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Disiz Peter Punk en interview

Lundi soir dernier à la Maroquinerie de Paris, Disiz - qu'il faut maintenant surnommer Peter Punk, a présenté son album "Dans le ventre du crocodile" devant son public parisien. L'artiste est passé du hip-hop au rock, laissant ses fans bouche bée, mais admiratifs. Nous avons rencontré ce même Disiz : un homme sincère et sage, qui a fait le point pour nous sur cette prise de risque et ce changement d'univers.
Comment faut-il t’appeler désormais ? Disiz ou Peter Punk ? (Alexis Quilichini et Thierry Cadet, rédacteurs)
Disiz Peter Punk : Tu m’appelles comme tu veux, Disiz, Serigne M'Baye ou Peter Punk. Tout ça c’est moi (sourire) !

Dorothée, je n'en ai rien à foutre !
Justement, pourquoi as-tu choisis Peter Punk ?
Il y a trois raisons. La première raison est que j’allais tourner la page sur Disiz : j’allais passer à autre chose, comme si j’étais un nouvel artiste. J’ai décidé de chercher un autre nom, une sorte de Aka qui me correspond mieux. C’était pour m’aider moi-même à faire le pas et à passer à autre chose. Ensuite, j’ai choisi Peter Punk parce qu’il y a une référence à Peter Pan, mais pas le côté “syndrome de Peter Pan” : aimer regarder des dessins animés etc. ! Dorothée, je n'en ai rien à foutre ! Je m’explique, j’aime le rapport à l’enfance, enfin l’envie de rester enfant, car quand tu es enfant la notion de risques est moindre, et tu as un aspect de la réalité qui est déformé, donc tu t’autorises à faire beaucoup plus de choses. Et la troisième raison est que je voulais changer de bacs à disques. J’en avais marre d’être jugé par rapport aux préjugés sur la banlieue, la cité et tous ces clichés qui font mal au rap. Je veux être jugé pour la musique que je fais. Sans renier le passé du tout, tu trouveras mon album dans le bacs "rock français" à présent.

Je voulais changer de bacs à disques. J’en avais marre d’être jugé par rapport aux préjugés sur la banlieue, la cité et tous ces clichés qui font mal au rap
Tu changes beaucoup de noms, Disiz la Peste, Disiz, Serigne M'Baye, et maintenant Peter Punk ; tu n’as pas peur que les gens s’y perdent ?
Non moi je n’ai peur de rien, je n’ai pas une vision de la musique comme un fond de commerce ou un business pour gagner des tonnes d’argent. Donc perdre du monde en route ne me fait pas peur. Maintenant je n’irais pas dire que je m’en fous de l’argent parce qu’il faut se nourrir, mais ce n’est pas ma motivation première. Après chaque changement de noms a une histoire. Moi je me suis toujours appelé Disiz, c’était mon nom de taggueur. Ce sont les gens avec qui je travaillais, qui sans me prévenir, avaient rajouté la Peste sur la pochette de l’album, parce que j’ai toujours eu un petit côté taquin. Après, cela m’a collé à la peau mais ce n’est pas une de mes décisions. Ensuite, quand je sors mon album au Sénégal sous mon vrai nom (ndlr : Serigne M’Baye Gueye), c’était pour me faire connaître sans profiter de la notoriété que j’avais déjà acquise en France. Et pareil, quand j’ai écrit mon livre, j’ai préféré le mettre sous mon vrai prénom parce que ça correspondait plus avec le projet que Disiz ; qui est une sorte de pare-feu, un bouclier qui te sert à te transcender sur scène.



Tu avais déjà pris un virage musical, il y a cinq ans, avec ton single en duo avec Yannick Noah, "Métis(se)" (Top 11 en 2005) ?
Non ce n’était pas un virage, c’était simplement une ouverture. Au départ ce morceau là, c’était simplement pour amener les gens à écouter l’album que j’avais fait au Sénégal. Donc j’avais contacté Yannick Noah pour faire un morceau, mais il a tellement aimé la chanson, qu’il a voulu la garder pour lui (sourire).

Tu te ranges dans quel style musical aujourd’hui ? Est-ce que tu es dans aucun style, mais seulement dans le style Disiz ? J'ai appris que plus jeune, tu écoutais par exemple Nirvana ou Guns N'Roses en cachette...
Non, ce serait prétentieux de penser ça. Mais c’est tellement relatif tout ça et encore plus en 2010. Je pense que ça ne veux plus rien dire. Je m’explique, moi j’ai grandis dans les années 80, à cette époque quand on avait un peu de sous à Noël, on s’achetait une cassette mais il fallait en choisir une seule car c‘était environ quatre vingt francs, la cassette (sourire). Donc j’hésitais, Guns N'Roses ou NTM ? Bon j’aimais bien Guns N'Roses, mais j’écoutais quand même NTM parce que le rap c’est ce qui était prédominant dans la banlieue. Aujourd’hui avec Internet, tu peux écouter toutes les musiques possibles. Donc, avant on s’inspirait d’un genre musical bien précis, et aujourd’hui on s’influence de tous les styles que l’on peut écouter. La musique est donc beaucoup plus riche. Les styles sont peu à peu en train de disparaître.

