Accueil > Actualité > Interview > Actualité de Calema > Calema en interview : "On a développé un lien très fort avec la France"
dimanche 24 mars 2024 12:23

Calema en interview : "On a développé un lien très fort avec la France"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
À la tête d'un tube international avec "Te Amo", le duo Calema s'apprête à publier son nouvel album "Voyage", emmené par le single "Emmène-moi". De leurs débuts au grand concert qu'ils donneront à l'Accor Arena en 2025, en passant par leur relation spéciale avec la France, les deux frères se confient à Purecharts avec un naturel communicatif.
Crédits photo : Purecharts
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Vous avez grandi à Sao Tomé et Principe. Comment vous est venu l'amour de la musique ?
António : Ah, l'amour !
Fradique : Ça a commencé avec nos parents. Ils avaient l'habitude de mettre des musiques à la maison, presque tous les weekends ! Quand on était à la maison, on faisait toujours la fête. Tous les dimanches, on allait à l'église avec nos parents et on a commencé à faire partie d'une chorale. A partir de là, notre passion s'est développée.
António : Le fait de grandir dans un endroit pauvre, où il n'y avait pas tout le temps d'électricité, ça nous a aussi poussés vers ces choses-là. On s'est mis à chanter et on peut dire que la musique est venue comme ça, doucement, dans la joie.

À la maison, on faisait toujours la fête
Qui vous a donné votre premier instrument ?
António : A l'époque pour notre première guitare, je me rappelle prendre un bout de bois et mettre des fils de pêche dessus. C'était pas vraiment une guitare, elle n'avait que trois cordes ! (Rires) Puis on s'est débrouillé avec des fils de fer pour adapter ça. Les débuts c'était comme ça, très brouillon. Mais la volonté de faire de la musique était plus forte.

Qui a eu l'idée de monter ce groupe, Calema ?
Fradique : Au début j'étais avec deux autres personnes différentes d'António, deux amis. J'ai commencé en faisant du rap. (Sourire) Quand António a commencé à chanter, il était un peu plus sur des musiques brésiliennes. Ces influences, les musiques que les parents nous ont fait écouter, nous ont beaucoup aidés à penser à faire quelque chose ensemble. Beaucoup d'artistes au Brésil sont en duo ! Un jour, nos parents nous ont dit : "Mais vous ne voulez pas essayer de mélanger vos voix ensemble, pour voir ce que ça donne ?" À partir de ce jour là, on ne s'est plus quittés ! Ce sont eux qui nous ont poussés vers ce destin.

Le player Dailymotion est en train de se charger...



Tout a changé grâce à Cristiano Ronaldo
Votre chanson "Te Amo" a été un énorme tube au Portugal puis en France. À quel point votre vie a changé après ce succès ?
António : "Te Amo", c'est une empreinte. L'empreinte d'une époque qu'on a vécu, que nos parents ont vécu et que le public lusophone, des pays africains où l'on parle portugais, a vécu. Cette musique amène les sonorités, la vibe et les images de l'histoire qu'on a été cherchée.
Fradique : Elle a changé beaucoup de choses, même notre façon de voir notre métier. Avec ce titre, on a eu la certitude que notre musique pourrait atteindre encore plus d'endroits. Nous on avait des musiques que les gens écoutaient au Portugal, dans les pays palop [Pays africains de langue officielle portugaise, ndlr] mais "Te Amo" a tout changé. A partir du moment où Cristiano Ronaldo l'a partagée sur ses réseaux, nous on a commencé à recevoir beaucoup de messages, sur Youtube ou sur Instagram. C'est là qu'on a vu les portes s'ouvrir. Nous on avait déjà cette volonté de venir en France et dans d'autres pays pour montrer notre musique, et "Te Amo" a accéléré ce processus.
António : Elle nous a confirmé qu'on était sur le bon chemin.

C'est facile à gérer le fait d'être connu, d'être une célébrité ?
António : Oui, je trouve. Jusqu'à aujourd'hui pour nous, c'est tranquille, surtout au Portugal ! On a des collègues qui nous ont mis en garde : "En France, vous ne pouvez pas aller là, là..." (Rires) Chez nous, on peut aller faire nos courses dans les magasins, se promener avec les enfants, aller à la plage et tout ça. On nous demande des photos dans la rue mais c'est respectueux. On arrive à bien gérer.
Fradique : On reste nous-mêmes. Les gens viennent et on discute avec eux, on rigole. Quand parfois on ne peut pas prendre de photos, on le dit : "Désolé il faut qu'on accélère parce qu'on a ça, on a ça...". Mais on trouve toujours des moments pour remercier et faire en sorte que les gens sachent qu'on les aime aussi.




On a appris à faire un CV à Pôle emploi !
Comment vous avez appris le français ? Vous avez pris des cours ?
António : En fait on est venu en France début 2022. Ce n'était pas prévu mais il y a eu la crise au Portugal, alors notre père est venu ici pour trouver un travail. Puis nous aussi avec nos frères. Je me rappelle la première fois... De la France, ce qu'on savait à l'époque c'est "bonjour", "merci" et "je t'aime". C'est tout ! (Rires) C'était une vraie découverte. On a eu la chance d'avoir des gens ici qui nous ont guidés, par exemple à la Mission locale.
Fradique : On a appris à faire un CV pour les entretiens à Pôle emploi !
António : Ça nous a beaucoup aidés, d'échanger avec d'autres jeunes, des formateurs... D'ailleurs on est encore en contact avec eux aujourd'hui, on discute par e-mail. (Sourire)
Fradique : Quand on a participé au défilé du salon du chocolat [en 2012, ndlr], il fallait qu'on se présente aux gens, qu'on fasse connaître notre histoire. C'était un défi mais on a réussi à le faire parce qu'il fallait le faire, point barre. C'est pour ça aussi qu'on a développé un lien très fort avec la France. Après tout ça on s'est dit : on espère un jour pouvoir faire quelque chose en retour pour la France aussi.

