Emilie Simon

Crédits photo : Arnaud Borrel
Deux ans. C'est le temps qui sépare l'album "The Big Machine" de "Franky Night". C'est le temps nécessaire pour se ressourcer et trouver de nouvelles inspirations. Car il n'est pas question de produire deux fois la même œuvre. C'est en tout cas ce qu'Emilie Simon expliquait dans un entretien accordé à Pure Charts à l'occasion de la sortie en bacs de "Franky Knight" : « On change. On ne fait pas toujours la même chose. Et heureusement ! L'idée, ce n'est pas de faire le même album tous les deux ans. Je ne sais jamais où la vie va me mener. J'ai des envies qui sont très larges. » Une vérité qui transparait pleinement dans ce nouvel opus, le cinquième en dix ans de carrière. Au très électrique et électronique " The Big Machine", il sera très difficile de comparer le plus organique et acoustique "Franky Knight".

"Franky Knight" correspond à la nouvelle Emilie Simon, celle qu'elle n'était pas hier et celle qu'elle ne sera sans doute pas demain. "The Big Machine" est né de l'énergie insufflée par la découverte de la ville de New York. Rien à voir donc avec les chansons d'amour de ce nouvel opus. La chanteuse, auteure-compositrice, revient nous servir dix titres, dix passions et dix morceaux d'un amour qui semble non pas disparu mais envolé. Cet album, à la fois chanté en anglais et en français, est basé sur des symboles que peu parviendront à comprendre. Et pour parvenir à ouvrir toutes les portes, il faudra savoir repérer tous les indices pour trouver les clefs. A ce propos, l'album "Franky Knight" a été écrit en parallèle du tournage du film "La délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos, dans les salles obscures le 21 décembre. Dans ce long-métrage, Nathalie a tout pour elle. Sa vie bascule le jour où son mari meurt dans un accident de voiture. Pendant des années, elle s'investit dans son travail jusqu'au jour où, sans comprendre comment ni pourquoi, elle embrasse l'un de ses collègues. Cette romance amoureuse attise les curiosités et pose quelques questions essentielles sur la manière dont la vie sentimentale peut être vécue et envisagée. Comment renaître après avoir traversé les plus graves douleurs ? C'est la question que se pose également Emilie Simon. Tout commence avec "Mon chevalier", ce premier titre qui, en ouverture, plante le décor. La princesse prie pour son chevalier disparu. Un aspect tragique que l'on retrouve dans d'autres titres, et plus particulièrement dans "Bel Amour" et "Jetaimejetaimejetaime". Les cordes sont bien présentes pour apporter cette sensation de tristesse que la voix puissante d'Emilie porte à son paroxysme. Sur "Bel Amour", ce sont de véritables cris de désespoir.

Au-delà de cet aspect, l'album "Franky Night" réserve quelques surprises. Notamment les cuivres, présents sur plusieurs morceaux et notamment sur "Something More". Emilie Simon ne délaisse pas pour autant sa quête de nouveaux sons mais revient à des sonorités plus traditionnelles auxquelles l'exotisme de sa voix s'adjoint. Le piano est très présent aussi, ce qui n'empêche pas la chanteuse de s'essayer à quelques exercices de musique électronique sur "Franky's Princess". Un morceau plus rythmé et entêtant qui n'enlève en rien à ce projet de son homogénéité.