Brian May du groupe Queen admire votre travail et le fait savoir. Il a déclaré lannée dernière à propos de votre version du classique "Saint Louis Blues" : « C'est exquis ! Réellement. Mon Dieu ! Quel merveilleux travail... Je déborde dadmiration ! ». Il y a de nombreux musiciens, guitaristes voire même bassistes superstars outre-Atlantique, mais ce nest pas le cas en France. Comment expliquez-vous cette absence de reconnaissance des français pour les musiciens ? Cest une chose effectivement intéressante à observer. En France, on privilégie en général le chanteur. Un artiste comme Eric Clapton est évidemment admiré des fans de guitare, mais jai remarqué avec surprise que pour une partie du grand public, il est perçu comme un chanteur. Clapton a dailleurs une voix formidable ! Mais cest évidemment comme guitariste que lui reviendra une place dans lHistoire de la musique. Je crois quen France, on ne perçoit pas trop la musique comme un vrai job. Quand on est musicien, on passe notre temps à se voir demander si on a un "vrai" métier à côté Ca reste peu respecté. Par ailleurs, un chanteur rassemble les foules plus facilement quun musicien, peut-être aussi à cause des textes, des choses et des émotions quils expriment et qui parlent à tout le monde. Cest peut-être lié à notre belle tradition littéraire. Évidemment, quand cest Brel, ça se comprend ! Django Reinhardt fut une exception cependant. Il y a bien sûr des musiciens qui font carrière, mais ce statut de "superstar" que vous décrivez est réservé semble-t-il ici aux chanteurs, oui Je ne sais pas dailleurs sil est si enviable que cela Quant à moi, je suis extrêmement honoré des compliments de Brian May ici ou là, mais ma réputation se limite au cercle des initiés de la guitare. Je nai jamais cherché une carrière très grand public en tant quartiste. Jaurais choisi autre chose que la guitare instrumentale sans doute, si cétait là mon objectif ! Et il y a de nombreux excellents guitaristes en France. Jai eu la chance que quelques-uns de mes albums sortent dans des conditions qui ont attiré lattention et ont rendu un succès commercial possible, mais ça ne veut pas dire que je sois fatalement meilleur que dautres Peu de gens savent que vous êtes aussi un des plus solides producteurs indépendants français, avec quelques 21,5 millions de disques vendus en 20 ans de carrière, 232 disques classés au Top Albums français, et 173 disques dor et de platine. Comment on en arrive à un tel succès, comment débute-t-on ? Jai eu la chance de débuter à une époque où on vendait encore des disques ! Et puis, jai énormément travaillé. Je nai pas produit que des chefs duvre, loin de là, mais un nombre important de disques a trouvé un public. Jai commencé en 1982, à 14 ans à peine, comme guitariste de tournées, puis à 15 ans jai fait ma première séance en studio, avec larrangeur de Michel Berger. Jai aussi enchaîné des musiques de pubs et des concerts puis, à 20 ans, jai monté une petite boîte de production. Les maisons de disques étaient réticentes, et jai démarré avec des indépendants, qui étaient encore importants à lépoque. Petit à petit, ça a fait son chemin, et jai produit des disques à succès. Bien plus tard, jai aussi racheté des catalogues de titres dont personne ne semblait soccuper. Parallèlement, jai enregistré mes albums de guitariste, qui généralement ne sortaient pas en France, car les maisons de disques ny croyaient pas. Bref, jai beaucoup travaillé, je nai rien refusé, même des choses qui ne me plaisaient guère à produire, pour pouvoir exister, et finalement moffrir le luxe de réaliser les projets qui me tenaient à cur. Jai eu de la chance aussi, sans doute Vous avez reçu deux Awards de l'Instrumental Rock Guitar Hall Of Fame du meilleur compositeur et du meilleur album de l'année 2000 pour "Stratospheric" aux Etats-Unis, et vous avez participé à un disque regroupant Eric Clapton, Santana ou BB King, sans compter de nombreux duos sur vos propres albums. Comment se fait-on connaître aux Etats-Unis, et comment arrive-t-on à bosser avec des guitaristes mythiques, américains ou anglais, comme Hank Marvin des Shadows ? Dabord, il faut tout de même relativiser ces prix Aux USA, il y a une cérémonie dès que vous avez le moindre diplôme, et on décerne des Awards à tout va, bien plus quen France Ceux que jai reçus émanent dune association qui concerne la guitare instrumentale, ce nest donc pas comme si jétais choisi au milieu de Madonna et Michael Jackson ! Mais cela dit, ces reconnaissances font bien entendu plaisir. Ensuite, travailler avec des anglo-saxons, cest exactement la même chose que travailler avec des français : sils vous apprécient, ils se fichent de savoir doù vous venez. Jai eu la