jeudi 30 juin 2022 12:56
Julie Berthollet agressée deux fois le même jour à Paris : "Le type a sorti un couteau"
Par
Yohann RUELLE
| Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
La violoniste franco-suisse Julie Berthollet a subi une double agression le même jour à Paris, dans la rue puis le métro. Encore choquée par les événements, l'artiste fait le récit de cette matinée traumatisante et dénonce la non-réaction des témoins de la scène : "Je songe à déménager".
Crédits photo : Bestimage
Une tentative de vol et une agression physique. Le 22 juin dernier, la violoniste Julie Berthollet a vécu un véritable calvaire au petit matin à Paris, comme elle l'a précisé, à bout de forces, sur son compte Instagram. « À 7 heures en sortant de chez moi, boulevard Rochechouart dans le 9ème arrondissement, je cherchais un taxi afin de me rendre à la gare de Lyon pour prendre le TGV en direction de Genève. En bonne Suissesse, j'avais une demi-heure d'avance. Soudain, un jeune homme s'est approché de moi et a tenté de voler mon téléphone. Comme j'ai de la force dans les mains, grâce à ma pratique du violon, j'ai résisté. J'ai serré mon iPhone et j'ai crié : "Ça va pas? Espèce de lâche !" L'individu est parti » raconte-t-elle, encore sous le choc, pour le magazine suisse L'illustré. Car Julie Berthollet n'était pas au bout de ses peines. Après cette vive altercation et cette montée d'adrénaline, l'artiste décide de « prendre le métro » pour rallier la gare parisienne, où elle subit une deuxième agression par un autre assaillant, qui se montre beaucoup plus violent cette fois-ci. Le player Dailymotion est en train de se charger... "Le choc m'a coupé le souffle"« En bas des marches de la ligne 4, un homme m'a dépassée et m'a regardée avec un air mauvais, plein de haine. Il m'a dit: "Toi, avec tes parures !" J'avais deux colliers, un bracelet et trois bagues, comme toutes les filles » se remémore la violoniste de 25 ans, devenue une figure de la musique classique grâce au duo qu'elle forme avec sa soeur Camille. L'individu se jette alors sur elle, en une fraction de secondes : « Il a tendu les deux mains et m'a brusquement arraché le bracelet et les colliers. J'ai perdu l'équilibre et je suis tombée. J'ai une griffure au cou. J'ai eu le réflexe de me relever. J'ai couru en remontant les marches dans le but de le rattraper. L'un des deux colliers est en or, il a une valeur sentimentale, je l'ai reçu de ma mère à ma naissance. Au même moment, le type a sorti un couteau ». "Personne n'a bougé"Déterminée, dans la précipitation, à récupérer son bien, la jeune femme croise le regard froid de son agresseur, qui tient sa lame dans la main gauche et les bijoux volés dans l'autre. « Il m'a poussée très violemment et je suis partie en arrière, sur le dos. Je me suis éclatée par terre. J'ai atterri sur les coudes, mon dos a heurté les marches. Ma tête était intacte, heureusement. Le choc m'a coupé le souffle... » fait-elle le récit, encore traumatisée une semaine après les faits. Autour d'elle, « personne n'a bougé » : « C'est l'indifférence totale. Une jeune femme du bureau de la RATP est sortie de son guichet et elle est venue vers moi. Moi, je n'arrivais pas à parler, je n'arrivais plus à respirer. J'ai pleuré ». Au delà du choc de cette double agression, Julie Berthollet fustige l'absence de réaction des passants et témoins de la scène, qui « montaient et descendaient » sans lui venir en aide : « C'est chacun pour soi. On se sent à l'extérieur de tout. On voit passer un flot humain, comme si nous vivions en dehors de la réalité. (...) J'ai perdu foi en l'humanité ». A LIRE - Les soeurs Berthollet dénoncent les agressions sexuelles dans la musique classique « Depuis l'agression, j'ai peur dès que je suis dehors, dès que je suis dans la rue » poursuit-elle sur CNews. Au point de vouloir quitter la France pour regagner la Suisse. « Avec Camille, nous avions fièrement acheté notre petit appartement parisien. Là, je songe à déménager et à revenir en Suisse. (...) Je ne veux plus vivre dans un endroit où l'individualisme est omniprésent. Je n'ai absolument pas les épaules pour supporter toute cette violence ambiante » regrette-t-elle, dépitée, en pointant du doigt la différence de comportements entre les deux pays : « A Paris, lorsqu'on dit bonjour à quelqu'un, il le prend comme une agression. C'est autre chose en Suisse. Ici, les gens sont polis, on n'ignore pas l'autre ». Podcast |