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Circus : "Notre projet est anti-snob"

En chantier depuis plusieurs années, le groupe Circus délivre cette semaine son premier album, éponyme, après avoir présenté cet été un premier pan de son univers avec le single "Sur un fil", qui annonçait d'emblée la tonalité décalée de ce projet. Initié par Calogero, le groupe compte sur les qualités de Philippe Uminski, Stanislas, Karen Brunon et Elsa Fourlon, dont la popularité inégale disparaît totalement à l'écoute de l'album "Circus", qui nous entraîne sur un terrain résolument pop et nous invite à découvrir les premières bribes d'une histoire. Un vrai puzzle dont quelques pièces manquent encore, mais au sujet desquelles le groupe nous livre les premiers secrets.
Crédits photo : pochette de l'album Circus
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Pure Charts : Circus, c'est un projet très audacieux, et même assez risqué pour certains d'entre vous, comme Philippe Uminski, qui tente de se faire un nom en tant que chanteur avec un album sorti au printemps, et Calogero, dont la carrière est désormais bien installée...
Philippe Uminski : Bien sûr que c'est un projet audacieux ! Et cette audace est imputable à Calogero. Parce que c'est lui qui a eu l'idée de former ce groupe. Lui qui est extrêmement connu et qui n'avait pas besoin de se mettre en danger. Il a eu le courage de venir à notre rencontre, nous, des artistes plus ou moins connus, et d'autres qui ne le sont presque pas.

Ce premier album, c'est le fruit de notre travail à tous
Doit-on considérer Circus comme le groupe de Calogero ou un groupe avec Calogero ?
Philippe Uminski : Non ! C'est un groupe de cinq artistes.
Calogero : Ce n'est pas mon groupe. Il faut distinguer le fait que c'est moi qui l'ai monté. C'est différent. C'est le groupe de Calogero comme c'est le groupe de Philippe Uminski ou de Karen Brunon… Ils ne sont pas mes musiciens. Ce n'est pas le cas. Bien entendu, les médias prennent des raccourcis. Et c'est normal ! C'est très bien. Parce que ça nous permet sans doute d'être connus un peu plus rapidement. Ce premier album, c'est le fruit de notre travail à tous. Tous les cinq, nous avons participé d'une manière ou d'une autre à ce disque. Chacun est lead. Je ne chante pas plus que les autres. Peut-être un peu plus mais très légèrement.

Tous les deux, vous avez travaillé en groupe par le passé et vous vous êtes croisés à plusieurs reprises sur différents projets. Vous vous connaissez très bien et ça n'a pas dû être très compliqué de vous comprendre pour monter ce projet. Vous apparaissez avec Stanislas comme le noyau dur. Comme l'intégration d'Elsa Fourlon et de Karen Brunon s'est-elle passée ? Elles ont trouvé facilement leurs marques ?
Philippe Uminski : On ne le sait pas forcément, mais Karen Brunon a déjà eu son groupe il y a pas mal d'années. C'était au tout début de la carrière de Keren Ann. Elles jouaient toutes les deux ensemble, avec une troisième personne. Quant à Elsa Fourlon, elle a encore son groupe aujourd'hui. Stanislas a eu un groupe aussi il y a très longtemps. Mais c'est vrai que c'est surtout Calogero et moi qui avons toujours eu ce rêve de môme d'un groupe dans l'esprit des Beatles. Mais les autres arrivent très naturellement sur le projet. Je pense à Keren et à Elsa qui passent leur temps à jouer en groupe, à partager des moments de musique avec des orchestres ou de plus petites formations. C'est leur métier.
Calogero : Mais c'est vrai, effectivement, que c'est la première fois que Karen Brunon et Elsa Fourlon participent à un groupe comme celui-là.
Philippe Uminski : Oui. Mais on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de groupes comme celui-là ! C'est ce qui l'explique (sourire). Nous sommes un groupe d'artistes qui avons tous une carrière indépendante. Nous ne sommes plus des gamins. Nous n'avons plus vingt ans. Ce sont des particularités qui sont assez inédites à vrai dire !
Calogero : Et puis la musique qu'on fait aussi ! Dans ce registre-là, en France, on est quand même les seuls. Souvent, les groupes sont soit des formations de rock très indés, soit des formations de Cubains. Nous sommes dans un registre très pop, bien assumé, avec des refrains qui se chantent facilement et qui restent en tête. On propose un son bien crade, mais assez efficace je pense.