chance denregistrer des duos avec des gens qui sont des légendes pour les guitaristes du monde entier, comme Albert Lee, Scott Henderson, ou Andy Powell de Wishbone Ash, et avec Hank Marvin des Shadows, qui est une icône que vénèrent les musiciens anglais comme les Pink Floyd, Dire Straits, les Beatles ou Led Zeppelln. Cest donc évidemment un grand bonheur, car cest mon idole aussi, et en plus, on est devenus très amis. On a fait trois duos ensemble, et il a écrit la préface dun de mes livres sur la guitare. Je lai rencontré car jétais fan des Shadows, et puis on a fait connaissance, il a écouté les disques que jai fait ensuite, et lidée dun duo lui a plu. Il ny a pas de frontière avec linstrumental. Si je chantais sur tous mes disques, ce serait sans doute plus délicat. Mais un tas de musiciens français sont appréciés à létranger. Vous figurez dans le classement alphabétique des 1000 plus grands guitaristes de l'histoire du site américain "worldguitarists.com", ainsi que dans la liste établie par Rolling Stone des 30 plus grands guitaristes utilisant la Fender Stratocaster. Quels conseils donneriez-vous à un de nos jeunes guitaristes débutants ? Encore une fois, je me méfie de ces listes, parce quon ne peut pas classer des artistes comme des sociétés cotées en bourse Ca na pas trop de sens, tout ça. Mais cest sympathique. Quant aux conseils, ah là là, jaimerais bien savoir, mais moi-même je me perds facilement dans mon propre parcours Je crois quil faut croire à ce quon fait tout en étant réaliste. Vous pouvez être le plus grand violoniste au monde, si ce que vous faites ne trouve pas de public, personne ne le saura Pour un guitariste, vous avez deux axes principaux : accompagner un chanteur, ou un groupe, ou vous assumer en tant que soliste, qui peut pourquoi pas chanter en plus. Avec de la chance, vous devenez guitariste dIndochine ou de Noir Désir, ou bien Eric Clapton. Ce nest même pas la question dêtre le meilleur, mais dêtre en phase avec un mouvement musical, ou mieux encore, de le créer. Ensuite, cette musique doit avoir un public et convaincre la profession puis les médias. Hélas, il y a beaucoup despoirs déçus Après plusieurs albums à succès à létranger, vous avez sorti en 2006 "Guitar Connection" chez Sony, qui fut n°1 des ventes en France pendant deux semaines, avec 160 000 exemplaires vendus. L'album sera certifié double disque d'or puis disque de platine, et est lalbum de guitare instrumentale le plus vendu de lhistoire du disque en France. En 2007, "Guitar Connection 2" sest classé N°8 des ventes et a également reçu un disque dor. Cest atypique Jai été le premier surpris du succès commercial de ces disques instrumentaux. On mavait toujours expliqué que sil y avait bien une chose impossible, cétait de vendre de tels disques en masse en France. Il existe bien dautres guitaristes instrumentaux, mais jai eu la chance de pouvoir me produire et aussi de convaincre Sony dinvestir sur une pub télé, ce qui a fait connaître lalbum au grand public, qui ne se voit jamais rien proposer de ce type à cette échelle. Les autres albums instrumentaux restent en général assez confidentiels. Avec "Guitar Connection", jai pu convaincre quil existait un public plus nombreux que ce que le métier pensait. Le succès du premier a évidemment aidé les suivants. Petit à petit, jai creusé une sorte de niche. Mais personne, moi compris, naurait parié sur une place de N°1 du Top ! Là encore, ce nest pas la question dêtre le meilleur, mais une conjonction de facteurs, à la fois artistiques, promotionnels et professionnels. Les bonnes critiques ne suffisent pas à déclencher dimportantes ventes de disques, hélas ! Vous avez sorti en décembre dernier "Out of the blues" chez Universal, un album au profit de la lutte contre le sida où vous faites des duos avec 24 invités comme Louis Bertignac, Michael Jones, Laurent Voulzy Quest-ce qui vous a motivé à faire cet album ? Je suis né en 1968, et ma génération a pris la peur du sida en pleine figure. On a vécu avec cette angoisse, et quand je sortais avec une fille, je noubliais jamais cette épée de Damoclès, comme chacun jimagine. Jai aussi deux personnes de mon entourage qui sont mortes du sida. Jai participé à diverses actions caritatives comme producteur ou comme artiste et celle-là était une chose que je voulais faire depuis longtemps. On se sent utile, et on lest, si petite soit laction. Pour le reste, faire des duos nétait pas une nouveauté, mais je me suis dit que le faire pour une bonne cause éviterait aussi que lon croit que je voulais tirer profit du fait que telle ou telle star vienne sur mon album. De plus, pour diverses raisons, javais pour une fois le temps dattendre que chacun soit disponible, et