Votre nouveau single est ''Emmène-moi'', que vous interprétez en portugais et français. De quoi parle cette chanson ?
António : Notre coup de coeur, c'est de parler d'amour ! On a cette facilité de parler de ce sujet. On pense que l'amour peut tout changer. L'amour nous rend fort, l'amour nous guide. Et cette chanson c'est un peu ça, c'est un voyage. Ça parle de connaître et de découvrir d'autres réalités : "Emmène-moi / Peu importe où on ira / Bali, Paris ou Lisboa / Je suis bien quand je suis avec toi".
Fradique : Je crois que quand tu es avec quelqu'un que tu aimes, peu importe l'endroit ou la personne va. Le plus important c'est d'être ensemble. C'est valable pour l'amour mais aussi l'amitié ou la famille. Nous on aime bien amener un peu de portugais, un peu de créole. Parce qu'il y a beaucoup de gens en France qui nous ont connus à travers nos musiques en portugais. C'est important aussi de garder ce côté-là, de trouver le bon équilibre, pour que les gens écoutent nos chansons et voyagent en même temps, sans sortir de chez eux !

Entre la France et le Portugal, on amène le meilleur de deux mondes
Vous préparez pour votre nouvel album "Voyage" des chansons en français. Comment sont-elles nées ?
António : En fait nous on fait le brainstorm de l'histoire avec de très bons auteurs français et on participe à l'élaboration de la partie en français et en portugais. On amène le meilleur de deux mondes !
Fradique : Pour la production, on laisse la responsabilité à notre équipe ici en France. On donne des idées mais ce sont eux qui savent quoi faire. On tient à raconter nos histoires mais on veut aussi que nos chansons ne soient pas très différentes des histoires des gens et de ce qu'ils vivent ici. C'est un travail d'équipe, même si on apporte toujours notre touche personnelle.
António : Ecrire une chanson en portugais c'est différent d'écrire une chanson en français. Même si on parle la langue, ce n'est pas la même chose. Il faut trouver les paroles justes.
Fradique : On ne peut pas la traduire en faisant du mot à mot ! Il faut l'adapter.
António : Mais on est en train d'apprendre et de bosser dessus, et j'ai bon espoir que l'année prochaine, on puisse écrire une chanson intégralement en français nous-mêmes. (Sourire)

Est-ce qu'il y aura des duos avec des artistes français ?
Fradique : On espère ! Nous on aime énormément d'artistes français, la vibe, les histoires qu'ils racontent.
António : On a des surprises ! Restez attentifs...
Fradique : Il y a des noms qu'on ne peut pas dire encore mais les gens aiment alors on espère trouver le bon équilibre. Le but c'est de faire de belles musiques.

Vous écoutez qui par exemple ?
Fradique : Stromae, qui est belge mais chante en français, Johnny Hallyday, Christophe Maé... Kendji aussi.
António : Il y a un artiste que j'aime beaucoup et que j'écoute à la maison à cause des enfants, c'est Gims ! Il y a aussi Dadju, Tayc...
Fradique : Même des compositions de Pascal Obispo !
António : Nous on trouve que la musique ça passe par le son. On regarde pas le style. On s'intéresse à ce que ça nous procure. Et on aime beaucoup explorer des sentiers inconnus, c'est un peu notre marque de fabrique.




C'est une fierté de faire un concert à l'Accor Arena
Vous donnerez un grand concert à l'Accor Arena le 10 janvier 2025. Vous serez le premier groupe lusophone à se produire dans cette salle mythique. C'est une fierté ?
Fradique : Des fois je repense à l'époque où on jouait au Salon du chocolat, devant cinq personnes. Il y avait des gens qui passaient et s'arrêtaient parce qu'ils aimaient bien, nous demandaient comment on s'appelait... Nous dans notre tête, on avait déjà de grands objectifs, on se disait : "Un jour, on jouera ici et ici". Donner un concert à l'Accor Arena, pour nous c'est une fierté oui. C'est aussi une façon de montrer aux gens qui nous suivent que tout est possible. On n'imaginait pas un jour faire une salle comme Bercy mais on y croyait ! On a travaillé dur, on a fait des programmes comme "The Voice", des concours de voix, en se disant toujours : si nous on est sortis de notre petite île, Sao Tomé-et-Principe, avec 200.000 habitants, pour aller au Portugal, aller en France, c'est parce qu'on a quelque chose à montrer de notre histoire. Même quand on n'a plus de force, tant qu'on a l'espoir, on peut accomplir de grandes choses.
António : Ça va être un moment historique et symbolique pour les personnes qui nous ont vus grandir. Car c'est le public qui nous a donné cette opportunité !
Fradique : Venez fêter nos 15 ans de carrière avec nous car vous faites partie de cette belle histoire. Et on espère continuer à faire partie de vos vies pendant longtemps encore.

Charts in France

  • A propos de Pure Charts
  • Mentions légales
  • Publicité
  • Politique de cookies
  • Politique de protection des données
  • Gérer Utiq
  • Nous contacter