On s'est dit qu'il fallait aller encore plus loin et monter un vrai spectacle musical
Ce son, comment le décrivez-vous ?
Calogero : Fellini Rock !
Philippe Uminski : Il y a une chose qui fait la différence, et non des moindres. C'est que nous sommes cinq chanteurs. Vous parliez à l'instant d'intégration de Karen et Elsa, mais toutes les deux se sont intégrées facilement. On l'a vu pendant l'enregistrement des harmonies vocales. Quand on se retrouve à cinq devant à micro, et que ça marche, il y a d'emblée un sentiment d'appartenance très forte qui se crée presque instinctivement. C'est quelque chose de l'ordre du sexuel si je peux me permettre.

Crédits photo : Lisa Roze
Former un groupe, c'est plus un rêve pour Calogero et Philippe Uminski que pour les autres. Que recherchez-vous avec Circus, Stanislas, Karen et Elsa ?
Karen Brunon : J'ai toujours voulu créer un groupe comme celui-là. C'était un rêve pour moi aussi. Parce que j'ai vécu, effectivement, une première expérience avec Keren Ann. Mais elle a été très éphémère et je pense que c'est moi qui ai le plus souffert de sa dissolution.
Stanislas : J'ai également participé à des projets communs mais c'était plutôt dans le cadre de ce que j'appelle des "laboratoires de compositeurs". J'étais le seul vrai instrumentiste et bassiste. J'ai donc toujours eu ce fantasme de me retrouver en face à face avec d'autres artistes multi-instrumentistes pour jouer en live. C'est quelque chose que je n'avais pas vécu jusque-là. Ce que je veux dire, et c'est aussi je crois ce que Karen expliquait, c'est que Circus est notre premier vrai groupe, et qu'il est l'accomplissement d'un rêve.

Circus, c'est l'univers du cirque. On le comprend avec le nom de groupe que vous avez choisi, et puis avec le premier extrait "Sur un fil", avec lequel vous jouez les funambules. Pourquoi êtes-vous allés dans cette direction ? Qu'est-ce qui vous a inspiré cet univers musical et visuel ?
Calogero : Quand on a commencé à travailler sur ce projet, en essayant de monter le groupe il y a quatre ans, on réfléchissait déjà à ce qu'on pourrait apporter d'original, de neuf. On a intégré Karen et Elsa mais il nous manquait une idée forte, un nom. Et un jour, tout est arrivé en même temps ! On jouait tous avec nos instruments. Ça fait un sacré barnum. Imaginez-vous ! On chante dans une ambiance festive et le cirque nous va bien. Il y a ce côté italien, "fellinien", qui nous correspond totalement. Le nom Circus, qui est quand même assez fort, est apparu comme une évidence. Et ensuite, comme il y a eu cette osmose assez magique, on s'est dit qu'on n'allait pas faire un simple album et quelques concerts. On s'est dit qu'il fallait aller encore plus loin et monter un vrai spectacle musical. Il y aura l'année prochaine le "Circus Opéra Rock".

Nous sommes allés voir Jean-Jacques Goldman, Dominique A et Marc Lavoine
On peut d'ores et déjà avoir quelques détails pour nous mettre en appétit ? A moins que le spectacle soit encore en réflexion…
Philippe Uminski : Mais non ! C'est tout réfléchi. Ça fait deux ans qu'on travaille dessus ! Il y a une histoire.
Calogero : Cette histoire, elle sera jouée sur scène. Il y aura de vrais narrateurs sur scène. Nous serons accompagnés de vrais artistes de cirque contemporain.