jai pu réaliser cette idée qui me trottait dans la tête. Jusque-là, javais fait des duos, avec Laurent Voulzy par exemple, mais les emplois du temps sont tellement compliqués à gérer, quun ou deux duos par-ci par-là était un maximum. En prenant le temps, jai pu rencontrer des artistes avec qui je navais jamais travaillé, comme Fred Blondin, et inviter de grands musiciens de studio, moins connus du grand public, mais que jai eu plaisir à mettre sur un pied dégalité avec des stars. Je me suis fait plaisir, tout en me sentant un peu utile Avec une carrière si variée, quel est votre plus beau souvenir du métier ? Il y en a des tas De belles rencontres, de belles émotions, quelques satisfactions Cest difficile de faire le tri. Enregistrer à Abbey Road, dans le studio 2 où les Beatles, Cliff Richard et les Shadows et Pink Floyd ont fait leurs albums, cétait un rêve de gosse Certains duos furent comme des soirées de Noël. Certains courriers ou emails sont aussi très touchants. Quelques-uns sont même bouleversants, comme quand des gens vous écrivent quils tiennent le coup face à une maladie parce quécouter votre disque les aide moralement. Vous ne pouvez quêtre secoué Ce métier offre une multitude démotions et quelques belles déceptions, aussi ! Ecoutez un medley de la compilation "Guitar Connection 2" de Jean-Pierre Danel : "Owner of a Lonely Heart", "Smoke on the Water" et "Hell's Bells". Vous avez travaillé avec de nombreux artistes français et internationaux. Quel est lartiste dont vous vous sentez le plus proche ? Cest très difficile à dire. On na pas toujours les mêmes raisons de se sentir bien avec tel ou tel artiste, comme avec nimporte qui dailleurs. Et ça peut dépendre aussi des moments. On peut de plus enregistrer ensemble de temps en temps sans être de parfaits intimes dans la vie Il y a laspect purement professionnel, et laspect humain aussi, comme dans nimporte quel métier. Pour "Out of the blues", avec Michael Jones, on a pas mal daffinités musicales et on sentend bien. Le spot de pub télé quon a tourné ensemble est assez rigolo. Nono de Trust est un garçon délicieux. On rigole beaucoup avec Anne Ducros. Bref, chacun est différent. Côté production, cest pareil. Elie Kakou, dont jai produit des vidéos, était un garçon très attachant. Beaucoup dartistes moins connus sont de vrais amis aussi. Je ne saurais pas dire, parce que, sincèrement, jai eu la chance de ne pas avoir de vraie déception humaine avec les artistes avec qui jai fait des duos ou que jai produits. Je nen dirais pas autant des maisons de disques par contre ! Vous avez justement produit ou coproduit plus de 1800 albums, singles, compilations, vidéos, etc. Comment devient-on producteur ? Quest ce qui anime un producteur, mis à part largent ? Etre artiste et producteur, nest-ce pas deux exercices totalement différents ? Dabord, largent est une notion totalement erronée dans ce métier. Il ny pas, ou plus, dargent facile. Sil était si facile de vendre un million de disques avec un pauvre truc tout pourri, tout le monde le ferait et irait bronzer le reste de sa vie Cest un métier, et il est difficile. Largent est toujours incertain et reste un heureux bonus, souvent inattendu, mais qui hélas éveille de telles jalousies quon le paie parfois très cher, et je sais de quoi je parle. Pour autant, en gagner vous offre le luxe immense de la liberté, et cest une chance exceptionnelle. On devient producteur en choisissant un projet et en rendant son existence possible. Il ne sagit pas que de faire la banque, cest aussi trouver le bon artiste, puis le bon musicien pour la bonne chanson, le bon studio, le bon ingénieur du son, puis convaincre la bonne maison de disques, trouver le bon axe de promotion On passe son temps à contourner ce quon vous refuse, puisque par principe, personne ne croit jamais en votre projet, tant quil nest pas un succès. En étant parfois artiste, jai une vision des choses qui me permets jespère dêtre un meilleur producteur. Le danger étant de ne pas avoir sur soi-même le recul que lon a pour les autres Quel regard avez-vous sur lindustrie du disque actuelle ? Le souci est dans la question : le fait que ce soit une industrie nest pas critiquable en soi, mais implique une vision des choses qui interdit certains choix, et cest inévitable. Parfois contre lenvie même des maisons de disques, qui ont bien des défauts, mais ne sont pas que diaboliques non plus ! La médiatisation ou non découle souvent de ces choix, quils soient volontaires ou imposés. Nous traversons une période de mutation, et cest très violent pour le monde artistique. Les gens ne plaignent pas trop les artistes en général, parce que comme ils ne connaissent que les stars, et que les stars