Visionnez le clip de Yannick Noah et Disiz, "Métis(se)" (2005) :
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Est-ce que il y aura une "Bête de bombe 5" version Peter Punk ?
Ah c’est une bonne idée ! Je n’y avais pas encore pensé, mais pourquoi pas...

D’où vient l’ambiance au sein du "Ventre du crocodile" ?
C’est toujours la référence à Peter Pan (sourire). Mais pas seulement, ça fait aussi référence à l’image d’un alligator énorme qui reste statique avec la gueule grande ouverte, et toi tu passes ta tête dedans, tu passes ta main, tu joues avec le risque.

Visionnez le clip de Disiz Peter Punk, "Dans le ventre du crocodile" :


Disiz hip-hop ? Oui ! C'est vraiment fini
Pourquoi avoir choisi "Dans le ventre du crocodile" en tant que nom d’album ?
Parce que c’est l’un des premiers titres en mode Peter Punk que j’ai fait. Je l’ai fait il y a quatre ans ce morceau là. Et c’est la première fois que j’ai vraiment réussi à me lâcher. Le fait de poser sur un beat un peu rock, de moduler ma voix à certains moments, je perdais un peu pieds. Mais c’était le premier morceau dont j'étais réellement satisfait. Et dans tout l’album, on a essayé de coller à cet univers, on a essayé de se calquer sur ce titre. C’est un peu la chanson référence.

Avec l’album "The End", a-t-on définitivement dit adieu au Disiz version hip-hop ?
Oui ! C’est vraiment fini. Je ferai peut être des mixtapes par la suite ou quelques freestyles, mais plus aucun album solo. J’ai dit tout ce que j’avais à dire dans le hip-hop. Il faut changer un petit peu.

Quel sera le prochain single, après "Dans le ventre du crocodile", et actuellement "Rien comme les autres" ? Quelle sera l’ambiance du prochain clip ?
"Jolies planètes", mais je ne peux pas en parler c’est une grosse surprise. Vous ne devriez pas être déçus.



Certains rappeurs ont un problème avec le rock
Y a-t-il des gens du rap qui te tourne le dos aujourd’hui ?
Je n’en sais rien parce que je m’en fiche. Il y en a surement parce que certains rappeurs ont un problème avec le rock, mais à vrai dire c’est le dernier de mes soucis, je ne regarde pas les autres, je fais ce qui me plaît.

Est-ce que tu as eu du mal à te faire accepter dans une maison de disques comme Naïve, qui est très élitiste ?
Non, mais à l’inverse j’ai eu du mal à me faire accepter dans plein d’autres maisons de disques, et je garde plein de noms en tête si jamais mon projet marche. Parce que quand tu fais un truc qui te plait, qui sort un peu de la norme, il y en a plein à qui tu envois ton projet et qui ne te répondent même pas. C’est le truc que je ne supporte pas. Encore si on n’aime pas ma musique, ce n’est pas grave, mais qu’au moins on me donne une réponse parce que c’est du boulot de sortir un disque, ça prend du temps et c’est pas toujours simple. Donc je retiens vraiment ceux qui m’ont tourné le dos. Il y a même des gens à qui j’ai envoyé l’album, et qui ne l’ont même pas écouté… et ça pour moi c’est grave. C’est un manque de respect.

Redécouvrez le tube de Disiz la Peste, "J'pète les plombs" (2000) :
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Quand tu vois des DJs de plus de 40 ans teints en blond pour faire croire qu’ils sont encore jeunes...
Comment expliques-tu une telle progression dans l’écriture, quand tu compares tes premiers titres comme "J'pète les plombs" (Top 6 en 2000), avec "La luciole", sur ce dernier album ? Est-ce que l’écriture de ton roman t’as aidé ?
J’avais 18 ans quand j’ai écrit "J'pète les plombs", et aujourd’hui j’en ai 32. J’ai mûri tout simplement. Mais l’écriture du roman n’a rien à voir. C’est un truc complètement à part. C’est un travail complètement différent. Par contre, je n’aurais pas pu écrire mon roman à 18 ans. J’ai dû attendre une certaine maturité. Et je voulais assumer mon âge en fait, parce que quand tu vois des DJs de plus de 40 ans teints en blond pour faire croire qu’ils sont encore jeunes... ça me fait bien rire !

Penses-tu à David Guetta ?
(sourire)

Pour plus d'infos sur Disiz PeterPunk, visitez son site officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le nouvel album de Disiz Peter Punk, "Dans le ventre du crocodile", cliquez sur ce lien.

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