On n'est finalement pas si éloigné que ça que Dionysos, qui avait fait il y a quelques années "La mécanique du cœur".
Philippe Uminski : Oui ! A la différence qu'il ne faut absolument pas penser à une comédie musicale. Rien à voir avec Dionysos.
Karen Brunon : Il ne faut pas s'imaginer qu'on portera des costumes et des micros branchés sur l'oreille. On ne joue pas du tout sur ce terrain-là.
Philippe Uminski : Le projet de Dionysos était ambitieux mais il y avait plein d'invités sur scène. Nous, on prévoit de jouer notre concert en racontant une histoire comme un conte. Notre album, c'est une sorte d'histoire… Je ne dis pas de bêtises ? (Rires)
Calogero : Non, mais prudence ! (Sourire) Il y a une histoire qu'on ne vous révèle pas car, pour l'instant, on ne présente que cet album. Mais vous verrez, dans un an…
Karen Brunon :… D'autres chansons vont s'intercaler entre les premières pour dévoiler une histoire cohérente que vous ne pouvez pas comprendre pour l'instant. Pour le moment, il n'y a rien à comprendre et il faut écouter les chansons tel quel. Il y a des trous qu'on comblera sur scène. Tout a été minutieusement préparé.
Calogero : Cet album, c'est une présentation.
Philippe Uminski : Donc, pour résumer, il y aura l'année prochaine, sur scène : une narration, le groupe qui jouera, une mise en scène pour illustrer notre histoire, mais pas un truc du genre "Circus & Friends" ou… "Circus joue la comédie". Certainement pas ! C'est le groupe qui occupera la place centrale sur scène.
Stanislas : Donc il faudra venir nous voir pour tout comprendre ! (Sourire)

Pourquoi l'histoire se déroule-t-elle à Rome ?
Calogero : On ne va quand même pas tout vous dire maintenant !
Stanislas : On peut quand même imaginer maintenant que Rome est une ville qu'on aime beaucoup tous les cinq. Calogero a des origines italiennes. Ça se rapproche aussi de nos influences. Calogero parlait tout à l'heure de "Fellini Rock", je parlerais volontiers de ces grandes musiques de films italiennes qui nous inspirent. Naturellement, l'histoire devait sera dérouler là-bas.

Avec Circus, je me mets en danger !
Pourquoi être allé chercher d'autres auteurs et compositeurs pour travailler sur cet album, alors que vous avez les compétences pour écrire vos propres morceaux ?
Philippe Uminski : Nous trouvions qu'il était intéressant d'avoir le regard d'autres artistes posé sur notre histoire. Nous voulions un regard extérieur et il fallait donc des personnes d'horizons très éloignés. Nous sommes allés voir Jean-Jacques Goldman, Dominique A et Marc Lavoine.
Calogero : C'est très représentatif du travail que nous faisons ensemble. Notre projet est anti-snob.
Stanislas : On est certes un collectif soudé, mais nous avons aussi voulu ouvrir notre univers à des artistes avec lesquels on ne travaille pas habituellement.
Calogero : Je suis allé voir Jean-Jacques Goldman en lui présentant notre projet. Je lui ai dit qu'on montait un groupe et il a été stupéfait. Il n'y croyait pas au début. D'entrée, l'idée lui a plu. Je lui ai ensuite présenté notre histoire, que je ne vous raconterai pas (sourire), et il a accepté de participer à notre projet. Il a écrit un texte. Dominique A, pareil ! Il nous a d'ailleurs dit qu'il était ravi de travailler sur un projet sur lequel Jean-Jacques Goldman a travaillé aussi. C'est très symbolique. C'est très représentatif de ce que Circus est.
Philippe Uminski : C'est très anglais aussi ! Les Anglais sont beaucoup moins snobs que nous. Ce genre de collaboration ne pose absolument aucun problème chez eux. Les artistes chantent ensemble sans se poser la question de savoir comment leur collaboration pourrait être perçue. Nous, on a monté un projet qui réunit des artistes de tous horizons. On a Benjamin Biolay qui est venu pour enregistrer des parties de trompette. On a le batteur d'Izia qui a enregistré la batterie. Tout ça fait quelque chose de très "anti-chapelle".