restent à un niveau de succès confortable, on se dit quil y a pire situation. Mais les intermittents du spectacle ou les artistes moins confirmés vivent un enfer. Le piratage est compréhensible, mais le fait quil soit devenu un peu un sport national est quand même un problème, il faut le dire même si ce nest guère populaire, car il nie les droits des créateurs et compromets donc une certaine liberté dexpression. En Angleterre, on pirate deux à trois fois moins quen France, et on y produit plus de choses intéressantes. Ce nest pas lunique raison mais ça compte beaucoup. Dun autre côté, je comprends quun internaute nait pas envie de payer 20 euros pour avoir une seule chanson qui lui plaira dans un cd. Le disque est souvent trop cher, bien que ce soit de moins en moins vrai, la TVA est trop élevée, etc. Cest un vrai problème. Le souci est quen privant les auteurs de toute rémunération, on les oblige soit à ne plus sexprimer soit à trouver des financements, des mécènes ou des sponsors. Et alors, la liberté dexpression en souffre, car seul un artiste qui génère ses revenus na de comptes à rendre à personne. Si Gainsbourg avait dû attendre les subsides du ministère de la culture pour sortir La Marseillaise en reggae, il attendrait toujours Si Diams avait sollicité une aide pour La Boulette, tout serait resté dans les tiroirs Rémunérer les auteurs et les producteurs cest leur permettre de continuer de créer et de sexprimer librement. Dautre part, on a tendance à noircir limage des producteurs, comme de gros types à cigare qui exploitent les artistes. Cest une caricature, dans la très grande majorité des cas, même si comme partout, il y a des gens qui sont de qualité et dautres qui le sont moins. Un producteur est depuis longtemps un participant actif à la création, et pas un banquier. Les nouvelles manières de consommer la musique ne sont pas encore rentables pour les créateurs, mais ça viendra. Il y a de nouveaux moyens qui vont permettre de vivre de son mode dexpression, même si ça promet dêtre plus tendu. En attendant, les artistes souffrent, dans leur immense majorité, et ont beaucoup de mal à vivre de leur art, et tout simplement à lexercer. Or en France, on considère souvent que ce nest pas très grave. Mais un pays sans artiste est une culture morte. Il faut préserver la création, et donc lui conserver des moyens dexister et de se financer avec indépendance, sans quoi lhégémonie des majors et la dictature de laudimat, souvent dénoncée à juste titre, ne fera que se renforcer. Loption des concerts est très jolie sur le papier, mais les gens doivent savoir quen général, organiser un concert coûte bien plus cher que de produire un disque. Cest donc une alternative seulement partielle, même si ça reste une option. Il y a aussi une question déducation là-dessous, et de vision faussée des choses. Les artistes ne sont pas des people nonchalamment vautrés dans largent. Bien peu en tous cas Enfin parmi la nouvelle génération dartistes, pour vous quels sont les plus prometteurs, et quels sont les meilleurs musiciens ? Je me garderai bien de faire des pronostics sur les plus prometteurs ! Il y a toujours des gens de qualité, mais je suis souvent déçu de voir que ceux à qui lon donne le plus de moyens sont parfois des produits de facilité, sans audace et sans grand intérêt. Si Lady Gaga a indéniablement une personnalité très créative, et son succès nest pas un hasard, dautres sentent quand même le produit jetable Jai parfois participé à ce système à ma façon, je le reconnais, mais jai aussi essayé de tenter des choses, déquilibrer les projets. Cest devenu rare. Matthieu Chédid est le prototype du gars fascinant à cet égard : zéro concession, talent énorme, succès acquis à la force de poignet en écumant les routes de France, et désormais, respect général. Cest un parcours exemplaire qui a la matière pour durer et marquer une génération. Mais sil arrivait aujourdhui, je suis certain quon ne lui donnerait guère de moyens. Ce serait plus dur encore que ce ne le fut. Les meilleurs musiciens sont rarement les plus rentables car, on retombe dans votre question du début, les médias ne les favorisent pas. Souvent le public les accepterait volontiers, mais il y a parfois une grande distance entre les critères des médias et ceux du public. Matthieu Chédid a réussi la quadrature du cercle ! Hors de la musique, je suis un inconditionnel de Florence Foresti ce qui est presque devenu consensuel, puisque que tout le monde ladore ! La morale de Chédid et de Foresti cest que, même si ça mets parfois du temps, le vrai talent finit par payer.
Pour en savoir plus, visitez le site officiel de Jean-Pierre Danel.
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