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Das Pop en interview

Il publiait son quatrième album au mois de septembre et venait en France pour un concert évènement le vendredi 21 octobre à La Flèche d'Or. Le groupe belge Das Pop présente en 2011 "The Game", fruit d'un long travail de recherche à quatre selon le modèle de l'écriture automatique formalisée par André Breton. Fier de son nouvel opus, Bent Van Looy a répondu à nos questions dans un entretien placé sous le signe de la musique pop.


Peu connu en France, Das Pop existe depuis plus de dix ans (Jonathan HAMARD, journaliste).
Bent Van Looy : Depuis 1999 très exactement.

Et c'est la première fois qu'on ressent une telle effervescence autour de l'un de vos albums en France. Vous êtes venus chanter à trois reprises depuis le début de l'année et vous êtes sollicités par de nombreux médias.
On a toujours essayé de faire quelque chose en France mais ça n'a jamais vraiment fonctionné, du moins jusque cette année je l'espère. Il faut dire qu'on a débuté notre carrière alors que l'industrie du disque commençait à piquer vers le bas. C'est une vraie lutte pour nous de sortir notre musique. Et ça nous donne peut-être plus encore l'envie de nous faire connaître. On essaie de grandir depuis le début. Nous avons tenté d'exporter notre musique au delà des frontières belges depuis toujours parce que le marché du disque nous y oblige si l'on veut pouvoir partager un minimum notre musique.

Ce nouvel album, portant le titre charmant "The Game", a été conçu et pensé avec comme objectif de partir à l'assaut des charts européens ?
Pour le précédent album, nous avions signé avec un Major anglais, ce qui nous contraignait de jouer dans beaucoup de salles pour un total de plus de 200 concerts en un an. On a fait des grandes salles et des plus petites. C'est une vraie école : nous avons beaucoup appris. Ce désir de se faire connaître dans le reste de l'Europe était toujours là. Mais on n'a pas pu vraiment. C'est après cette série de concerts que nous avons trouvé la motivation pour créer de nouvelles chansons. Nous sommes entrés en studio pour écrire et chanter. Le vrai objectif dans le fond, c'était de pouvoir jouer et créer de la musique. Nous avons un studio à Stockholm. C'est là que nous avons capté les principales maquettes de cet album.

On travaille ensemble depuis l'âge de 14 ans.
Il a été créé en deux semaines. C'est très court !
Oui, nous avons mis peu de temps. Tout se déroulait pendant des sessions de trois à quatre jours. On enregistrait une chanson par jour. Le matin, on commençait avec quelques accords. Le soir, on ressortait du studio avec un titre totalement terminé. Tout était tellement direct.

C'était un désir de créer dans l'urgence ?
Oui, c'est même un besoin je dirais. Et puis, c'est aussi devenu une habitude de travailler de cette façon. C'est surement parce qu'on se connait bien. On travaille ensemble depuis l'âge de 14 ans. On a tellement joué ensemble. On se comprend très bien sans avoir à se parler beaucoup. Il suffit de se regarder pour savoir comment on va pouvoir habiller une chanson.



"The Game" : un album pop, évidemment. Mais je dirais également un disque dans lequel on mélange la pop au rock et même parfois à la musique électronique.
Quand les gens me demandent ce qu'on joue, je réponds que c'est de la pop. C'est tellement généraliste mais ça définit tellement bien ce que l'on fait. On tente d'écrire à chaque fois la chanson parfaite de 3 minutes. On ne réussit pas toujours, mais ce qui nous intéresse, c'est la phase de recherche et de création. Il y a aussi beaucoup d'influences des disques écoutés lorsque l'on était plus jeune. Des bons disques pop !

Parler de choses vraies et les emballer dans un joli papier.
Issus des années 80 notamment !
Oui, beaucoup, c'est vrai (rires). Pas forcement des choses très connues qui m'inspirent encore aujourd'hui. Parmi les plus célèbres, je pourrais te citer le groupe ABBA. Je le trouve intéressant car il a cette manière de raconter des choses tristes et dramatiques avec un emballage très festif. C'est ce que l'on essaie de faire aussi : parler de choses vraies et les emballer dans un joli papier.

Quelle est la répartition entre vous pendant cette phase de création et de recherche ? Est-elle clairement définie ?
Pas vraiment. C'est plutôt moi qui arrive avec la grille et les paroles de la chanson. Je présente en quelque sorte le squelette. Après, on lâche tout sur ce squelette pour l'habiller.

Jamais de conflits sur les choix artistiques ? D'autant que vous êtes amis...
Si, de temps en temps. Mais on a aussi appris à savoir comment chacun fonctionne. On a tous nos moments. L'une de mes tactiques préférées pour faire passer mes idées : l'agression passive (rires). On a tous un but commun, donc on ne se dispute jamais vraiment.

C'est toi qui a le dernier mot ?
J'essaie en tout cas ! (rires)

J'ai cru comprendre que l'un des membres de l'équipe avait été remplacé. C'est Matt Eccles. Ce n'est pas un ami d'enfance. Comment l'intégration s'est-elle faite ?
Il est venu chez nous il y a quatre ans. Il a toujours joué de la musique et son père était un batteur très connu en Australie. Il a donc grandi dans cet univers de la musique, ce qui explique en partie qu'il soit un très grand batteur. Il était à Londres pour trouver un boulot. Il connaissait notre manager. On a joué trois mesures ensemble et nous avons tout de suite su que c'était bon. Les premiers six mois n'ont pas été évidents pour lui car il lui fallait trouver sa place. Mais comme on tournait beaucoup, ça s'est fait très rapidement.