Crédits photo : Lisa Roze
Circus, c'est beaucoup de spontanéité. Il n'y a pas de calcul
Pour vous Calogero, l'avènement du groupe signifie-t-il que vous mettez votre carrière solo entre parenthèses ? Circus, c'est une expérience renouvelable ?
Calogero : Clairement, avec Circus, je me mets en danger. Mais c'est quelque chose qui m'excite bien. J'étais bien dans mes chaussons et j'avais envie d'autre chose.
Philippe Uminski : Ce projet a un réel impact dans la carrière de Calogero. Car c'est un artiste qui est attendu par des milliers de personnes. C'est également beaucoup d'énergie pour moi aussi puisque je mène de front un projet de développement, mon dernier album, et un projet qui est quand même une machine de guerre.

Quant à vous Stanislas, on ne vous a pas vu depuis bien longtemps ! Circus vous permet de faire votre retour sur le devant de la scène...
Stanislas : Pour moi, Circus c'est quelque chose de très spontané. Pour l'instant je travaille là-dessus et c'est vrai que je ne me pose pas la question du devenir de ma carrière solo. Je n'y pense pas pour le moment. Je suis totalement sur Circus !
Philippe Uminski : Circus, c'est beaucoup de spontanéité. Il n'y a pas de calcul.

En ce qui vous concerne, Karen et Elsa, comment vous sentez-vous au sein de ce groupe majoritairement masculin ? Arrivez-vous à faire entendre votre voix ?
Karen Brunon : Calogero et Stanislas ont beaucoup travaillé en amont, notamment sur les textes des chansons. Quand nous sommes arrivées, il y avait beaucoup de choses qui étaient déjà prêtes. Nous avons de notre côté écrit des choses qui sont à venir. Pour ma part, j'ai quand même beaucoup moins d'expérience de groupe. Alors j'écris…
Ce disque est la substantifique moelle du projet

Philippe Uminski : De belles choses d'ailleurs !
Karen Brunon : … Mais je sens que la barre est haute. Et c'est beaucoup de pression pour moi.
Calogero : Avec Stanislas, nous avons l'habitude d'écrire des chansons. Donc on sait sur quel pied danser et on connait la manière dont l'un et l'autre travaille.
Stanislas : On est un peu comme des gamins qui, quand ils se retrouvent, veulent jouer aux indiens.
Elsa Fourlon : Il y avait aussi toute une esthétique qui était déjà là. Et qu'il fallait respecter. C'est un exercice assez difficile finalement.
Philippe Uminski : Elsa a écrit de magnifiques chansons qui sont déjà enregistrées et qui trouveront leur place quand l'heure aura sonné. Karen et Elsa ne sont pas moins compositrices que nous. Elles ont également écrit des choses que vous découvrirez en temps voulu. Ce disque est la substantifique moelle du projet. Le hasard a fait que leurs chansons ne sont pas dessus.

Bien que vos CV soient déjà bien fournis, Circus vous apporte une certaine exposition dont vous n'auriez pas disposé aussi rapidement.
Karen Brunon : Tout à fait ! On apprend aussi beaucoup de choses.
Elsa Fourlon : C'est une expérience intéressante dont nous sortirons grandies. C'est une chance que nous avons de pouvoir partager ça avec Calogero, Stanislas et Philippe. Nous sommes admiratives devant leur talent et leurs qualités. C'était assez irréel de penser qu’ils nous insèrent dans ce projet en nous faisant totalement confiance. On nous pousse à écrire des chansons alors que je ne me serai pas vue en écrire en rejoignant l'équipe.

Vous nous promettez un tour de magie avec Circus ?
Philippe Uminski : Oui ! Plus d'un même…
Calogero : Regardez… On disparaît !
Plus d'infos sur le groupe Circus sur leur page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez le premier album de Circus, sur Pure Charts.

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