Pourquoi le quatrième est-il parti ?
Il ne voulait plus voyager. Il voulait se poser et rester chez lui. Il continue dans la musique puisqu'il écrit des programmes sur ordinateur pour enregistrer de la musique. Nous sommes restés en contact. Ce n'est pas impossible qu'il réintègre un jour le groupe. Il est venu récemment enregistrer un titre pour lui dans notre studio.



En tant que groupe de pop ayant traversé une décennie, quel regard portez-vous sur l'évolution de ce genre musical depuis les années 2000 ? Qu'est ce qu'est devenue la pop aujourd'hui ?
Je pense qu'il y a beaucoup plus de respect pour la pop de nos jours. Elle est jouée sur les radios et beaucoup de groupes s'illustrent dans le genre. On a de très bons groupes de pop, mais aussi de très mauvais. C'est nécessaire. Ça fait partie du truc. La pop est par définition quelque chose de jetable. Donc, la recherche s'accompagne forcément de trucs qui sont moches. La pop capte un moment, qu'il soit beau ou moche.

Par exemple ?
Une chanson des Black Eyed Peas. C'est vraiment atroce.
Une chanson des Black Eyed Peas. C'est vraiment atroce ! Mais en même temps, ils ont capté cet esprit de l'été passé. Ils font partie de la vie de millions de gens qui ressentent quelque chose à chaque fois qu'ils entendent les premières notes de cette pièce absolument dégueulasse. J'aime bien ça : c'est la force de la pop. Tu ne peux pas choisir : c'est le morceau qui vient t'attraper par lui-même. C'est là la grande différence entre un tableau de peinture et la musique pop. La peinture, tu fais le choix d'aller la regarder de plus près pour essayer de comprendre ce que l'artiste a voulu dire. Une chanson, tu n'as aucun choix.

A l'inverse : un bon morceau pop de cette année ?
J'ai bien aimé "Last Friday Night" de Katy Perry. Je ne sais pas pourquoi : c'est moche, c'est cynique, et en plus c'est commercial. Ça m'a attrapé et je n'ai pas eu le choix. Quand je l'écoute, la chanson me fait quelque chose. Je ne sais pas quoi. Il y a d'autres morceaux plus anciens comme "Toxic" de Britney Spears.

Das Pop, c'est aussi une image. Tu parlais à l'instant d'un emballage, je parlerais volontiers de photos et de vidéos. Je pense dans un premier temps à votre clip "The Game". Il est très inspiré de l'imagerie des jeux vidéos des années 80.
"The Game", c'est comme un train qui ne s'arrête pas. On retrouve la même ambiance dans les jeux vidéos. On est obligé d'aller vers d'autres levels pour continuer à avancer. C'était aussi un voyage un peu psychédélique qui correspond bien à l'image de notre titre.

Regardez le clip "The Game" de Das Pop :


Comme pour la plupart de vos anciens clips, on ne vous voit pas apparaître dedans. Pourquoi ? Si on ne vous voit pas, on ne peut pas assimiler de visage à votre musique. C'est pourtant important pour percer ?
Tout simplement parce qu'on travaille avec des personnes qui ont déjà un univers qui leur est propre. Quand on leur demande de nous faire une vidéo, c'est parce qu'on a aimé ce qu'elles ont déjà fait par le passé. On ne va pas leur demander de nous filmer pour un playback de notre single. On a essayé une fois avec "Underground", mais ce n'était pas notre clip le plus réussi.

Notre musique n'est pas très réfléchie.
Je trouve cet imaginaire très proche de l'univers surréaliste. Vous en êtes vous directement inspirés ?
Non, pas vraiment. Mais je dois dire que je me sens à l'aise avec l'histoire de l'art et la littérature. Je suis très sensible à ces idées de l'aliénation. On se rapproche beaucoup de l'écriture automatique. En studio, on se laisse aller. Notre musique n'est pas très réfléchie.

Pas autant que la cover de cet album. Je voulais savoir ce qu'elle traduisait.
On retrouve des éléments très naïfs et enfantins et d'autres plus énigmatiques. C'est ça qui décrit pour moi "The Game". Dans un jeu, il y a toujours de l'amusement, mais également un but. Lorsque tu joues, tu peux perdre. Il y a donc un côté dangereux. On retrouve aussi le jeu du Cluedo sur cette pochette !

Finalement, Das Pop, pour ceux qui ne connaissent pas encore et qui vont découvrir cette année, c'est un quatuor un peu déjanté qui aime la musique pop et qui conjugue son univers à ceux d'autres artistes.
C'est ça qui nous inspire et qui nous donne l'envie d'aller vers d'autres horizons. On doit voyager pour créer. Que ce soit n'importe où, il faut du mouvement. Pour "The Game", on a travaillé à Stockholm, à New York et au Bahamas. On a travaillé seul et avec d'autres pour continuer notre quête : trouver le sens de la pop. Et je crois qu'on en approche !
Découvrez l'univers de Das Pop sur www.daspop.com ou sur leur page Facebook officielle.

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